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Fortes, rapides, stratégiques, endurantes, résistantes, habiles, déterminées. Les filles le sont. Apprenez ces mots, leur orthographe et leur conjugaison. C’est le nouveau vocabulaire sportif. Il est là pour rester.
Je ne suis pas sportive. C’est une grosse déclaration, à une époque où les gens comptent leur nombre de pas quotidiennement, glamourisent leur participation à des événements de crossfit ou de triathlon et publient les chiffres de leur dernière performance sur les réseaux sociaux.
J’entretiens un rapport amour-haine avec le sport.
Je me force à être active pour rester en santé, et qui sait, prolonger mes jours dans ce bas monde. À l’approche de la cinquantaine, je suis très lucide par rapport au vieillissement et à ses effets sur le corps… et le cœur.
Chaque battement en accéléré est une promesse de rester ici, ancrée, sereine, heureuse – je l’espère – un peu plus longtemps, près de ceux et celles que j’aime.
Centenaire? Non, merci.
Mais vieillir en forme, avec des os solides, des chevilles, des genoux et des hanches fonctionnels, et une capacité décente de cardio, ça me parle. Comme le dit ma sœur marathonienne: «Use it or lose it.» Autrement dit, il vaut mieux se mettre en action maintenant pour jouir des répercussions positives plus tard, quand on sera vieux.
Je le fais, donc. Je m’y mets. Je sors marcher, courir quand je suis ambitieuse, je skie, je sais nager, je vais au gym, plus ou moins régulièrement. Je n’en fais pas une religion – je ne crois pas aux extrêmes.
C’est beaucoup plus facile d’avouer mon identité sportive et de l’assumer, maintenant que je suis adulte. Durant mon adolescence, ce fut une autre paire de manches.
Je porte en moi le traumatisme des cours d’éducation physique: être la dernière choisie, remarquer les regards déplacés du professeur sur mes copines et moi, subir l’évaluation de performances physiques devant tous mes camarades, avoir le sentiment de nuire à l’équipe, accuser les railleries, me faire peser dans un vestiaire bondé – eh oui, cela incluait les petites remarques désobligeantes de l’adulte «de confiance»…
Je crois que les temps ont changé et que les choses se sont améliorées. La société évolue. Le souci de diversité et d’inclusion favorisent, il me semble, l’expression de toutes sortes de modes de vie, formes de corps, façons de bouger, façons d’être.
Mais on porte encore les stigmates de cette manie de mettre des étiquettes, d’essayer de mettre tout le monde dans le même moule. Les stéréotypes sont forts et les sports ont longtemps été genrés (et ils le sont encore): le baseball, c’est pour les garçons; la gymnastique, c’est pour les filles.
En ce sens, les débuts de la Ligue professionnelle de hockey féminin, avec son équipe de Montréal et ses joueuses étoiles comme Marie-Philip Poulin et Ann-Sophie Bettez, font rêver. Les matchs sont enlevants et les gradins sont remplis.
C’est carrément une révolution puisque les modèles sont rares. Combien de jeunes filles se verront dans les jambières de la gardienne de but Ann-Renée Desbiens? Ou peut-être dans la passion de l’entraîneuse-cheffe Kori Cheverie ou dans le leadership de la directrice générale de l’équipe, Danièle Sauvageau?
En grandissant avec des modèles inspirants, on peut penser changer les mœurs, on peut croire que cela va inciter les filles à bouger, à aimer le sport (ou un sport), à avoir du fun en suant, à tripper sur l’esprit de camaraderie qui se développe dans une équipe, à gagner en estime et en confiance.
Fortes, rapides, stratégiques, endurantes, résistantes, habiles, déterminées. Les filles le sont. Dans la cour d’école et les cours d’éducation physiques jusque dans les sports professionnels et aux Jeux olympiques.
Apprenez ces mots, leur orthographe et leur conjugaison. C’est le nouveau vocabulaire sportif. Il est là pour rester.
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