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Est-ce pertinent et qu’est-ce que ça lui donne?
«Bonjour tout le monde».
Ce sont des mots que l’on a entendus lors de presque tous les points de presse, allocutions ou interventions de François Legault, notamment pendant la pandémie. «Bonjour tout le monde», c’est désormais le nom du balado qu’il lance aujourd’hui.
J’ai d’abord fait quelques vérifications et, selon mes recherches, il est le premier chef de gouvernement au Canada à avoir son propre balado. Dans le monde, je ne peux pas l’assurer, mais il semble être également parmi les premiers.
La raison pour laquelle le PM lance ce podcast est, pour moi, la même raison qui a amené ces derniers à avoir des comptes sur les réseaux sociaux, à faire des vidéos sur YouTube et même à faire du porte-à-porte dans le temps. Communiquer directement avec le public!
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En effet, durant mes années en politique et après dans le monde des communications, j’ai entendu des milliers de fois des gens du milieu politique se dire mal cité ou se plaindre du filtre médiatique.
Ce filtre est essentiel à la démocratie, car il oblige les politiciens à se justifier. Cependant, les gens en politique rêvent de pouvoir passer leur message sans interprétation, sans débat et sans questionnements.
C’est le rôle que ce balado pourra jouer pour le premier ministre qui nous fera certainement voir ce qui est important pour lui, la vision qu’il a sur les dossiers et les enjeux qui le passionnent, et ce, même s’il sera dans une position unique pour lui : celui qui pose les questions plutôt que celui qui y répond.
Aussi, en choisissant ses invités, il pourra aborder des sujets qui sont moins «chauds» dans l’espace public, mais pertinents pour sa vision politique.
Il y’a derrière cette idée un objectif politique, sinon, il ne le ferait pas. Voir le premier ministre faire une entrevue à une personnalité est une position assez inusitée. Les citoyennes et les citoyens veulent entendre leurs dirigeants se prononcer sur les enjeux de société, sur les priorités qu’ils ont et sur leur vision de l’avenir.
J’ai donc des doutes sur la pertinence de le voir poser des questions à des gens de la société civile alors que ce que l’on a besoin de savoir c’est ce que lui en pense.
Maintenant, une fois que l’on a dit ça, le format de balado lui permettra quand même de mener une discussion qui lui donnera la possibilité de présenter sa vision, de choisir les angles de la discussion, de la diriger et de « tester » certaines de ses idées.
Aussi, j’aime l’idée qu’un dirigeant n’ait pas toutes les réponses et ce balado lui permettra certainement d’alimenter l’image d’un chef de gouvernement à l’écoute des gens à l’extérieur de son gouvernement.
La question sur laquelle je m’attends à plus de critiques est de savoir si c’est le rôle d’un premier ministre de faire ce genre de chose. Il est vrai que l’investissement en temps et en argent que cela nécessite sera certainement l’objet de débats et de critiques de la part, notamment, de l’opposition.
Il y’en aura aussi pour se plaindre de ce côté politique « spectacle » qui, autant qu’elle puisse déranger, fait partie de notre époque. Finalement, plusieurs diront qu’il ne le fait que pour ses «fans» et que c’est de la propagande politique au service des intérêts de son option politique.
Pour moi, on ne peut pas demander aux politiciens d’améliorer leur image, de se rapprocher des citoyens et de mieux communiquer tout en critiquant des initiatives comme celle-ci. Il est clair que l’auditoire sera d’abord composé de sympathisants et de « fans » de politique, mais si cela peut rapprocher les gens de leurs décideurs et permettre d’avoir une meilleure perception du gouvernement et de ceux qui le dirigent, pourquoi pas!
Par ce geste, il parle à un public plus jeune qui aime ce type de format très agile. D’ailleurs, la popularité des balados est en pleine croissance. Au Canada, 46 % des 18-49 ont écouté un balado dans les deux derniers mois.
Il me semble que ça vaut la peine de l’essayer.
Moi je vais certainement écouter quelques épisodes. Et vous?