Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Justice
Chronique |

Attention, vous pourriez être coupable de diffamation

«Les gens ont l’impression qu’il ne peut rien leur arriver, qu’ils peuvent dire n’importe quoi sur les réseaux sociaux et mener toutes les vendettas possibles au nom de la justice, leur justice. C’est faux.»

Un juge vient de déclarer deux femmes coupables de diffamation pour des propos qui concernent la SPCA de l’Ouest-de-l’Île sur les réseaux sociaux.

Enfin, un peu d’imputabilité pour ce que l’on ose écrire sur les plateformes. Des choses que l’on ne serait pas game de dire en pleine face, trop souvent.

En lisant divers comptes rendus des évènements, on comprend que cette histoire de salissage prend naissance lorsque de nouveaux adoptants amènent leur chiot chez le vétérinaire. Diagnostic: la mignonne petite bête a le parvovirus. En gros, le parvo, c’est un peu comme une gigantesque gastro et malheureusement, les chiens en décèdent souvent. Mais on peut soigner ce mal, et dans ce cas bien précis, les frais pour sauver le bébé chien s’élevaient à plus de 10 000$.

Infolettre
🤑 Jour de paye
Une infolettre pour vous aider à arrondir les fins de mois sans tracas.

Comme ça arrive souvent, les clients n’avaient pas l’argent pour défrayer les coûts de tels soins. Dans l’espoir que l’organisme défraie les coûts pour sauver le chiot, le vet propose alors aux nouveaux parents d’aller «l’abandonner» à la SPCA, qui de son côté, organise une levée de fond et amasse 14 000$ pour sauver l’animal.

L’affaire, c’est qu’après avoir sauvé l’animal, la SPCA de l’Ouest-de-l’Île a refusé de redonner le chiot à sa famille d’adoption d’origine. Et cela a suscité un tollé. On avait là la recette parfaite pour une campagne de salissage en bonne et due forme.

Avant de poursuivre, je me permets cet aparté. Si tu n’as pas d’argent pour faire soigner ton animal de compagnie et que tu décides de le confier aux bons soins d’un organisme comme la SPCA ou un refuge, c’est bien correct. Je comprends ça.

Il s’agit parfois de sommes énormes — comme c’est le cas ici — et il est fort possible que des gens fassent le choix de ne pas emprunter ou dépenser un tel montant pour un chien ou un chat. Je ne juge pas.

Sauf qu’après, l’animal ne t’appartient plus.

Imaginez si la SPCA redonnait des animaux qu’ils ont soignés à leurs frais aux gens qui sont venus leur demander de l’aide. Il y aurait de l’abus, je pense. Fin de la digression.

Tu es responsable de ce que tu dis

À la suite de la saga du chiot qui avait le parvovirus, des madames fâchées — celles dont je parle en début de chronique — décident de s’en prendre à la SPCA de l’Ouest-de-l’Île sur les réseaux sociaux.

Des pages Facebook où on dit plein de méchanceté sur l’organisme sont créées. On prétend aussi que les fonds amassés lors de différents évènements caritatifs sont détournés. On va même jusqu’à prétendre que l’organisme néglige ses pensionnaires en ne les nourrissant pas adéquatement.

Les dames écrivent aux propriétaires des lieux où doivent se tenir les fameuses levées et leur racontent tout ça. Ceux-ci, non pas parce qu’ils les croient nécessairement, mais parce qu’ils ne veulent pas de «trouble», décident d’annuler les évènements.

Résultat: la SPCA de l’Ouest-de-l’Île n’a pas réussi à amasser suffisamment de dons, 12 personnes perdent leur emploi et l’organisme n’a plus de locaux. Les animaux sont présentement dans des familles d’accueil.

Tourner sa langue 7 fois avant de saisir son clavier

Les deux femmes ont été condamnées à payer respectivement 500$ et 5000$ en dédommagement. Ce n’est pas grand-chose, me direz-vous, mais ça envoie un signal clair: la diffamation ne passe plus. Même si elle se passe dans un monde virtuel, ses effets sont bien réels.

Je vous parle de la SPCA de l’Ouest-de-l’Île puisque c’est ce cas qui fait ces jours-ci les manchettes. Mais des gens qui se mettent ensemble pour cibler un commerce, qui laissent des commentaires négatifs et s’emploient à faire une mauvaise réputation à des PME, il y en a un char pis une barge. Ça se passe tous les jours.

Je vous laisse deviner ce qui se produit dans ce temps-là. Mettons que je cherche un garage ou un restaurant et que je vois dans Google ou sur une plateforme comme Tripadvisor plein de mauvaises critiques sur un endroit, je ne vais pas nécessairement prendre le temps de me demander si c’est vrai. Je vais juste choisir un autre endroit. C’est beaucoup plus simple.

Élargissons un peu la conversation sur la diffamation et l’intimidation des commerces sur les réseaux sociaux. Parlons des fameuses pages spotted d’écoles ou de villes, où n’importe qui peut venir inscrire son lot de bitchage.

On y vilipende régulièrement des individus et des entreprises. Sous la seule foi de spéculations et de médisance de village ou de cour d’école, des réputations sont parfois brisées à jamais. Bien entendu, il arrive que des situations dénoncées s’avèrent bien réelles. Que ce soit bien clair, je ne parle pas de ces cas ici.

Il y a une recrudescence des mises en demeure et des poursuites pour de la diffamation virtuelle. On assiste à beaucoup de réglages de compte 2.0 en ce qui concerne les salons d’ongles, de coiffure ou les cliniques d’intervention médico-esthétiques.

Ça se passe habituellement comme suit. Des personnes font mine de ne pas être satisfaites du service pour ne pas le payer ou avoir un rabais substantiel. Si l’autre partie s’obstine, on la menace de publier de mauvais commentaires sur les réseaux sociaux.

Ces mêmes personnes font alors des stories pour dire que tel service à la clinique a été mal fait et les entrepreneurs en ont pour des semaines à rétablir les faits.

Les gens ont l’impression qu’il ne peut rien leur arriver, qu’ils peuvent dire n’importe quoi sur les réseaux sociaux et mener toutes les vendettas possibles au nom de la justice, leur justice. C’est faux.

Pour me raconter une histoire ou si vous voulez témoigner de quelque chose qui vous tient à cœur, écrivez-moi un courriel: genevieve.pettersen@bellmedia.ca