«Tu te méfies de tout. Je te dirais que même mes policiers, mes patrouilleurs, se méfient de tout. À chaque intervention il faut qu’ils ouvrent les yeux deux fois plus. À cause des coups de couteau», illustre Sheen Brazeau, directeur de la Police de Lac-Simon.
Le problème de la criminalité associée à des gangs explose depuis 2022 selon la policière sociocommunautaire du village situé près de Val-d’Or en Abitibi-Témiscamingue.
«On a des gangs de jeunes émergentes qui commencent dès l’âge de 10, 11, 12 ans. […] Tout ce qui est dossier de vandalisme, des introductions par infraction, des bagarres et voies de fait. On a même des dossiers au primaire qui impliquent des couteaux», explique la Marie-Ève Pelchat.
«On dirait que la violence que la criminalité c’est une réponse à un besoin de protection et à un besoin d’appartenance. Une façon de répondre à un trauma, qui vient du passé», poursuit la policière en poste à Lac-Simon depuis 2018.
«On se fait poignarder.»
«Il y a des jeunes qui se font poignarder. Il y a de la bataille. (…) Tout le monde boit. Y’a de la chicane. Les jeunes boivent pis des fois c’est pire, il y a du sang».
«Ça ne fait qu’empirer depuis le premier meurtre. Je n’aurais pas aimé que ce soit mon petit frère ou ma petite sœur. Les gens vivent dans la peur».
Besoin de plus de ressources
Pour sécuriser ses rues, le directeur de la Police de Lac-Simon soutient qu’il faut plus d’effectifs.
«Il ne faudrait pas attendre un autre drame», commente-t-il en faisant référence à la mort du policier Thierry LeRoux lors d’une intervention à Lac-Simon en février 2016.
«On a besoin en ce moment d’un enquêteur dégagé pour la lutte contre les stupéfiants et on a besoin d’un enquêteur dégagé pour la lutte au gangstérisme», ajoute Marie-Ève Pelchat.
Des solutions?
Pour sortir les jeunes de la violence, la policière sociocommunautaire mise sur les activités traditionnelles. Au moment du passage de Noovo Info, un groupe de jeunes contrevenants ou à risque de le devenir, rentrait d’un séjour en forêt. «Ça fait du bien aux jeunes et ça aide à tisser des liens de confiance», illustre-t-elle.
Pendant ce temps, le Conseil des Anishinabe de Lac-Simon planche sur la construction d’un centre sportif. Le chef Lucien Wabanonik souhaite que les adolescents aient accès à des programmes sports études dès janvier 2025.
En attendant, tant le politique que les forces de l’ordre réclament plus d’implications des gouvernements pour aider la communauté du Lac-Simon à se sortir de cette crise de sécurité qui touche sa jeunesse.