Début du contenu principal.
On qualifie ces produits chimiques (ou PFAS) éternels parce qu’ils ne se décomposeront jamais, malgré tous les efforts déployés dans nos usines de filtration des eaux – pas une fois qu'ils auront fait leur chemin dans l'environnement, du moins.
Les PFAS sont particulièrement présents dans deux villes du Québec, soit Val-d’Or, en Abitibi-Témiscamingue, et Saint-Donat, dans Lanaudière.
À lire également:
Ces substances ont des impacts néfastes sur la santé, notamment sur le système immunitaire. Selon Santé Canada, les PFAS sont également associés à un risque accru de plusieurs cancers, en plus d’affecter le foie, entre autres.
«Plus on est exposé aux PFAS, moins notre réponse immunitaire aux vaccins va être grande. On peut aussi avoir une réduction de la croissance foetale et avoir une légère augmentation du risque relié au cancer du rein», explique Marc-André Vernier, professeur en santé publique à l'UdeM, en entrevue avec Noovo Info.
«Le bout qui est le plus inquiétant par rapport aux traces qu'on retrouve dans l'eau potable, c'est que [dans l'étude], il n'y avait que trois échantillons sur 500 où il n'y en avait pas. Ils sont vraiment partout. On les utilise dans notre vie pour toutes sortes de choses», s'inquiète pour sa part Sébastien Sauvé, professeur en chimie environnementale à l'UdeM et auteur de l'étude avec son équipe.
Inventés dans les années 1950, les PFAS sont des produits chimiques synthétiques notamment reconnus pour leurs propriétés antiadhésives et imperméables. Ils sont utilisés pour fabriquer une foule d’items, des vêtements de sport aux cosmétiques, en passant par le papier avec lequel les chaînes de restauration rapide emballent leurs burgers. Ce sont aussi eux qui ont fait la renommée des poêles Teflon, en empêchant la nourriture d’y adhérer.
«On va mettre des PFAS dans les contenants, dans les pailles en papier... Ces pailles finissent par s'effriter dans le liquide, mais ça tient un peu plus longtemps avec les PFAS», note Marc-André Vernier.
Et ces produits ne se répandent pas uniquement dans l'eau, mais aussi dans l'ensemble de notre environnement.
Au moment d’écrire ces lignes, Santé Canada menait une vaste consultation publique à ce sujet. Les Canadiens ont jusqu'à la mi-avril 2023 pour faire connaître leur opinion sur la limite de concentration de PFAS dans l'eau, établie à 30 nanogrammes par litre.
«Ce n'est pas parce qu'on dépasse de 30 (ng/L) qu'on va mourir demain matin», tempère Sébastien Sauvé. «On est vraiment dans une zone où on a des effets précoces sur le système immunitaire, mais qui commencent à être très bien documentés.»
Deux causes récentes devant les tribunaux américains ont attiré l’attention sur les risques pour la santé des PFAS.
La marque de culottes menstruelles Thinx a récemment dû payer 4 millions de dollars pour régler une action collective. La compagnie était accusée d’avoir induit ses clients en erreur en présentant ses produits comme «naturels et non-toxiques», alors que des analyses en laboratoire ont permis de détecter des quantités importantes de PFAS.
Une autre action collective a été intentée contre Coca-Cola, alléguant que son jus d’orange Simply Orange, lui aussi étant annoncé comme «pur et naturel» contiendrait des quantités importantes de ces produits chimiques. Encore une fois, ce qu’on reproche à l’entreprise est une publicité qui serait trompeuse. L’accusation n’est pas que le produit est particulièrement nocif pour la santé.
Pourtant, «aux États-Unis, en plus des études populationnelles, on est allé voir dans les communautés qui habitent près des aéroports et des bases militaires pour aller voir si l'exposition était plus élevée; la réponse était clairement que oui», note Marc-André Vernier de l'UdeM. Par exemple, «les mousses extinctrices finissent par percoler dans le sol et contaminer soit l'eau de surface ou la nappe phréatique. Donc, ça se retrouve dans l'eau potable et ça augmente l'exposition», dit-il.
Les PFAS pourraient bientôt être interdits en Europe, tandis que le Canada tarde à adopter un règlement restreignant davantage leur utilisation. La vente et la fabrication de trois sous-groupes de PFAS sont interdites, mais de nombreuses exceptions persistent.
Le gouvernement fédéral a déposé en mai 2022 une proposition de règlement pour restreindre davantage les usages encore permis de ces PFAS. Dans un courriel à Noovo Info, Environnement et Changement climatique Canada avait affirmé que le règlement final devrait être publié vers la fin de 2023, et entrerait en vigueur six mois plus tard.
Il faudra donc sans doute un bon moment avant qu'une forme de réglementation percole – pour reprendre le terme de Marc-André Vernier – jusqu'au Québec.
«Au Québec, il n'y a aucune règle applicable aux PFAS, donc on ne peut pas dire qu'il y a des endroits où l'eau n'est pas conforme... Donc, il n'y a pas de contravention», souligne le professeur Sébastien Sauvé.
Avec de l'information d'Émilie Clavel pour Noovo Info.