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Le plan prévoit que même si les Canadiens doivent accepter que la demande de pétrole et de gaz baissera considérablement, elle ne disparaîtra pas complètement.
Le plan promis depuis longtemps par les libéraux fédéraux pour assurer la transition de la main-d'œuvre canadienne afin de répondre aux changements climatiques prévoit qu'une «économie verte» ne provoquera pas de chômage massif dans les villes qui sont intimement liées aux hydrocarbures.
Le «Plan provisoire pour des emplois durables» d'Ottawa prévoit même que si le Canada joue bien ses cartes, l'économie verte créera tellement d'emplois qu'il n'y aura peut-être pas assez de travailleurs pour pourvoir ces postes.
Mais certaines mesures exigeront que les secteurs pétroliers et gaziers traditionnels réduisent de façon «draconienne» les émissions de gaz à effet de serre produites lors de l'extraction des combustibles fossiles, prévient le gouvernement.
«Selon de nombreuses études, plutôt qu'une pénurie d'emplois, le Canada est beaucoup plus susceptible de voir une abondance d'emplois durables avec une pénurie de travailleurs nécessaires pour les combler», lit-on dans le plan fédéral publié vendredi.
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Ce plan provisoire pour 2023-2025 est dévoilé plus de trois ans après que les libéraux fédéraux ont promis une feuille de route qui doit protéger des emplois pendant que le Canada s'engage dans une transition vers une économie plus verte, voire la carboneutralité.
Bien que ce plan soit plutôt avare de détails, il décrit en termes généraux les façons dont Ottawa contribuera à maintenir et à créer des emplois dans le secteur de l'énergie, mais aussi à transférer au besoin des travailleurs vers des «emplois verts».
Le plan prévoit par ailleurs la création d'un nouveau secrétariat fédéral pour superviser le processus, des programmes de formation, la consultation et l'inclusion des Autochtones, et de meilleures données pour bien comprendre les emplois qui existent actuellement et ceux qui pourraient exister à l'avenir.
La promesse de création d'emplois reflète les commentaires formulés en janvier par l'«Alliance nouvelles voies», une coalition de six sociétés de sables bitumineux qui tentent de réduire leurs émissions, notamment grâce à des systèmes à grande échelle de capture et de stockage du carbone.
Lors d'une table ronde avec La Presse Canadienne le 16 janvier dernier, le PDG de Cenovus, Alex Pourbaix, déclarait que les investissements de l'industrie pour décarboner la production `créeraient un boom dans les provinces productrices de pétrole qui équivaut à ce qui s'est passé dans les années 1980 et 1990'. La coalition industrielle estime que ce boom créera 35 000 nouveaux emplois.
Mais par son appellation même, ce «plan pour des emplois durables» est déjà enlisé dans des sables mouvants politiques en Alberta. On entend beaucoup ces dernières semaines dans cette province que le gouvernement fédéral a l'intention d'imposer un plan de «transition juste» qui anéantira le secteur de l'énergie là-bas.
Alors que le terme «transition juste» est la norme internationale utilisée pour décrire la protection des travailleurs pendant les changements économiques, des critiques, dont la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, ont brandi le terme «transition» comme preuve que les libéraux prévoient de fermer l'industrie énergétique de sa province.
Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, déclare depuis des mois qu'il préfère l'appellation «emplois durables» parce qu'elle est plus précise.
Mme Smith est apparue plus ouverte à la notion d'une stratégie d'`emplois durables', mais son scepticisme quant aux intentions des libéraux demeure élevé.
La veille encore de la publication du plan, Mme Smith a de nouveau écrit au premier ministre Justin Trudeau pour lui demander de mettre le projet sur la glace. Elle écrivait jeudi que le plan de «transition juste», de même que la réglementation fédérale visant à limiter les émissions de la production de pétrole et de gaz et à créer un réseau électrique carboneutre, «constitueraient une menace inconstitutionnelle et existentielle pour l'économie albertaine et les emplois de centaines de milliers d'Albertains».
M. Trudeau et Mme Smith se sont rencontrés à Ottawa le 7 février dernier, et ils ont discuté des moyens de coopérer sur l'énergie verte, y compris la volonté de l'Alberta de fournir plus d'aide gouvernementale aux producteurs de pétrole pour installer des systèmes de capture et de stockage du carbone. Mais elle a précisé jeudi dans sa lettre que l'abandon du plan fédéral était une «condition non négociable» pour que l'Alberta pose ce geste.
Le plan tente avec beaucoup de soins de contrer les accusations selon lesquelles l'économie de l'énergie verte est une tentative fédérale d'éliminer complètement l'industrie pétrolière et gazière au Canada.
Ottawa y souligne que la demande mondiale de pétrole diminuera de 75 % d'ici 2050, et la demande de gaz d'environ la moitié de ce qu'elle est aujourd'hui. Mais on souligne que le pétrole et le gaz seront nécessaires pour des utilisations sans combustion, notamment dans les plastiques, les solvants, les lubrifiants et les cires.
Le Canada peut encore héberger d'ici 2050 une industrie pétrolière et gazière dynamique, même si elle est plus petite, mais seulement en s'efforçant de réduire au minimum les émissions liées à la production.
«C'est dans ce contexte que la réduction draconienne des émissions provenant de la production de combustibles fossiles, conformément aux engagements climatiques du Canada, est à la fois un avantage concurrentiel et une source d'emplois durables», lit-on dans le plan. «Il s'agit d'un point que reconnaissent les principaux producteurs canadiens, y compris l'Alliance nouvelles voies et le gouvernement de l'Alberta.»
Le gouvernement fédéral soutient également que si de nombreuses personnes auront besoin d'une formation pour les emplois émergents dans l'énergie verte et la production de batteries, certains travailleurs du secteur pétrolier possèdent déjà les compétences requises pour se tourner vers des secteurs émergents comme l'hydrogène et les biocarburants.
Adam Legge, président du Conseil des entreprises de l'Alberta, croit que la province pourrait tirer profit de la définition d'«emplois durables» d'Ottawa.
«Cette définition ne semble pas exclure les emplois dans des secteurs comme le captage et le stockage du carbone ou les technologies de réduction des émissions qui seraient déployés dans des industries telles que le secteur pétrolier et gazier ou le secteur agricole», a-t-il commenté vendredi.