Début du contenu principal.
L'animal blessé gisait dans la cour arrière d'une propriété privée près du parc Michel-Chartrand.
Un policier de Longueuil a tiré à 13 reprises sur un cerf pour l'abattre non loin du parc régional Michel-Chartrand, à la suite du signalement d'une citoyenne.
La scène s'est déroulée le 19 février dernier. La citoyenne s'inquiétait pour l'état de santé d'un chevreuil blessé, sur un terrain à proximité du parc.
En arrivant sur les lieux, les patrouilleurs du Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL) ont constaté que l'animal avait deux pattes fracturées. Avec l'accord du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, un des policiers a procédé à l'abattage de l'animal, dans le but d'abréger ses souffrances le plus rapidement possible. L'agent, qui est un policier d'expérience pour qui il ne s'agissait pas de la première intervention du genre, a pourtant fini par tirer à 13 reprises sur l'animal en l'espace de 30 minutes.
Un citoyen a filmé l'intervention du policier de Longueuil. Voyez la séquence dans la vidéo qui accompagne ce texte.
L'agent Boucher précise qu'il s'agit d'une «situation qui sort de l'ordinaire» et qu'il n'est pas possible de l'expliquer pour le moment. Il ajoute que l'abattage de cerf par arme à feu est une méthode qui s'est montrée efficace dans le passé et qui ne nécessite généralement qu'un seul coup de feu. L'agent Boucher a indiqué que le SPAL allait étudier la solution et déterminer si des méthodes alternatives pouvaient être utilisées.
Au cours des dernières années, le SPAL a pu répertorier une quinzaine d'interventions du genre visant des cerfs. L'agent Boucher a insisté que cet événement était hors de l'ordinaire.
Des citoyens inquiets ont contacté le 911 après avoir entendu les détonations. Pour des interventions du genre, le SPAL a l'habitude de prévenir la centrale 911 de l'intervention afin de répondre aux inquiétudes de la population.
Le parc régional Michel-Chartrand de Longueuil est aux prises avec une surpopulation de chevreuils depuis plusieurs mois, ce qui menace sa biodiversité. Plus d'une centaine de bêtes y circulent librement. L'été dernier, la Ville avait annoncé son intention de procéder à un abattage massif. Elle a dû renoncer à ce projet à la suite d'une contestation judiciaire menée par la SPCA et l'organisme Animal Rescue, représenté par Me Anne-France Goldwater. La cause reviendra devant la Cour supérieure du Québec, du 24 au 26 février prochain.
L'agent Boucher a précisé que le SPAL n'était pas en mesure de faire un lien avec cet événement et la surpopulation de cerfs au parc Michel-Chartrand.
Le service Sauvetage Animal Rescue a qualifié les gestes du policier de «scandaleux».
Selon le porte-parole Steven Amorosa, l’agent n’aurait pas dû être autorisé à tirer sur l’animal avec son arme de poing, mais aurait plutôt dû faire appel à une équipe d’intervention avec une arme de calibre supérieur.
«L’arme de service est un pistolet 9mm», a expliqué M. Amorosa. «Ce n’est pas assez gros pour tuer un animal à moins de savoir où tirer».
Le porte-parole a déjà répondu à un appel concernant un cerf qui avait été frappé par une voiture. Lors de cet incident, les policiers ont été capables de tuer la bête avec seulement trois coups de feu, et non une douzaine.
«Coups de feu répétés en quartier résidentiel, bain de sang sous l’œil de citoyens scandalisés d’une telle barbarie», a publié Animal Rescue sur sa page Facebook.
«Comme est-ce possible qu’en 2023, notre gouvernement n’équipe pas adéquatement ces premiers répondants pour répondre à des urgences concernant des animaux?»
M. Amorosa estime que le blâme tombe sur le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, qui n’est pas intervenu directement.
«Je ne pense pas que c’est la faute de la police de Longueuil, ni de l’agent qui a tiré sur l’animal. Si le policier n’était pas formé, qui peut le blâmer», a-t-il dit. «Ça retombe sur le ministre. C’est d’une tristesse, et on se retrouve avec des situations comme ça».
Animal Rescue et la SPCA souhaitent voir plus d’efforts de la part du gouvernement afin de trouver des solutions aux situations où un animal s’introduit sur un terrain privé plutôt que le tirer. En 2021, un ours avait été capturé et euthanasié à Dorval au lieu d'être relocalisé, a rappelé M. Amarosa.
Le parc Michel-Chartrand est le lieu de bataille entre la Ville de Longueuil et les activistes des droits des animaux au sujet de la population des cervidés. La municipalité soutient que la surpopulation des cerfs met en danger la biodiversité et que leur nombre doit être réduit.
Longueuil planifiait de les chasser à l’arbalète, mais la SPCA et Animal Rescue ont défié cette approche devant les tribunaux.
La Ville de Longueuil a tenu à préciser vendredi que l'intervention n'a «aucun lien avec l'ordonnance rendue par la Cour d'appel dans son arrêt du 14 décembre dernier», au sujet de l'autorisation d'une chasse contrôlée des cerfs du parc Michel-Chartrand. La ville ne pourra pas commencer son projet d’abattage des cerfs au parc Michel-Chartrand au moins avant le 26 avril prochain.
Après avoir entendu l'appel de la SPCA et de Sauvetage Animal Rescue, qui ont contesté la décision de la Cour supérieure d'autoriser l'abattage à partir de l'automne 2022, la Cour d'appel a ordonné donc la tenue d'un nouveau débat de fond sur la survie des cervidés à Longueuil.
La surpopulation du parc Michel-Chartrand n'est pas remise en question par les intervenants. On estime que l'espace vert de 1,8 kilomètre carré peut soutenir entre 10 et 15 cerfs de Virginie. La population a explosé au cours des dernières années pour atteindre quelque 108 bêtes, cheptel dont la taille entraîne une forte dégradation de l'environnement et qui provoque de nombreuses collisions.
Avec des informations de Daniel J. Rowe , CTV News, de La Presse canadienne, et la collaboration de Guillaume Théroux pour Noovo Info.