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Santé

Un conseiller scientifique démissionne de Santé Canada, demandant une refonte majeure

Il soutient que la façon dont Santé Canada réglemente les pesticides est obsolète et il demande une refonte complète.

Le Dr Bruce Lanphear, professeur de sciences de la santé à l'Université Simon Fraser, a démissionné de son poste de coprésident du comité consultatif scientifique de Santé Canada sur les produits antiparasitaires le 27 juin.
Le Dr Bruce Lanphear, professeur de sciences de la santé à l'Université Simon Fraser, a démissionné de son poste de coprésident du comité consultatif scientifique de Santé Canada sur les produits antiparasitaires le 27 juin.
Laura Osman
Laura Osman

Le coprésident d'un comité scientifique qui conseille le gouvernement fédéral sur les pesticides a démissionné de son poste en raison de préoccupations concernant un manque de transparence et de surveillance scientifique dans la gestion de ces produits.

Le docteur Bruce Lanphear, professeur de sciences de la santé à l'Université Simon Fraser, a démissionné le 27 juin de son poste de coprésident du Comité consultatif scientifique sur les produits antiparasitaires, qui conseille l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire à Santé Canada.

Dans sa lettre de démission de trois pages, le professeur Lanphear explique qu'il craint que le comité, et son propre rôle à la coprésidence, «donnent un faux sentiment de sécurité» aux Canadiens en laissant croire que Santé Canada les protège contre les pesticides toxiques.

Dans sa lettre au directeur de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, il soutient que sur la base de son expérience au cours de la dernière année, il ne peut pas fournir cette assurance.

Le Comité consultatif scientifique sur les produits antiparasitaires fournit des avis indépendants à Santé Canada sur les risques pour la santé et l'environnement des pesticides, et procède à des évaluations et des examens pour les nouveaux produits. Ses membres se sont jusqu'ici réunis cinq fois.

Ce comité a été créé en juillet 2022 dans le cadre d'un effort de réforme visant à améliorer la transparence de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire.

Le professeur Lanphear écrit que le comité scientifique a un rôle et une portée de travail plus limités que l'autre comité consultatif de l'Agence, le Conseil consultatif de la lutte antiparasitaire (CCLA), qui comprend des membres de l'industrie des pesticides.

Compte tenu du rôle plus large des conseillers issus de l'industrie, le docteur Lanphear écrit qu'il a «peu ou pas confiance» dans le fait que son comité pourrait aider l'agence à devenir plus transparente ou à garantir que les Canadiens sont protégés contre les pesticides toxiques.

Dans une déclaration écrite, Santé Canada assure que l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire prend son rôle au sérieux et que le processus d'examen des pesticides «reste pleinement ancré dans la science».

Les deux comités consultatifs ont des rôles différents, a soutenu le ministère. Alors que le comité scientifique donne des avis scientifiques et techniques pour aider l'agence à prendre des décisions fondées sur des données probantes, le CCLA conseille le ministre de la Santé sur les politiques et les questions liées à la lutte antiparasitaire.

L'Agence décide

«Il s'agit d'un comité de personnes dont les intérêts et les préoccupations sont affectés par la Loi sur les produits antiparasitaires  et qui comprend actuellement des fabricants de pesticides, des producteurs, des groupes environnementaux et de santé, des universitaires ou des gens qui ont une expertise pertinente», a déclaré le ministère.

L'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire tient compte des conseils des deux comités, mais c'est elle qui a la responsabilité et l'«autorité exclusive» de prendre des décisions réglementaires sur les pesticides.

Dans sa lettre de démission, le professeur Lanphear soutient qu'il a eu du mal à obtenir certaines données et réponses du personnel de Santé Canada concernant des produits controversés et la façon dont le ministère surveille l'exposition aux pesticides toxiques.

Il soutient par exemple qu'il a demandé comment Santé Canada intégrait dans sa prise de décision les études de biosurveillance, qui examinent l'exposition humaine aux produits chimiques, mais qu'il n'avait jamais reçu de «réponse adéquate».

Il soutient aussi qu'il a demandé de revoir le processus d'approbation de 1970 pour l'insecticide controversé «chlorpyrifos», qui est maintenant en voie d'élimination au Canada. Il voulait examiner l'approbation originale et la comparer aux données recueillies au cours des décennies suivantes.

Des inquiétudes concernant les effets du chlorpyrifos ont été soulevées dans des études sur l'humain pendant des décennies, avant qu'il ne soit interdit par Santé Canada. L'insecticide peut avoir plusieurs effets sur le système nerveux, allant des maux de tête et de la vision floue aux comas et à la mort.

Or, ses demandes, appuyées par d'autres membres du comité scientifique, ont été refusées, a écrit le professeur Lanphear. Il suggère que des contraintes juridiques ont peut-être empêché le comité d'examiner les pesticides litigieux, soulevant des questions sur la transparence.

Il conclut sa lettre en réclamant une réforme en profondeur de la façon dépassée dont le gouvernement fédéral réglemente les pesticides au Canada. L'Agence de réglementation s'appuie principalement sur des études toxicologiques, qui sont généralement effectuées en laboratoire, plutôt que sur des études sur les humains, a-t-il déploré.

Des situations où des pesticides approuvés se sont avérés plus tard toxiques l'ont convaincu que le Canada ne pouvait plus continuer à compter sur un système de réglementation désuet, «qui protège l'industrie des pesticides plus qu'il ne protège les Canadiens».

Laura Osman
Laura Osman