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Économie

Tarifs douaniers: des agriculteurs canadiens craignent que Trump s'attaque aux produits laitiers

Les producteurs laitiers canadiens se préparent aux impacts des tarifs douaniers imposés par le président américain Donald Trump à l'égard de leur industrie. Ils craignent que leur industrie ne soit perdante dans les négociations commerciales.

«Nous devons être prudents, ne pas aller trop vite et rester unis en tant que Canadiens», a lancé Jason Erskine, producteur laitier. «Nous ne devrions pas nous déchirer les uns les autres et sacrifier une industrie au profit d'une autre.»

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

Depuis des générations, Jason Erskine et sa famille traient les vaches pour les expédier à Hinchinbrooke, en Montérégie - une région rurale pittoresque, parsemée de fermes et d'un pont couvert, sur une route balayée par le vent, à moins de deux kilomètres des États-Unis.

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Un système de gestion de l'offre

La frontière est devenue une ligne de démarcation dans une querelle sur le lait qui dure depuis des années. Les Américains veulent un meilleur accès au marché canadien des produits laitiers. Depuis des décennies, les agriculteurs de ce côté-ci de la frontière sont protégés par un système de gestion de l'offre.

Jodey Nurse, conférencière à l'Université McGill, étudie le système canadien de gestion de l'offre dans les secteurs des produits laitiers, des œufs et de la volaille. Elle explique que ce système a été mis en place parce que les agriculteurs étaient confrontés à des coûts de production souvent supérieurs à ce qu'ils pouvaient gagner.

«Il s'agit d'un système typiquement canadien qui a évolué au cours des années 60 et 70, afin de garantir la gestion de l'offre et de permettre aux agriculteurs d'obtenir un prix équitable pour leurs produits», explique-t-elle, ajoutant qu'il apporte également de la stabilité et permet aux agriculteurs de réinvestir dans leurs exploitations.

L'un des piliers du système consiste à imposer de coûteux droits de douane sur les produits laitiers, ce qui permet d'ériger un mur de protection autour de l'industrie laitière canadienne et d'empêcher l'entrée de la majeure partie du lait étranger.

Pendant le premier mandat de M. Trump, les producteurs laitiers canadiens étaient dans la ligne de mire et le Canada a cédé une partie du marché lors des négociations commerciales de l'époque.

Aujourd'hui, les agriculteurs craignent que le Canada n'ouvre davantage la porte en échange de négociations visant à éviter des droits de douane élevés sur d'autres produits.

M. Erskine a pu constater de visu certains des autres efforts déployés par le Canada pour éviter les droits de douane à venir. Les routes près de sa ferme - où il a repéré des migrants se rendant aux États-Unis ou en revenant - sont maintenant beaucoup plus fréquentées. Les agents de la GRC et de la police québécoise ont intensifié leurs patrouilles pour répondre aux demandes de M. Trump de renforcer la sécurité aux frontières.

Mais les producteurs laitiers affirment que si le Canada cède aux exigences de M. Trump en matière de produits laitiers, les familles, les exploitations agricoles et les communautés rurales canadiennes pourraient en pâtir.

«Lorsque nous transformons le lait, nous le transportons également par camion ici et nous le vendons ici», explique M. Erskine. «Ce sont donc tous les emplois indirects qui en découlent. C'est pourquoi les Américains veulent vendre leur lait ici.»

Il ajoute que les épiceries rurales et les stations-service dépendent souvent du commerce avec les agriculteurs pour garder leurs portes ouvertes.

Le système a fait l'objet de contestations commerciales de la part des États-Unis et d'autres pays.

Toutefois, Mme Nurse estime que l'érosion du système pourrait avoir des effets dévastateurs pour les agriculteurs qui ne pourraient pas rivaliser avec les grands producteurs étrangers, « parce qu'ils bénéficient d'une certaine stabilité ». Les agriculteurs sont en mesure de réinvestir dans leurs exploitations», indique-t-elle.

«Ils peuvent faire des investissements à long terme qui profitent aux communautés dans lesquelles ils vivent.»

Au milieu de la nuit, quelques heures avant l'investiture de Trump, M. Erskine était debout avec un nouveau veau. Pour l'instant, il se concentre sur la santé de ses vaches, alors que les producteurs laitiers attendent de voir où en sont les négociations commerciales.