Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Économie

Tarifs sur l'acier et l'aluminium: Legault veut une entente «gagnant-gagnant» avec Trump

Le premier ministre est à Washington dans le cadre d'une mission dans la capitale américaine.

Converse :
Caroline Plante
Texte :
Caroline Plante / La Presse canadienne

La décision de Donald Trump d'imposer des tarifs douaniers de 25 % sur l'acier et l'aluminium à compter du 12 mars est «ridicule», a lancé François Legault à son arrivée à Washington, mardi.

«Prenez juste l'aluminium. Aux États-Unis, il se consomme 5,9 millions de tonnes d'aluminium par année et ils en produisent juste 800 000, 14 % de leurs besoins», a fait valoir le premier ministre.

«Donc, c'est ridicule, ce qu'il fait actuellement», a-t-il indiqué, ajoutant qu'il était impensable de «remplacer» l'aluminium québécois.

«De dire [qu'il va] ouvrir des alumineries aux États-Unis et faire pousser des arbres... Soyons sérieux.»
-François Legault

Selon le premier ministre, il faudrait néanmoins signer une nouvelle entente «gagnant-gagnant» avec le président américain, notamment pour protéger les emplois des Québécois et freiner l'incertitude qui pèse sur la province.

«C'est-à-dire qu'on se partage un peu les industries. L'aluminium, on sait que le Québec est capable d'en faire et que les États-Unis ne sont pas capables d'en faire, etc. C'est d'être capable de trouver ce qui va faire plaisir à M. Trump [...] C'est vers une entente comme ça que les provinces et le Canada, on doit travailler», a-t-il exprimé à la fin de la journée, mardi.

M. Legault a ajouté que si M. Trump persistait avec ses tarifs sur l'aluminium, les impacts sur l'industrie de l'automobile aux États-Unis seraient désastreux. «Imaginez-vous l'augmentation du prix des automobiles aux États-Unis si les fabricants sont obligés de payer leur aluminium 25% de plus», a-t-il insisté.

Les droits de douane de 25 % prévus par le président américain Donald Trump sur les importations d'acier et d'aluminium s'ajouteraient d'ailleurs aux éventuels tarifs généraux sur tous les produits canadiens, ce qui conduirait à un tarif total de 50 % sur ces métaux, a déclaré un responsable de la Maison-Blanche qui a confirmé le plan en coulisses.

M. Legault effectue cette semaine un voyage de deux jours dans la capitale américaine, son premier en cinq ans, organisé pour contrer les menaces tarifaires de M. Trump.

Il se joindra mercredi à ses homologues des autres provinces et territoires à l'occasion d'une mission spéciale du Conseil de la fédération à Washington ayant pour but de «renforcer les relations Canada-États-Unis».

Renforcer les relations Canada-États-Unis

Mardi après-midi, M. Legault a rencontré des représentants de la National Association of Home Builders, dont le chef des affaires publiques, Ken Wingert, serait un influent lobbyiste.

Dès son arrivée au Bureau du Québec à Washington, M. Wingert a déclaré que les États-Unis avaient besoin du bois d'œuvre canadien, contrairement à ce qu'a affirmé M. Trump dans les derniers jours.

Les Américains font face à une importante pénurie de logements, a-t-il expliqué, et les tarifs pourraient avoir comme effet de gonfler les prix et restreindre l'accès à la propriété.

«Pourquoi M. Trump voudrait importer du bois d'ailleurs?» a demandé M. Legault, ce à quoi M. Wingert a répondu que, selon lui, les tarifs font partie d'une stratégie de négociation plus globale pour Donald Trump.

Avec Alstom, ce constructeur de trains et de wagons, François Legault a dit avoir discuté des impacts des tarifs sur les transferts de pièces entre le Québec et les États-Unis. 

La Caisse de dépôt et placement du Québec est le plus gros actionnaire d'Alstom.

1500 $ de plus pour un Ford F-150

Chose certaine, avec l'arrivée des tarifs, le prix des véhicules aux États-Unis grimpera, par exemple, d'au moins 1500 $ pour une Ford F-150, a illustré le président de l'Association de l'aluminium du Canada, Jean Simard.

En mêlée de presse, il a qualifié la mesure américaine de «très destructrice» et dit espérer que les Américains «expriment la douleur qu'ils vont ressentir» avant les élections de mi-mandat en 2026. 

«C'est beaucoup plus ça qui va faire bouger l'administration que des lettres qu'on pourrait écrire», a-t-il affirmé.

M. Legault a aussi rencontré, mardi, des représentants de l'Aluminium Association, de Rio Tinto et d'Alcoa, devant lesquels il a déclaré que l'aluminium du Québec pourrait trouver preneurs ailleurs.

«Il ne faut rien exclure, entre autres, que l'aluminium produit au Québec soit envoyé en Europe ou ailleurs, parce que ça n'a pas de bon sens de se faire imposer ces tarifs-là», a-t-il dit.

Renégocier avec l'aluminium comme levier?

Plus tard, en mêlée de presse, il a étayé son propos, suggérant de se servir de l'aluminium comme levier pour renégocier l'accord Canada–États-Unis–Mexique au plus vite, avant l'échéance de 2026.

«Ce qui est de plus en plus urgent pour protéger les emplois des Québécois, c'est de faire une nouvelle entente (...) gagnante-gagnante (...) avec M. Trump, c'est-à-dire qu'on se partage les industries», a-t-il déclaré.

Selon lui, il «n'y a plus personne qui veut investir au Canada actuellement» en raison de l'incertitude causée par les menaces tarifaires. Il faut «trouver ce qui va faire plaisir à M. Trump», a-t-il insisté.

Le secteur des transports est «un bel exemple où M. Trump pourrait développer des emplois bien payés dans le secteur manufacturier», croit M. Legault.

«Ça peut être une boîte de Pandore, un peu comme rouvrir la Constitution canadienne pour régler quelque chose, puis finalement, chacun arrive avec son agenda et on n'en sort plus», signale toutefois Jean Simard.

«Si M. Trump rouvre, est-ce que c'est à notre avantage ou non? C'est très risqué», a-t-il renchéri.

Avec de l'information d'Émile Bérubé-Lupien pour Noovo Info.

Converse :
Caroline Plante
Texte :
Caroline Plante / La Presse canadienne