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Les distributeurs ont un inventaire de plusieurs semaines d'avance. Par conséquent, même si un fournisseur venait à manquer d'un produit, les grossistes pourront écouler ce stock avant que son absence soit constatée sur les tablettes.
Si les États-Unis semblent être touchés par une nouvelle pénurie, celle des tampons, une telle situation ne devrait pas se produire au Québec, affirme le directeur général de l'Association québécoise des distributeurs en pharmacie (AQDP), Hugues Mousseau.
Il explique que les distributeurs ont un inventaire de plusieurs semaines d'avance. Par conséquent, même si un fournisseur venait à manquer d'un produit, les grossistes pourront écouler ce stock avant que son absence soit constatée sur les tablettes.
«J'ai eu la chance de parler avec les acteurs de la catégorie des produits d'hygiène féminine de chacun des grossistes au cours des dernières heures et on ne vit pas, au Canada et au Québec, ce qui est vécu du côté des Américains. Donc il n'y a pas de situation de pénurie», indique M. Mousseau en entrevue avec La Presse canadienne. L'AQDP approvisionne les 1900 pharmacies du Québec.
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À titre de comparaison, il a fallu des mois après la fermeture de l'usine de production de lait en poudre pour bébé d'Abbott Nutrition, au Michigan, pour que l'impact se fasse sentir au Québec, explique-t-il. L'usine a finalement rouvert début juin, mais cette pénurie pourrait persister jusqu'à l'été, selon Abbott Nutrition, qui avait fermé son usine en raison d'une contamination.
Dans le cas des produits d'hygiène féminine, les pénuries constatées aux États-Unis ne sont pas dues à des fermetures, mais plutôt au manque de main-d'œuvre et à la pandémie.
«La production, et par conséquent l'inventaire, ont été impactés par d'importantes pénuries de main-d'œuvre causées par deux éclosions d'Omicron. D'abord dans notre usine de fabrication aux États-Unis à la fin de 2021, puis au début de 2022 avec un fournisseur au Canada», précise dans un courriel un porte-parole d'Edgewell, la multinationale américaine derrière plusieurs marques de produits d'hygiène féminine, dont les tampons o.b. et Playtex.
La multinationale anticipe un retour à la normale dans les prochaines semaines. «Nous avons exploité nos installations de fabrication 24 heures sur 24 pour reconstituer les stocks», ajoute le porte-parole.
Le Groupe Jean Coutu a confirmé par courriel qu'un type de produit d'hygiène féminine, soit le tampon sans applicateur, qui est notamment distribué par Edgewell, a été retiré du marché par le fournisseur.
«De temps à autre, sur 15 000 produits différents, il y a des moments où le manufacturier n'a pas tel format ou va avoir un format alternatif, précise M. Mousseau. Ça existe dans toutes les catégories de médicaments et de produits, mais on n'a pas une situation comme celle qui existe du côté américain.»
Cependant, avec l'annonce de la pénurie américaine, M. Mousseau craint que la demande ne parte à la hausse. Comme avec le papier toilette au début de la pandémie, les gens pourraient se précipiter pour faire des réserves.
Jacques Renaud, professeur à la Faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval, qualifie cela de «pénuries de protection».
Sans parler spécifiquement des produits d'hygiène féminine, les chaînes d'approvisionnement sont mises à rude épreuve ces temps-ci, selon le professeur Renaud.
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«Avec les problèmes d'approvisionnement en matières premières combinés aux usines qui ont dû être fermées lors de la dernière vague (de COVID-19), beaucoup d'industries ne se sont pas très bien remises et sont en retard pour reconstituer les stocks un peu partout dans la chaîne d'approvisionnement», explique-t-il.
Il ajoute que la bataille sur les marchés pour des matières comme le coton, le plastique et certains produits d'emballages cartonnés fait rage, ce qui peut jouer sur la disponibilité et l'évolution du prix des produits.
«Si on parle entre autres du plastique et du coton, ils ont été utilisés énormément dans les produits de sécurité médicaux, etc. Les États-Unis n'ont pas réussi à être autosuffisants dans les dernières années», explique-t-il.
Ajoutons à cela la fermeture de certains ports internationaux pendant la pandémie et la hausse du coût de l'essence, qui touche beaucoup les transporteurs, l'industrie accumule «tuile par-dessus tuile», dit le professeur Renaud.
«Dans la presse spécialisée, avant la guerre (en Ukraine), on espérait un retour à la normale pendant l'été ou en septembre, commente-t-il. Maintenant, on parle du premier ou deuxième trimestre 2023.»