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«Nous avons déjà augmenté le nombre», a indiqué mardi, en point de presse, la ministre de la Défense, Anita Anand.
De nombreux propriétaires du Canada atlantique pourraient être responsables d'une partie importante des dommages causés à leur maison par l'ouragan Fiona parce qu'ils n'étaient pas assurés contre les inondations causées par les tempêtes.
Selon la vice-présidente pour l'Atlantique du Bureau d'assurance du Canada (BAC), Amanda Dean, les polices d'assurance habitation résidentielle couvrent généralement les dommages causés par le vent, y compris la chute d'arbres, et certains types de dégâts d'eau.
Cependant, il faut habituellement détenir une police complémentaire pour couvrir les inondations, a-t-elle expliqué.
Ces avenants contre les inondations terrestres n'existaient pas au Canada avant 2015, a-t-elle précisé, lorsqu'un nombre croissant d'inondations a rendu cette couverture additionnelle nécessaire.
Mais même ces polices contre les inondations ne couvrent normalement pas les dommages causés par les marées de tempête, qui sont difficiles à modéliser pour les assureurs à mesure que le niveau de la mer monte et que les côtes s'érodent, a précisé Mme Dean.
«Sans une modélisation précise du risque, ce dernier est jugé trop élevé pour rendre la couverture abordable et/ou disponible», a-t-elle affirmé.
Certains dommages non assurables aux propriétés résidentielles peuvent être couverts par le programme fédéral des Accords d'aide financière en cas de catastrophe (AAFCC).
À VOIR | Sabrina Rivet résume l'actualité de la journée en lien avec le passage de l'ouragan Fiona au bulletin Noovo Le Fil 17 animé par Marie-Christine Bergeron.
Il y a des lacunes dans l'industrie canadienne de l'assurance en ce qui concerne les catastrophes naturelles, a observé la vice-présidente principale de l'assurance mondiale chez DBRS Morningstar, Nadja Dreff.
En raison de ces lacunes, «une grande partie» des personnes touchées par l'ouragan Fiona dans le Canada atlantique ne seront probablement pas entièrement couvertes pour les dommages causés à leurs maisons, a estimé Mme Dreff.
L'industrie essaie de rattraper son retard alors même que ces catastrophes deviennent plus fréquentes et imprévisibles, a-t-elle noté.
Le Groupe Co-operators a commencé à offrir une assurance contre les marées de tempête aux propriétaires du Canada atlantique et de la Colombie-Britannique en 2018, selon des communiqués de presse de la coopérative d'assurance.
L'assurance contre les marées de tempête inclut dans sa couverture la montée des eaux et les vagues causées par les tempêtes.
«À notre connaissance, Co-operators est le seul assureur canadien qui offre une protection contre les marées de tempête», a affirmé le vice-président de l'assureur, George Hardy, dans une déclaration.
L'industrie de l'assurance est «impatiente de continuer à travailler avec le gouvernement pour créer un programme national d'assurance public-privé contre les inondations terrestres qui offre une protection à tous les Canadiens», a fait valoir Mme Dean.
La vice-présidente du BAC a ajouté que le changement climatique avait considérablement augmenté le montant que les assureurs devaient débourser chaque année pour les sinistres liés aux intempéries.
Les assureurs au Canada paient actuellement en moyenne plus de 2 milliards $ en réclamations liées aux intempéries chaque année, a-t-elle précisé.
Cela se compare à une moyenne annuelle de 632 millions $ entre 2001 et 2010.
Selon DBRS Morningstar, l'ouragan Fiona aura causé entre 300 millions $ et 700 millions $ de pertes assurées au Canada atlantique, un niveau record dans la région.
Dans un rapport, l'agence de notation a indiqué que ce montant correspondait à peu près aux catastrophes naturelles précédentes dans d'autres provinces, comme les inondations en Colombie-Britannique, l'an dernier, dont les pertes assurées ont totalisé 515 millions $.
Le Canada atlantique représente une petite partie du marché national de l'assurance de biens, a précisé le rapport.
Cependant, l'ouragan Fiona sera probablement comme l'un des plus grands événements catastrophiques de la région, et d'autres pourraient se profiler à l'horizon. Le changement climatique aggrave le risque de tempêtes majeures semblables à celle qui s'est produite en fin de semaine.
Selon DBRS Morningstar, les assureurs pourraient se montrer plus prudents lors de l'évaluation des risques dans la région et ils feront probablement grimper les primes pour couvrir la hausse des coûts des paiements.
Mme Dreff a expliqué que les phénomènes météorologiques violents devenant plus fréquents, les assureurs augmenteront les primes et travailleront sur une modélisation des risques plus sophistiquée.
Plus d'une centaine de militaires sont à pied d'oeuvre dans chacune des provinces de l'Atlantique dévastées par la tempête Fiona qui ont demandé l'aide de l'armée, soit un plus grand déploiement qu'initialement annoncé, a fait savoir mardi la ministre de la Défense, Anita Anand
«Nous devons être capables de changer (le) cours (de nos opérations) si nécessaire, mais, à ce moment-ci, nous avons déjà augmenté le nombre de soldats sur le terrain», a-t-elle dit en point de presse à Ottawa aux côtés d'une poignée d'autres ministres.
Elle a précisé qu'environ 150 membres des Forces armées canadiennes (FAC) sont arrivés en Nouvelle-Écosse et le même nombre à l'Île-du-Prince-Édouard. D'autres soldats sont à Terre-Neuve-et-Labrador, où le navire Margaret Brooke de la Marine royale canadienne a aussi été dépêché.
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«Nous serons là aussi longtemps que nécessaire», a-t-elle insisté en évitant de s'avancer un échéancier précis.
Elle a réitéré que plus de ressources pourraient être envoyées puisque «la situation évolue», précisant du même souffle qu'aucune requête n'a été faite pour l'assistance des FAC aux Îles-de-la-Madeleine.
Dans le Canada Atlantique, où s'est rendu le premier ministre Justin Trudeau mardi, les militaires s'affairent notamment à enlever les débris entassés, à aider à réparer des routes endommagées ainsi qu'à rétablir le courant, a mentionné Mme Anand.
La ministre, de même que son collègue aux Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, ont assuré être en constante communication avec les premiers ministres des provinces de l'Atlantique.
«Nous serons là pour aider les communautés touchées [...] à se relever», a déclaré M. LeBlanc.
Appelé à préciser si le gouvernement fédéral avait l'intention de déployer des mesures d'aide pour les entreprises particulièrement touchées par le passage de la tempête post-tropicale, comme l'industrie de la pêche, M. LeBlanc a répondu qu'Ottawa était «ouvert» et «n'écarte rien».
Il a toutefois ajouté que le fédéral, les provinces et les autorités locales se concentraient d'abord à répondre à l'«urgence du nettoyage».
«Quand cette phase aiguë, si vous voulez, est passée, on va immédiatement passer à la question de reconstruire, rebâtir les infrastructures, mais dans un sens large du terme. Il y a des infrastructures économiques (et) des entreprises qui sont essentielles pour la survie économique de ces régions déjà fragilisées économiquement», a affirmé le député de Beauséjour, au Nouveau-Brunswick.
Il s'est dit encouragé par ses discussions avec les premiers ministres des provinces de l'Atlantique, ajoutant espérer que le soutien sera «efficace» et «généreux». M. LeBlanc a par ailleurs indiqué qu'Ottawa est disposé à allonger de l'aide pour compenser des pertes matérielles qui ne sont pas couvertes par les compagnies d'assurance.
«Si on peut arriver à une entente et une solution avec l'industrie et les provinces qui a de l'allure, on sera là», a-t-il résumé en soulignant que les provinces ont juridiction sur ces enjeux.
Au Québec, le premier ministre François Legault a promis que le gouvernement provincial couvrirait «la différence, pour tout ce qui n'est pas assurable par les assurances régulières».