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La présidente de l'Assemblée nationale a des projets de halte-garderie en tête et souhaite aussi parler, entre autres, de rémunération, de congés parentaux et de votes à distance.
Pour la deuxième fois de l'histoire du Québec, l'Assemblée nationale, la Maison du peuple, est présidée par une femme. Et des changements, Nathalie Roy semble prête à en faire.
Sous son règne, on verra apparaître une halte-garderie au parlement, confirme-t-elle lors d'une longue entrevue accordée à La Presse Canadienne à l'occasion de la Journée internationale des femmes.
On parlera aussi de rémunération, de congés parentaux et de votes à distance. Le grand projet de réforme qui avait avorté sous l'ancien président François Paradis renaît avec l'arrivée de Mme Roy.
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«Ce sera quand même quelque chose de majeur», confie celle dont le rôle sera de «faciliter» les discussions entre les partis, afin de moderniser l'Assemblée nationale idéalement dès cette année.
«En 2012, ce qui m'avait frappée, c'était la Maison des citoyens, (...) et il n'y avait pas de garderie, pas de place pour les enfants, même pas de place pour changer une couche dans les salles de bain.
«Là, ça s'en vient», se félicite-t-elle en parlant du projet pilote de halte-garderie qui sera située dans l'édifice André-Laurendeau et qui pourra accueillir dix enfants entre 0 et 10 ans, dont un maximum de quatre poupons.
L'ouverture serait prévue pour septembre 2023, selon les informations recueillies par La Presse Canadienne.
L'Assemblée nationale compte actuellement un nombre record de femmes élues, soit 57 sur 125, mais c'est un fait que les femmes hésitent encore à faire le saut en politique, pour toutes sortes de raisons.
«Si on veut attirer plus de femmes, il faut les aider, déclare sans détour Nathalie Roy. La vérité, c'est que c'est souvent les mamans qui ont les tâches ménagères, qui s'occupent des enfants lorsqu'ils sont plus petits, etc.
«Elles n'ont pas les mêmes fonctions biologiques. (...) Il faut tenir compte de ça. (...) Les femmes ne sont pas une minorité. C'est la moitié de l'humanité!» poursuit-elle en disant vouloir aider les femmes «à prendre leur place».
Depuis novembre, grâce à une modification au Code d'éthique et de déontologie, les députées ne risquent plus d'être pénalisées si elles s'absentent du parlement parce qu'elles viennent de donner la vie à un enfant.
Elles continuent d'être rémunérées pendant leur absence; elles ne sont donc pas admissibles aux prestations du Régime québécois d'assurance parentale (RQAP), même si elles y ont cotisé.
Or, il est difficile pour une députée de cesser d'exercer ses fonctions le temps de son congé. Ses responsabilités ne peuvent être déléguées et elle doit continuer d'assurer une certaine présence dans sa circonscription.
«Logiquement parlant, toute femme qui accouche devrait avoir droit à des congés», estime Mme Roy. À la Ville de Montréal, par exemple, l'élue a droit à un congé de 18 semaines et de l'aide pour assurer le suivi de ses dossiers.
«Si d'aventure les élus (...) souhaitent avoir ce type de congé ou des adaptations, moi je suis là pour voir dans quelle mesure ça peut être possible en fonction des lois.
«Je suis ouverte, ma porte est ouverte, prête à reprendre et stimuler les députés pour leurs travaux», ajoute-t-elle.
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Mme Roy souhaite valoriser le rôle de député, se servir de la technologie et possiblement intégrer le vote à distance à la procédure parlementaire, ce qui pourrait attirer plus de jeunes et de femmes en politique.
«Ça peut être un frein, le fait que vous souhaitez entrer en politique, mais les enfants sont à l'école et allez-vous passer trois-quatre jours à Québec, qui va garder les enfants? Peut-on travailler à distance?» demande-t-elle.
Les partis politiques ont d'ailleurs mandaté l'administration de l'Assemblée afin qu'elle mette en place un système de vote électronique dans le Salon bleu au plus tard à l'automne 2023.
Nathalie Roy n'a pas toujours été pressentie à la présidence.
Lorsque son nom a commencé à circuler l'automne dernier, plusieurs ont sourcillé, rappelant à quel point l'ancienne ministre de la Culture avait été partisane.
Or, dès son arrivée, elle a impressionné par son niveau de préparation, son sens de l'équité et son ton agréable. Elle confie être le genre de personne «qui se dit qu'elle n'a pas droit à l'erreur».
«J'étais très nerveuse, parce que ce sont de grands souliers à chausser», affirme l'avocate et ex-journaliste en parlant de la première femme à avoir occupé le poste, Louise Harel, en 2002.
«Ce n'est pas n'importe qui. C'est une femme qui a une longue feuille de route. À cet égard-là, je me disais, il faut bien faire. Mme Harel a bien fait, je dois bien faire.»
Ses atouts: six ans dans l'opposition et quatre ans au conseil des ministres, en plus de sa formation d'avocate et son sens de la justice, qui la poussent, dit-elle, à défendre tous les députés de manière égale.
Elle croit que les Québécois la découvriront sous une autre facette, celle de la joueuse d'équipe.
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L'élue caquiste de Montarville raconte par ailleurs avoir été maintes fois accostée depuis son arrivée en poste le 29 novembre dernier par des parents avec leurs fillettes impressionnées de voir une femme sur le trône.
«Ça me touche beaucoup. Depuis mon élection, (...) des gens me disent: "Mme Roy, on vous a entendue, (...) ma fille a dit wow, vous êtes un exemple pour elle".
«Une autre personne m'a dit: "Tu es sur le trône, c'est une femme sur le trône!" Je me disais: "Mon Dieu, ça les frappe donc bien". Je ne me rendais pas compte de ça, le fait que ça frappe l'imaginaire de jeunes filles.»
«Si je peux me servir de mon genre pour donner confiance aux jeunes filles pour qu'elles puissent croire à leurs rêves et accéder à des fonctions importantes, je vais avoir réussi mon mandat.»
Émue, elle ajoute: «Je me rends compte que la position que j'occupe influence les jeunes, et je trouve ça extraordinaire. Je suis impressionnée de cette réaction-là.»