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«Je pense que c'est une très bonne entente», a déclaré Jason Chee-Aloy, directeur général de Power Advisory.
L'opposition conservatrice à Terre-Neuve-et-Labrador a prévenu mercredi qu'elle ne voterait pas sur le protocole d'entente avec Hydro-Québec concernant Churchill Falls tant qu'il n'aura pas été examiné par des experts indépendants.
Le chef des progressistes-conservateurs, Tony Wakeham, a demandé mercredi en Chambre que le vote, prévu jeudi, soit suspendu jusqu'à ce qu'un examen indépendant de l'entente provisoire soit effectué.
Il a fait cette demande à l'Assemblée législative provinciale au troisième jour d'un débat sur le protocole d'entente dévoilé en grande pompe le mois dernier par les premiers ministres Andrew Furey et François Legault.
Le projet d'entente verrait Hydro-Québec payer beaucoup plus qu’elle ne le fait actuellement pour l’électricité produite à la centrale hydroélectrique de Churchill Falls, au Labrador. Le projet prévoit aussi que la société d'État québécoise développerait d'autres grands projets hydroélectriques avec la Newfoundland and Labrador Hydro.
Or, M. Wakeham a expliqué mercredi qu'avec les informations publiées jusqu'ici, il était impossible de savoir si le protocole d'entente était le meilleur accord possible pour la province.
Des représentants du gouvernement ont déclaré que des entreprises indépendantes avaient été retenues pour fournir des conseils pendant les négociations. Des représentants de deux de ces sociétés — Power Advisory et JP Morgan — ont été appelés à comparaître devant l'Assemblée législative mercredi.
«Je pense que c'est une très bonne entente», a déclaré Jason Chee-Aloy, directeur général de Power Advisory. L'entreprise torontoise a été embauchée par Newfoundland and Labrador Hydro en 2023 pour évaluer le marché de l'énergie du Labrador.
Il a qualifié le protocole d'entente «d'étape nécessaire» avant la négociation d'un accord final, attendu en 2026. «Nous saurons donc avec les ententes (finales) si c'est absolument la meilleure affaire — je suis sûr que ce sera le cas», a-t-il estimé.
Le premier ministre Furey a promis de réunir un groupe d’experts indépendants pour fournir des conseils pendant que la société Newfoundland and Labrador Hydro négocie avec Hydro-Québec la version finale de l’accord. Jason Chee-Aloy convient de la nécessité d'un examen indépendant et il salue la création d'un groupe d'experts.
Les enjeux pour Terre-Neuve-et-Labrador sont particulièrement élevés compte tenu de son historique mouvementé avec les projets hydroélectriques. Grâce à un contrat signé en 1969, Hydro-Québec a acquis à des prix dérisoires la part du lion de l'électricité produite à la centrale de Churchill Falls, puis la revend à ses clients en empochant un profit considérable. L'accord dévoilé le 12 décembre mettrait fin à cet arrangement environ 16 ans avant la date d'échéance, et «corrigerait une erreur historique», selon le premier ministre Furey.
En vertu du nouvel accord, Hydro-Québec paierait environ 30 fois plus pour l'électricité de Churchill Falls, ce qui rapporterait au Trésor provincial environ 17 milliards $ jusqu'en 2041, soit environ 1 milliard de dollars par année en moyenne. En vertu du contrat actuel, la province reçoit environ 20 millions $ par année. Et jusqu'en 2056, les recettes annuelles moyennes devraient atteindre 4 milliards $.
Contrairement à l'accord de 1969, les nouveaux tarifs payés par Hydro-Québec seraient liés au marché de l'énergie, ce qui signifie que les paiements du Québec pourraient augmenter si les prix de l'énergie augmentent. Jason Chee-Aloy a déclaré que lui et son entreprise ont contribué à façonner le cadre permettant de déterminer ces prix.
Le moment est venu pour les deux provinces de conclure une entente, a-t-il ajouté, soulignant que le Québec avait soif d'énergie et que le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador faisait pression depuis des décennies pour mettre fin à ce contrat déséquilibré de 1969 - même en le contestant, sans succès, devant la Cour suprême du Canada.
M. Wakeham, de son côté, souligne qu'un examen indépendant répondrait aux recommandations d'une commission d'enquête publique sur le désastreux projet hydroélectrique de Muskrat Falls, au Labrador, qui a été achevé en 2023 après des années de retard et des milliards de dollars de dépassements de coûts.
Le leader libéral en Chambre, John Hogan, a rejeté la requête du chef de l'opposition conservatrice de retarder le vote, en plaidant que tous les éléments du protocole d'entente qui affecteraient les contribuables terre-neuviens seraient de toute façon examinés par la commission des services publics de la province — ce qui n'avait pas été fait pour Muskrat Falls à l'époque.
La centrale de Churchill Falls a une capacité de production d'environ 5400 mégawatts et produit environ 34 milliards de kilowattheures par année - à peu près assez pour alimenter le Danemark, selon l'Agence américaine de l'information sur l'énergie.