Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Économie

Innergex: Hydro-Québec ne voulait vendre qu’à la Caisse

Hydro-Québec a fait savoir à Innergex qu’un «nombre très limité» d’acheteurs trouveraient grâce à ses yeux.

Photo du siège social d'Hydro-Québec à Montréal le 21 juin 2016.
Photo du siège social d'Hydro-Québec à Montréal le 21 juin 2016.
Stéphane Rolland
Stéphane Rolland / La Presse canadienne

Le producteur d’énergie renouvelable Innergex a été courtisé par deux autres acheteurs potentiels, mais son principal actionnaire, Hydro-Québec, n’avait d’yeux que pour la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). 

Hydro-Québec a fait savoir à Innergex qu’un «nombre très limité» d’acheteurs trouveraient grâce à ses yeux, selon des informations dévoilées dans des documents réglementaires envoyés aux actionnaires. 

La Caisse offre 13,75 $ par action pour acquérir la totalité des actions d’Innergex. Hydro-Québec, qui détient 19,9 % des actions, appuie la proposition. La transaction est conditionnelle à l’appui des deux tiers des actionnaires, qui se prononceront en assemblée le 1er mai prochain. 

À VOIR ÉGALEMENT | Sommet Connexions Autochtones: la réconciliation économique en temps de guerre tarifaire

Une firme de capital d’investissement, dont le nom n'a pas été révélé, a d’abord manifesté son intérêt auprès d’Innergex en septembre dernier. À ce stade préliminaire, la firme, qui n’avait accès qu’aux informations publiques, a évoqué un prix d’achat potentiel d’entre 14 $ à 15 $ par action.

La Caisse a manifesté son intérêt plus tard en novembre. Les administrateurs d’Innergex ont alors convenu d’analyser les deux propositions ainsi que la possibilité de rester une société cotée en Bourse. 

Lorsqu’Innergex a consulté Hydro-Québec, la société d'État lui a «expressément confirmé par écrit qu’elle n’avait pas l’intention d’appuyer» la proposition de la firme d’investissement.  

Sans le soutien d’Hydro-Québec (19,9 % des actions) et de la Caisse (6,6 % des actions), la firme aurait difficilement pu obtenir suffisamment de votes favorables pour aller de l’avant. Elle a jeté l’éponge à la fin novembre. 

En décembre, un membre du conseil aurait été approché par «un acteur financier majeur», qui n'est pas identifié dans le document. Hydro-Québec a fait savoir à Innergex qu’elle n’avait pas l’intention d’appuyer une autre proposition. 

«Hydro-Québec a indiqué qu’elle craignait, compte tenu de l’état d’avancement du processus avec CDPQ, que l’engagement dans de telles discussions ne retarde le processus et ne mette en péril l’opération proposée», peut-on lire dans la circulaire. 

Trump gâche les enchères

L’hostilité du président américain, Donald Trump, face aux énergies renouvelables a affaibli le pouvoir de négociation d’Innergex. Le secteur a perdu la faveur des investisseurs à la Bourse après l’élection du candidat républicain. 

Au cours des négociations entre la Caisse et Innergex, la société a tenté d’obtenir une offre à un prix «minimal» de 15 $, soit le haut de la fourchette évoquée par la firme d’investissement qui avait fait les premiers pas. La Caisse a plutôt offert un prix de 13,65 $ au début du mois de janvier.

À la mi-janvier, Hydro-Québec était toutefois peu favorable à faire monter les enchères, toujours selon la circulaire envoyée aux actionnaires. La société d’État craignait que les négociations avec la Caisse achoppent, si le processus s’étirait. 

«Elle a également indiqué qu’elle estimait très peu probable qu’un autre acheteur soit prêt à payer un prix plus élevé compte tenu de l’incertitude du marché et de la baisse du cours de l’action d’Innergex», peut-on lire dans le document. 

Hydro-Québec a réitéré qu’un «bassin très limité» d’acheteurs potentiels obtiendrait son appui. 

Après une série d’échanges, Innergex et la Caisse ont finalement convenu d’un prix de 13,75 $. 

L’analyste Rupert Merer, de Financière Banque Nationale, croit qu’Innergex aurait pu obtenir un meilleur prix «dans les bonnes circonstances». La proposition de la Caisse et la concentration de l’actionnariat rendaient une offre plus généreuse peu probable, selon lui. 

Il n’a pas été possible d’obtenir une réaction immédiate de la part d’Hydro-Québec jointe plus tôt en après-midi. 

Une vente à perte

Hydro-Québec avait annoncé un premier investissement dans Innergex en 2020, sous la gouverne d’Éric Martel, qui est maintenant le président et chef de la direction de Bombardier.

Hydro-Québec obtiendra 556,4 millions $ de la vente de ses actions d’Innergex. Le prix de vente est inférieur de 214,3 millions $ par rapport aux 770,7 millions $ investis par la société d’État, selon un calcul de La Presse Canadienne à partir des déclarations d’initié.

Cette somme ne tient pas compte des revenus de dividende. De 2021 à 2024, Hydro-Québec a reçu un peu moins de 100 millions $ en dividende, selon une estimation de La Presse Canadienne à partir des rapports annuels de la société. 

Stéphane Rolland
Stéphane Rolland / La Presse canadienne