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Économie

Les grands chantiers publics pourraient coûter encore plus cher

Québec n’est donc pas à l’abri de mauvaises surprises dans son budget alloué aux infrastructures.

Plusieurs vents contraires exerceront une pression à la hausse sur le coût des chantiers publics, prévient l’Association des estimateurs et des économistes de la construction du Québec (AEÉCQ).Un travailleur de la construction sur le chantier du CHUM à Montréal le 2 juillet 2013.
Plusieurs vents contraires exerceront une pression à la hausse sur le coût des chantiers publics, prévient l’Association des estimateurs et des économistes de la construction du Québec (AEÉCQ).Un travailleur de la construction sur le chantier du CHUM à Montréal le 2 juillet 2013.
Stéphane Rolland
Stéphane Rolland / La Presse canadienne

Au moment où les finances du gouvernement du Québec sont déjà teintées de rouge, plusieurs vents contraires exerceront une pression à la hausse sur le coût des chantiers publics, prévient l’Association des estimateurs et des économistes de la construction du Québec (AEÉCQ).

Dans un mémoire déposé dans le cadre des consultations prébudgétaires, l’association souligne que plusieurs facteurs pourraient contribuer à faire augmenter le coût des projets. La détérioration des infrastructures, l’ampleur des projets à venir de la part du gouvernement et d’Hydro-Québec, la rareté de main-d’œuvre, le risque d’un conflit de travail dans le futur, et les droits de douane entre le Canada et les États-Unis représentent tous des risques.

Québec n’est donc pas à l’abri de mauvaises surprises dans son budget alloué aux infrastructures au cours des prochaines années, prévient Patrick Vallerand, le président de l’AEÉCQ en entrevue. «Normalement, on devrait considérer l’inflation moyenne dans l’industrie de la construction, donc à peu près 3 % ou 3,5 %, à long terme.»

Le contexte est toutefois «en train de changer», prévient celui qui est aussi économiste de la construction. Il craint qu’on revienne à un contexte inflationniste similaire à celui qui a suivi la pandémie.

Avant même l’application de droits de douane sur l’acier et l’aluminium, les menaces de l’administration Trump ont déjà eu un effet sur les prix des matériaux, constate M. Vallerand. «Depuis que l'annonce a été faite en novembre dernier, les prix du marché se sont déjà ajustés.»

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Le ministre des Finances, Eric Girard, doit déposer son budget le 25 mars prochain. Le grand argentier du Québec a déjà prévenu que la guerre commerciale pourrait faire en sorte que le déficit soit plus grand qu’anticipé.

Québec doit combler un déficit de près de 11 milliards $, selon la dernière mise à jour économique du ministère des Finances. Environ 3,2 milliards $ serait un déficit structurel, ce qui veut dire qu’il n’est pas lié au ralentissement de l’économie.

Des investissements records

Québec prévoit des investissements records de 153 milliards $ entre 2024 et 2034 en vertu du Plan québécois des infrastructures (PQI). Tout cela au moment où l’entretien des infrastructures prend du retard. Le gouvernement estimait son déficit de maintien des infrastructures à 37,1 milliards $ en 2024. 

Au même moment, Hydro-Québec prévoit investir entre 90 et 100 milliards $ d’ici 2035 afin de doubler sa production d’électricité, dans le cadre de son Plan d’action 2035. À cela s’ajoutent 45 à 50 milliards $ pour moderniser et remplacer ses équipements. 

La société d’État et le gouvernement devront se coordonner pour éviter une surchauffe du marché de la construction dans certaines régions, plaide M. Vallerand. «Il faut avoir une prévisibilité. Ça ne veut pas juste dire d'avoir des budgets, mais de savoir à quel moment certains travaux vont être lancés en appel d'offres, par exemple.»

Tirer des leçons des erreurs passées

L’association demande au gouvernement de mieux documenter et expliquer les dépassements de coûts des projets d’infrastructures. «Quand on parle de dépassement de coûts, on dit souvent que c’est dû à l’inflation, mais je pense que c'est plus complexe que ça», nuance M. Vallerand.

«C'est multifactoriel, les dépassements de coûts, et on pense qu’il faudrait peut-être aller un petit peu plus en profondeur et être transparent par rapport à ces choses-là», ajoute-t-il. 

Faire cet exercice permettrait d’apprendre des erreurs du passé et mieux évaluer les coûts des projets d’infrastructures, croit l’économiste en construction. 

L’AEÉCQ recommande aussi au gouvernement de fournir plus de détails sur la mise en action de la Stratégie québécoise en infrastructures publiques (SQIP) présentée en mai dernier. 

L'association suggère de s’inspirer du niveau de détails du Plan pour une économie verte 2030. L’objectif est de «s'assurer qu’on déploie ça correctement avec des objectifs plus clairs», explique son président. 

Stéphane Rolland
Stéphane Rolland / La Presse canadienne