Début du contenu principal.
L’achat local fait l’objet d’un engouement de la part des quincailleries québécoises.
Pour éviter les hausses de prix liées aux droits de douane ou par simple conviction, il est possible de se passer des matériaux de construction américains, dans le segment résidentiel du moins, selon un représentant de l’industrie.
«Le secteur de la quincaillerie des matériaux, il est complètement autonome, insiste le président et chef de la direction de l'Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT), Richard Darveau. On a des fabricants au Canada pour couvrir de la fondation à la toiture.»
La présence de fournisseurs canadiens permettrait d’éviter les contrecoups d’une guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis sur le prix des propriétés neuves et de la rénovation dans le segment résidentiel, selon lui.
L’achat local fait l’objet d’un engouement de la part des quincailleries québécoises, comme M. Darveau ne l’avait jamais vu. Il dit recevoir beaucoup de questions au sujet de l'accréditation «Bien fait ici». «Mon téléphone et mon courriel débordent», raconte celui qui dirige également l’organisme sans but lucratif qui gère cette accréditation.
Il s’attend à ce que les produits canadiens occupent rapidement beaucoup plus de place dans les allées des quincailliers. «Les inventaires sont en train d'être revus et corrigés. Si vous allez aujourd'hui dans un magasin, vous allez avoir 30 % de produits canadiens. Si vous y allez dans deux semaines, vous pouvez me citer là-dessus, vous allez avoir 60 % de produits canadiens. C'est une révolution.»
Les quincailliers ont toujours soutenu le principe de l’achat local, mais cette préoccupation était secondaire à bien d’autres, constate M. Darveau. Les actions de l’administration Trump ont soulevé un vent d’indignation chez les consommateurs canadiens, ce qui place le sujet au centre des priorités des détaillants.
Il restera à convaincre les travailleurs de la construction de changer de fournisseur. Les marchands devront bien former leurs employés afin de connaître les caractéristiques des matériaux canadiens, plaide M. Darveau.
À VOIR AUSSI | Quel legs pour Justin Trudeau?
L’industrie canadienne n’est pas autonome pour les outils électriques, mais il serait toujours possible de trouver une solution de rechange aux matériaux américains avec les produits européens et japonais, souligne-t-il.
Contourner les produits américains n’est pas une opération simple pour autant, nuance le porte-parole de l’industrie. Les quincailliers devront développer des relations avec un plus grand nombre de fournisseurs pour remplir leurs tablettes.
La semaine dernière, Rona a d’ailleurs annoncé qu’elle identifiera 6500 produits faits au Canada et accrédités par «Bien fait ici».
Le patron de Rona affirme que seulement 10 % de l’approvisionnement du détaillant provient directement des États-Unis. «Le défi reposait principalement sur la façon de faire connaître (les produits canadiens) à notre clientèle», réagit le président et chef de la direction, J.P. Towner, dans un communiqué.
Pour le moment, l’Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ) ne craint pas que la riposte d’Ottawa aux droits de douane américain fasse bondir les coûts de construction.
On s'inquiète davantage d’une éventuelle récession et de son effet sur la demande, souligne le directeur du service économique de l’APCHQ, David Goulet. «On s'attend à ce que les gens, probablement, vont ralentir ou reporter certains de leurs projets, par exemple de rénovation.»
Les données ne laissent pas entrevoir de nuages pour le moment, mais M. Goulet redoute que l’incertitude et les pertes d’emploi entraînent un ralentissement dans les prochains mois.
En raison du manque de logements au Canada, M. Goulet ne croit pas que le fédéral ripostera d’une façon qui freinerait les mises en chantier, même si certains matériaux de construction sont déjà visés. «On est confiant que le gouvernement va faire tout ce qu'il peut pour limiter l'impact que ça pourrait avoir sur les coûts de construction.»
Il souligne que 14 % des matériaux utilisés dans la construction résidentielle proviennent des États-Unis. «Ce n'est pas un une proportion énorme, mais c'est quand même significatif. Ça va nécessiter évidemment des changements de fournisseurs.»