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Près de 79% des entreprises estiment que la loi est pertinente pour développer les compétences de leurs employés.
Les employeurs aiment généralement «la loi du 1%», qui force les entreprises à investir l’équivalent de 1% de leur masse salariale dans la formation de la main-d’œuvre, mais ils souhaitent que le fardeau lié à son application soit allégé.
C’est ce qui ressort d’un coup de sonde mené par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. Près de 79% des entreprises estiment que la loi est pertinente pour développer les compétences de leurs employés. «Les organisations sont assez convaincues de l'importance du développement des compétences», commente la directrice générale de l'Ordre, Manon Poirier, en entrevue.
La preuve: la majorité des répondants affirment investir plus que le minimum de 1% requis, souligne-t-elle. En fait, 66,53% des organisations rapportent qu’elles investissent plus que le seuil minimal. «Les organisations comprennent que si elles n'investissent dans le développement des compétences, elles vont perdre un avantage compétitif par rapport au marché.»
S’ils jugent la loi pertinente, bon nombre d’employeurs aimeraient que certaines dispositions soient modifiées, notamment pour alléger le fardeau administratif lié à son application. Des répondants, 79% jugent que le fardeau administratif lié au respect de cette loi est trop lourd. «Pour que je puisse mettre des dépenses comme organisation, il faut vraiment que je produise une documentation qui est quand même exigeante», explique Mme Poirier.
«Je dois établir quels étaient les objectifs d'apprentissage, les méthodes requises, je dois donner le plan de cours, le nom du formateur, chaque frais, combien j'ai payé, le salaire et tout ça, illustre-t-elle. Que la formation m'ait coûté 400 $ ou 40 000 $, je dois faire le même exercice. Donc, c'est extrêmement lourd pour les organisations.»
La ministre de l’Emploi, Kateri Champagne Jourdain, a ouvert la porte à un allègement de la paperasse liée à «la loi du 1%», lors d’une commission parlementaire en avril. «On veut certainement s'assurer d'être en mesure d'alléger. C'est une des missions aussi qu'on s'est données, comme gouvernement, d'alléger la charge administrative qui incombe à nos entreprises.»
La ministre attend les conclusions d’un rapport qui devrait formuler des recommandations à cet égard. Il n’a pas été possible de connaître le moment où la publication est prévue.
Mme Poirier aimerait également que Québec élargisse le bassin de formations admissibles. Elle note que les formations entièrement en ligne, sans formateur, ne sont pas admises. Le coaching par un professionnel reconnu n’est pas admissible, non plus.
La directrice aimerait aussi une plus grande ouverture aux formations qui permettent de développer le savoir-être professionnel (soft skills), comme les compétences relationnelles pour le travail en équipe.
L’importance du savoir-être professionnel fait l’unanimité (98%), mais cette compétence est développée dans seulement 47% des organisations. Mme Poirier attribue cet écart au manque de clarté sur les formations admissibles. «On investit moins sur ces compétences, qui sont pourtant des compétences du futur.»
La formation des employés demeure essentielle, plaide Mme Poirier. Aux entrepreneurs qui craignent de perdre leurs investissements dans un employé infidèle, elle répond que le statu quo est pire.
«Imagine si tu ne les formes pas et ils restent. La désuétude des compétences, elle est beaucoup plus accélérée. Les experts estiment que la durée de vie d’une compétence est de trois à cinq ans aujourd’hui.»