Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Société

Les Canadiens seraient plus sensibilisés aux ravages des pensionnats pour Autochtones

Une nouvelle étude suggère que les Canadiens sont davantage sensibilisés aux torts causés par les pensionnats pour Autochtones, mais qu'il reste encore du travail à faire pour informer la population sur les impacts durables qu'ont eus ces établissements.

A report from a group of researchers at three Canadian universities suggests the public's awareness of the past harms of residential schools has increased, but that more work needs to be done around educating Canadians on the last impacts. People listen during a ceremony to mark the National Day for Truth and Reconciliation at the site of the former St. Mary's Indian Residential School, in Mission, B.C., on Friday, Sept. 30, 2022. THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck
A report from a group of researchers at three Canadian universities suggests the public's awareness of the past harms of residential schools has increased, but that more work needs to be done around educating Canadians on the last impacts. People listen during a ceremony to mark the National Day for Truth and Reconciliation at the site of the former St. Mary's Indian Residential School, in Mission, B.C., on Friday, Sept. 30, 2022. THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck
Brittany Hobson
Brittany Hobson / La Presse canadienne

Une nouvelle étude suggère que les Canadiens sont davantage sensibilisés aux torts causés par les pensionnats pour Autochtones, mais qu'il reste encore du travail à faire pour informer la population sur les impacts durables qu'ont eus ces établissements.

Des chercheurs de l’Université du Manitoba, de l’Université de Victoria et de l’Université métropolitaine de Toronto, en collaboration avec le Centre national pour la vérité et la réconciliation, à Winnipeg, ont mesuré les progrès réalisés en 2022 par les allochtones et les Autochtones dans leur cheminement commun vers la réconciliation.

C'est la deuxième année que le groupe suit la sensibilisation à la réconciliation en utilisant ce qu'il appelle le baromètre canadien de la réconciliation.

L’équipe de chercheurs a interrogé 3174 personnes autochtones et non autochtones dans six régions du pays, au moyen d’un questionnaire en ligne.

Ils ont constaté que 90 % des répondants non autochtones et 94 % des répondants autochtones avaient entendu parler des pensionnats, contre 65 % et 87 % respectivement en 2021.

Il est précisé que les chercheurs n'ont pas recruté les mêmes répondants de 2021 pour l'enquête de 2022, et que tout changement d'une année sur l'autre ne reflète pas l'évolution des opinions des mêmes personnes. 

L'organisme professionnel de l'industrie des sondages, le Conseil de recherche et d’intelligence marketing canadien, indique également que les sondages en ligne ne peuvent pas être assortis d'une marge d'erreur, car ils ne constituent pas un échantillon aléatoire de la population.

«Les peuples autochtones tirent incontestablement la sonnette d'alarme, depuis la nuit des temps dans ce pays, au sujet des défis que l'État canadien pose à la pleine jouissance des droits des peuples autochtones», souligne Ry Moran, chercheur métis participant au projet et bibliothécaire universitaire associé à la réconciliation à l'Université de Victoria. 

«Le fait que nous assistions à l'émergence d'un consensus plus large reflète peut-être le fait que les gens, en particulier les Canadiens non autochtones, commencent à comprendre un peu mieux où nous en sommes», ajoute-t-il. 

Selon M. Moran, ce progrès est probablement attribuable à la médiatisation des lieux de sépultures non marquées autour de plusieurs anciens pensionnats, mais aussi à la visite au Canada l'année dernière du pape François, qui s'est excusé pour les préjudices causés dans ces établissements fédéraux administrés par des communautés religieuses.

Il évoque également la décision du gouvernement fédéral d'instaurer la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation pour rendre hommage aux survivants des pensionnats.

On estime à 150 000 le nombre d'enfants inuits, métis et des Premières Nations qui ont été contraints de fréquenter ces écoles financées par le gouvernement et gérées par les églises, qui étaient en grande partie supervisées par l'Église catholique. 

Il est estimé que 6000 enfants autochtones sont morts dans ces établissements, mais de nombreux experts pensent que ce chiffre est plus élevé. Le Centre national pour la vérité et la réconciliation a enregistré les noms de plus de 4000 d'entre eux.

Les personnes interrogées dans le cadre de l'enquête ont indiqué être plus conscientes des préjudices passés et présents en 2022 qu'au cours de l'année précédente.

«Encore du travail à faire»

Les chercheurs ont mentionné que ces résultats étaient encourageants, mais qu'il était important de continuer à mettre l'accent sur l'éducation, car la prise de conscience n'est que le début du cheminement. 

En 2022, les personnes interrogées autochtones ont déclaré que les groupes qui ont porté atteinte aux populations autochtones n'ont pas assumé l'entière responsabilité de leurs actes. Les répondants non autochtones étaient légèrement plus enclins à penser que les groupes en avaient fait assez, selon le rapport. 

L'étude a révélé que les attitudes des répondants autochtones n'ont pas changé entre 2021 et 2022 en ce qui concerne leur opinion sur les progrès réalisés par le Canada en matière d'excuses, de relations de nation à nation et d'égalité personnelle.

Les répondants ont obtenu des résultats similaires en ce qui concerne la qualité de vie des peuples autochtones. En moyenne, 23 % des personnes interrogées non autochtones et 26 % des personnes interrogées autochtones ont déclaré que les autochtones et les non-autochtones au Canada ont des conditions de vie égales, contre 28 % et 24 % respectivement en 2021. 

«Nous avons encore du travail à faire pour créer cette compréhension commune et empathique des droits de l'homme et de l'égalité dans cette société», soutient M. Moran. 

«Ce sont des choses que les gens peuvent demander à leurs politiciens de faire, nous pouvons en faire des questions électorales dans la société, et les décideurs politiques peuvent certainement redoubler d'efforts pour créer de meilleures politiques», dit-il.

Bien que le rapport ait constaté une légère augmentation de plusieurs autres mesures importantes de réconciliation, certains domaines n'ont pas connu de tendance positive, notamment l'implication de personnes non autochtones auprès de communautés autochtones.

Contrairement à d'autres projets qui suivent la mise en œuvre des 94 appels à l'action de la Commission de vérité et de réconciliation, la recherche du groupe s'est penchée sur les perceptions de la réconciliation qu'ont les autochtones et les non-autochtones au Canada. 

Selon les chercheurs, le suivi de la sensibilisation à la réconciliation peut motiver les personnes, les organisations et les gouvernements à agir. 

«La prise de conscience est vraiment un précurseur de la compréhension des histoires plus complexes qui ont créé le système des pensionnats et les inégalités personnelles et structurelles qui ont été causées par ces institutions», fait valoir M. Moran.

Brittany Hobson
Brittany Hobson / La Presse canadienne