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«On flotte sur un nuage, en gros.»
Le directeur artistique Patrice Vermette a déjà reçu un Oscar pour son travail sur le premier volet de l'épopée de science-fiction balayée par les sables Dune, mais, pour lui, obtenir une autre nomination pour la suite est «toujours impressionnant».
Contacté récemment à Budapest, l'artiste québécois a énuméré une série d'événements auxquels il prévoyait de participer dès son arrivée vendredi à Los Angeles, où des rassemblements presque consécutifs précèdent le gala télévisé qui doit avoir lieu dimanche.
«On flotte sur un nuage, en gros», dit Patrice Vermette à propos de la fanfare des Oscars, qui a commencé avec un flot d'appels, de textos et de vœux de succès le jour de la nomination.
Dimanche, lui et le décorateur de Dune: deuxième partie, Shane Vieau, de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, concourront pour le trophée des meilleurs décors contre les équipes du Brutaliste, de Conclave, Nosferatu et Wicked.
Dune: deuxième partie, réalisé par son compatriote québécois Denis Villeneuve, est également en lice pour les prix du meilleur son, des meilleurs effets visuels, de la meilleure photographie et du meilleur film, un prix prestigieux pour les producteurs qui reviendrait à Mary Parent, Cale Boyter et aux cinéastes canadiens Tanya Lapointe et Denis Villeneuve.
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En concoctant les visuels époustouflants du roman de Frank Herbert, Patrice Vermette a expliqué qu'il s'était inspiré de l'histoire elle-même et des personnages qui peuplent ses mondes étranges - parmi eux, la planète désertique d'Arrakis où d'énormes vers tueurs se cachent sous le sable, et le paysage noir et blanc étrange de Giedi Prime, dominée par un soleil noir.
Si vous voulez rendre les décors de science-fiction et du fantastique crédibles, il est «important d'ancrer les choses dans une réalité», explique le directeur artistique, précédemment nommé pour le film d'invasion extraterrestre de Villeneuve L'arrivée, qui mettait en scène d'énormes vaisseaux spatiaux ovales et des visiteurs heptapodes ressemblant à des calmars.
«Je pense que l'architecture devrait être une réponse ou une conversation avec les éléments dans lesquels ce décor existe. J’essaie de me mettre à la place de l’architecte», dit-il en montrant la ville d’Arrakis, Arrakeen, où les vents soufflent à 850 kilomètres à l’heure.
«Est-ce que je construirais tout droit? Non, je construirais tout en biais. Et puis, OK, il y a des vers qui se déchaînent dès qu’il y a une vibration ou un rythme, donc je ne construirais rien dans les dunes de sable. J’essaierais probablement d’ancrer la ville dans un rocher, car c’est assez sûr que les vers des sables n’y vont pas.»
Un monde avec une chaleur désertique intense signifiait que les intérieurs d’Arrakis avaient besoin de murs épais qui retiennent l’humidité et la fraîcheur. Ces espaces devaient également éviter la lumière directe du soleil, c’est pourquoi le décor de Vermette comprend un système de puits de lumière pour éclairer les intérieurs.
«Tout est dans le livre, mais ce qui est formidable avec les écrits de Frank Herbert, c’est qu’il ne donne pas toutes les réponses. Il donne juste des indices et laisse le reste à l’imagination du lecteur. Mais les indices sont là.»
Pour la planète impériale relativement luxuriante de Kaitain, le directeur artistique s'est inspiré de l'architecture de l'italien Carlo Scarpa, incitant même Denis Villeneuve à tourner sur la tombe Brion, le chef-d'œuvre de Scarpa, pour présenter l'empereur et la princesse, joués par Christopher Walken et Florence Pugh.
«Personne n'avait jamais tourné là-bas auparavant. Ils refusaient toujours les tournages. Mais quand ils ont appris que je faisais partie (de l'équipe) de «Dune» et qu'ils ont adoré la première partie, ils ont dit : "Eh bien, peut-être que nous serions intéressés de vous rencontrer"», se remémore-t-il à propos du joyau architectural de San Vito d'Altivole, près de Trévise.
«C'est en fait le premier endroit, depuis une trentaine d'années que je fais ce travail, où j'ai pleuré en le visitant. C'est tellement beau. L'attention portée aux détails de cet endroit est indescriptible», confie le Québécois.
Aimant jouer avec l'espace, les échelles et les proportions, Vermette décrit son approche «un peu comme celle d'un DJ: il faut créer un rythme pour rendre le voyage intéressant», un rappel à ses ambitions initiales de devenir producteur de musique.
«Il ne s'agit pas nécessairement de tout révéler d'un coup, dit-il. On découvre quelque chose. Puis vous tournez à un coin et "oh, il y a un autre rythme".»
Patrice Vermette explique qu'il a étudié la conception sonore à l'école, imaginant qu'il pourrait un jour composer des musiques de film. Il s'est porté volontaire comme assistant de production sur des publicités et des clips musicaux, pensant que cela pourrait l'aider à lancer sa carrière musicale. Ce n'est que lorsqu'il a été enrôlé pour remplacer un directeur artistique paresseux sur un clip musical qu'il a trouvé sa véritable vocation. Ce travail gratuit en a conduit à un autre, puis à un autre, où il a eu la liberté d'apprendre à tâtons.
Sa rencontre avec le regretté Jean-Marc Vallée est, de son avis, ce qui a véritablement lancé sa carrière. Avec Vallée, il a travaillé sur C.R.A.Z.Y., Victoria : Les Jeunes Années d'une reine et Café de Flore. Il a également noué un lien étroit avec Villeneuve, pour qui il a également travaillé sur Ennemi, Prisonniers et Sicario.
Maintenant, il a les yeux rivés sur un autre domaine: l'architecture. Patrice Vermette annonce collaborer avec une entreprise internationale pour construire des hôtels de luxe en Arabie saoudite, «ce qui a été un défi et un plaisir».
Il ne révèle rien du travail qui l'a amené à Budapest, mais assure que Montréal reste sa maison.
«C'est mon oasis. Je sais que je ne quitterai jamais Montréal, dit-il. En fait, en ce moment, la neige que nous avons à Montréal me manque.»