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Politique

L'appui de Freeland au gaz naturel liquéfié fait sourciller des détracteurs

Il s'agit d'un des éléments du plan proposé par Mme Freeland pour diversifier les exportations canadiennes.

Candidate à la succession de Justin Trudeau à la tête des libéraux fédéraux, Chrystia Freeland parle au cours d'une conférence de presse à Toronto, le 19 janvier 2025.
Candidate à la succession de Justin Trudeau à la tête des libéraux fédéraux, Chrystia Freeland parle au cours d'une conférence de presse à Toronto, le 19 janvier 2025.
/ La Presse canadienne

L'idée de la candidate à la succession de Justin Trudeau, Chrystia Freeland, de favoriser les exportations de gaz naturel liquéfié et de transformer le Canada en «superpuissance énergétique» fait sourciller des détracteurs.

L'ancienne ministre des Finances a publié le 5 février un communiqué sur l'emploi et la croissance économique. Elle y promettait de «saisir l'occasion de faire du Canada une superpuissance énergétique, qu'il s'agisse d'alimenter [ses] réseaux avec de l'hydroélectricité ou d'exporter du gaz naturel liquéfié à [ses] alliés».

Il s'agit d'un des éléments du plan proposé par Mme Freeland pour diversifier les exportations canadiennes afin de faire face au nationalisme économique du président américain Donald Trump.

Toutefois, certains, comme l'ancienne députée libérale Martha Hall Findlay, rappellent que le gouvernement libéral dont a fait partie Mme Freeland, s'est escrimé à limiter les capacités du Canada à exporter ses ressources énergétiques.

«Dois-je en rire ? lance Mme Hall Findlay, aujourd'hui directrice de l'École des politiques publiques de l'Université de Calgary. Cela serait drôle si ce n'était pas aussi frustrant.»

Elle souligne que Mme Freeland a été une figure importante du gouvernement Trudeau pendant près d'une décennie. «Ce gouvernement a tout fait en son pouvoir pour limiter notre capacité à exporter nos ressources énergétiques», reproche-t-elle.

Par exemple, le gouvernement de M. Trudeau a abandonné en 2016 le projet Northern Gateway et interdit le passage de pétroliers le long de la côte nord de la Colombie-Britannique. 

Selon Gary Mar, président de la Canada West Foundation, la négligence du gouvernement fédéral envers le secteur de l'énergie soulève des questions sur la crédibilité de Mme Freeland. «Ce gouvernement n'a pas été amical envers le développement des ressources naturelles. Personne ne parlait en faveur des industries pétrolière et gazière.»

L'organisation de Mme Freeland a rétorqué que le gouvernement Trudeau avait acheté le projet d'oléoduc Trans Mountain pour le maintenir en vie.

«Le bilan de Chrystia Freeland est indiscutable, affirme une porte-parole Katherine Cuplinskas. Elle a permis aux ressources canadiennes d'arriver sur les marchés tout en s'assurant de respecter les plus hautes normes environnementales.»

Mme Cuplinskas a aussi mentionné le Fonds de croissance du Canada et les crédits d'impôt à l'investissement pour la capture et le stockage de carbone.

Mme Hall Findlay, qui a quitté les libéraux pour appuyer des candidats conservateurs centristes, remarque l'absence de toute mention du mot pétrole dans le programme de Mme Freeland.

Elle croit que la stratégie de Mme Freeland est de tenter de plaire aux opposants de l'extraction de pétrole au sein du Parti libéral du Canada tout en essayant de se présenter comme une politicienne voulant adopter de bonnes politiques pour l'économie canadienne.

«Elle essaie de plaire aux deux parties. Elle dit vouloir favoriser les carburants fossiles, mais oublie de mentionner son principal moteur, souligne Mme Hall Findlay. Elle veut plaire à tout le monde, mais ne plaira à personne.»
- Martha Hall Findlay,  directrice de l'École des politiques publiques de l'Université de Calgary et ancienne députée libérale

Kathryn Harrison, professeure de sciences politiques à l'Université de la Colombie-Britannique, le programme de Mme Freeland est cohérent avec les politiques du gouvernement Trudeau qui a approuvé la construction de nouveaux terminaux pour le gaz naturel liquéfié.

Le gouvernement fédéral a investi des centaines de millions de dollars dans le complexe LNG Canada, à Kitimat, en Colombie-Britannique.

«C'est populaire, tranche la Pre Harrison. L'idée passe mieux auprès des électeurs parce que le gaz naturel semble plus propre que le pétrole.» 

On donne aussi l'impression que le Canada fait sa part en aidant les autres pays à s'éloigner des émissions de combustible lourd.

«Mais cela pose problème sur le plan environnemental et sur le plan économique», ajoute-t-elle. 

La Pre Harrison mentionne également que la demande mondiale pour le gaz naturel liquéfié pourrait atteindre un pic vers 2030.

Les groupes environnementaux disent que la production de gaz naturel liquéfié profiterait seulement aux riches Canadiens qui ont investi dans l'industrie des combustibles fossiles.

«Quiconque veut devenir le prochain premier ministre du Canada doit porter son attention à des solutions qui apporteront un soulagement économique aux Canadiens sans menacer la sécurité climatique», juge Matt Hulse, un avocat du groupe Ecojustice.

/ La Presse canadienne