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Société

Le syndicat des débardeurs de la Colombie-Britannique annule son préavis de grève

Le premier ministre Justin Trudeau a convoqué le Groupe d'intervention en cas d'incident pour discuter des moyens de pression en cours dans les ports de la Colombie-Britannique.

Les travailleurs en grève de l'International Longshore and Warehouse Union Canada font du piquetage à l'entrée d'un port à Vancouver, en Colombie-Britannique, le mardi 4 juillet 2023.
Les travailleurs en grève de l'International Longshore and Warehouse Union Canada font du piquetage à l'entrée d'un port à Vancouver, en Colombie-Britannique, le mardi 4 juillet 2023.

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La Presse canadienne
La Presse canadienne

Nouveau rebondissement dans le dossier de la grève des débardeurs de la Colombie-Britannique: le syndicat qui les représente a annulé mercredi soir le préavis de grève de 72 heures qui a fait craindre toute la journée que les ports de la province soient de nouveau paralysés samedi matin.

Dans un bref message envoyé aux membres en soirée, le président du International Longshore and Warehouse Union Canada, Rob Ashton, a annoncé que «le préavis de grève en vue du 22 juillet à 9h a été retiré», sans offrir plus de détails sur ce qui a motivé cette décision du syndicat.

L'Association des employeurs maritimes de la Colombie-Britannique a été informée de ce dernier développement, mais elle souhaitait obtenir des clarifications concernant l'impact sur un possible retour à la grève avant de commenter davantage.

Le préavis de 72 heures ayant été annulé, le syndicat ne peut reprendre sa grève samedi à moins de déposer un nouveau préavis, conformément au Code canadien du travail, comme l'indique une décision rendue mercredi matin par le Conseil canadien des relations industrielles.

   Environ 7400 débardeurs dans plus de 30 terminaux portuaires et autres sites en Colombie-Britannique sont impliqués dans ce conflit de travail, qui touche notamment le port de Vancouver, soit le plus gros au Canada.

Rencontre exceptionnelle à Ottawa

Quelques heures avant cette annonce du syndicat, le premier ministre Justin Trudeau avait convoqué le Groupe d'intervention en cas d'incident, qui est composé de ministres et de hauts fonctionnaires, à une rencontre au sujet du conflit de travail.

«Le Groupe a discuté des répercussions de la situation, qui a entraîné de graves perturbations des activités de la principale porte d'exportation et d'importation du Canada vers le monde. Les grèves qui ont eu lieu au début du mois ont déjà empêché des milliards de dollars de marchandises d'entrer dans les ports et d'en sortir, ce qui a gravement nui à notre économie, à la réputation du Canada en tant que partenaire commercial et à l'emploi au Canada», a rappelé le bureau de M. Trudeau dans un compte-rendu officiel.

«Le premier ministre a souligné qu'il était essentiel que les activités reprennent dès que possible dans nos ports. Les travailleurs et les employeurs du pays, et tous les Canadiens, ne peuvent pas être confrontés à de nouvelles perturbations. Le premier ministre a sollicité l'avis des ministres et des hauts responsables quant à la façon de réaliser cet objectif et il leur a demandé d'envisager toutes les options possibles pour assurer la stabilité de nos chaînes d'approvisionnement et pour protéger les emplois au Canada et notre économie.»

Le Groupe d'intervention en cas d'incident ne se réunit qu'en période de «crise nationale» ou pour discuter d'événements ayant des implications majeures pour le Canada. Il a aussi été convoqué pour des événements comme le début de la pandémie de COVID-19 en 2020, les blocus associés au mouvement `convoi de la liberté' l'année dernière et la rébellion de courte durée en Russie le mois dernier.

Journée mouvementée

La situation de la grève a évolué d'heure en heure mercredi en Colombie-Britannique.

D'abord, en matinée, le Conseil canadien des relations industrielles a statué que le retour des travailleurs sur les piquets de grève, la veille, était illégal, parce que le syndicat n'avait pas donné un préavis de 72 heures, comme l'exige la loi. Selon le Conseil, le syndicat avait plaidé qu'il n'avait pas besoin de donner un nouveau préavis puisque la grève était toujours officiellement en cours.

Les grévistes ont donc peu à peu rangé leurs pancartes et repris le travail, mais le syndicat a aussitôt publié un nouveau préavis de 72 heures, visant à se donner le droit de reprendre sa grève dès samedi matin.

Les réactions ont été immédiates. «C'est profondément décevant de voir que nous en sommes revenus au même point, mais je ne peux m'empêcher de penser que tout ce qui sépare les parties ne vaut pas cette perturbation. Ils doivent régler le problème à la table aussi rapidement que possible», a souligné le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, lors d'une conférence de presse sur un autre sujet.

Le premier ministre néo-démocrate a toutefois estimé que compter sur Ottawa pour adopter une loi spéciale de retour au travail ne réglerait pas rapidement ce conflit, avec un Parlement minoritaire à Ottawa. «Les deux parties doivent accepter leurs responsabilités de revenir à la table de bonne foi et de résoudre rapidement ce problème pour les Canadiens.»

Le préavis de grève a finalement été retiré mercredi soir, mais il était difficile de dire dans l'immédiat quelles seront les prochaines étapes dans ce dossier.

Première offre refusée

Les membres du syndicat avaient initialement choisi de reprendre leur grève amorcée le 1er juillet mardi après-midi après que leur exécutif syndical a rejeté l'entente de principe d'une durée de quatre ans proposée par un médiateur jeudi dernier.

Le syndicat a déclaré dans un communiqué qu'il «regrette» les impacts économiques de ses moyens de pression, mais qu'il souhaite qu'Ottawa «permette la tenue de négociations libres».

M. Ashton, le président du syndicat, a ajouté que l'exécutif syndical «n'était pas convaincu que l'accord du médiateur atteignait les objectifs des membres et a ordonné au comité de négociation de rechercher un accord négocié».

De son côté, le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, a dit évaluer «toutes ses options», ajoutant qu'il avait été déçu que l'entente de principe du médiateur n'ait pas été présentée aux membres du syndicat avant d'être rejetée par l'exécutif.

Le rejet de l'entente par le syndicat a ensuite poussé la Chambre de commerce du Canada et la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) à demander à nouveau au gouvernement fédéral de faire adopter aux Communes une loi spéciale afin de forcer le retour au travail des débardeurs.

«Jusqu'ici, la grève a déjà eu des répercussions très néfastes sur les PME partout au pays, a estimé la vice-présidente exécutive de la FCEI, Corinne Pohlmann, dans un communiqué. De plus, elle nuit à la réputation du Canada en tant que partenaire commercial fiable. Laisser la grève se prolonger davantage relève de la négligence et ne fera qu'empirer les perturbations de la chaîne d'approvisionnement.»

Robin Guy, vice-président et chef adjoint, Relations gouvernementales, à la Chambre de commerce du Canada, a déclaré que tout retard supplémentaire causerait plus de tort à l'économie canadienne. «Nous appelons le gouvernement et tous les partis à accepter de convoquer à nouveau le Parlement et à adopter immédiatement une loi de retour au travail.»

Le chef conservateur Pierre Poilievre a exigé mercredi du premier ministre qu'il `annonce un plan pour mettre fin à cette grève dans les prochaines 24 heures».

«On ne peut pas payer le prix, a-t-il dit en point de presse à Niagara Falls, en Ontario. Ça coûte cher aux travailleurs, aux consommateurs et aux entreprises. Il faut mettre fin à ça.»

Le ministre du Travail, Seamus O'Regan, a promis d'offrir plus de détails sur les prochaines étapes qui seront prises par le gouvernement fédéral dans ce dossier jeudi.

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