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Ce n'est pas un luxe d'avoir réservé 125 M$ à cet effet dans le budget du gouvernement du Québec, se réjouissent des intervenants auprès de Noovo Info, compte tenu du prix du vaccin et de son impact sur la vie des personnes qui sont atteintes du zona.
Saviez-vous que la vaccination contre le zona sera offerte gratuitement par le gouvernement Legault? C'est la raison pour laquelle le ministre des Finances, Eric Girard, a réservé une somme de 125 millions de dollars dans le budget 2023-2024 du Québec.
Et ce n'est pas un luxe de prodiguer gratuitement ce traitement aux quelque 800 000 personnes atteintes de cette maladie très douloureuse, de l'avis de plusieurs intervenants qui se sont entretenus avec Noovo Info. L'investissement tombera à point nommé pour tous ces gens qui doivent débourser le coût du vaccin de leur poche d’ici à ce que le programme soit mis en place – quoique certains peuvent se tourner vers leur régime privé d’assurance médicaments.
En plus de l'impact physique très incapacitant du zona, la maladie a pour l'instant un impact sur le portefeuille de ceux et celles qui en sont atteints, mais dont l'assurance ne couvre pas la vaccination: l’administration des deux doses prescrites coûte environ 300 dollars dans certaines pharmacies, à l'heure actuelle.
Quand on sait qu'environ une personne sur trois sera atteinte du zona dans sa vie, on calcule donc que la mise en place du programme de vaccination gratuite pour le zona par le gouvernement du Québec pourrait changer la vie de plusieurs personnes, selon la Dre Caroline Marcoux-Huard, cheffe de département de santé publique et médecin spécialiste en santé publique et en médecine préventive au CIUSSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
Pour comprendre la portée de cet investissement de Québec, il faut comprendre la nature de la maladie du zona.
«Le zona c’est un virus de la grande famille des virus de l’herpès», a expliqué la Dre Caroline Marcoux-Huard dans un entretien avec Noovo Info.
Le virus du zona est le même virus qui cause la varicelle. «C’est d’ailleurs la base; il faut déjà avoir été infecté par la varicelle pour que le virus du zona se développe plus tard», ajoute-t-elle.
La Dre Marcoux-Huard explique que lorsque le virus infecte une personne pour la première fois, c’est la varicelle qui se développe. Le virus va ensuite se loger dans des ganglions nerveux et il entre dans un stade de dormance. Le virus peut se réactiver chez certaines personnes au bout de quelques années.
«Au moment où il y a une réactivation, les gens vont ressentir une sensation de brûlure ou de douleur, de picotements et après quelques jours, nous constaterons une éruption cutanée», explique-t-elle.
Le zona va alors suivre une bande nerveuse au niveau de la peau, le dermatome. C'est «très douloureux».
Certaines personnes qui ont eu un zona continuent par ailleurs de ressentir la douleur longtemps après la disparition de l’éruption cutanée.
«C’est la névralgie post-herpétique. Cela peut durer des mois, voire des années. Cela peut être très incapacitant chez les gens. On estime que ça touche environ 20% des gens atteints du zona», précise la Dre Marcoux-Huard.
Selon des données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), on estime qu’il y a au Québec à chaque année environ 27 000 cas de zona, 600 hospitalisations et 10 décès causés par la maladie. La majorité des décès (80%) surviennent chez des personnes âgées de 80 ans et plus.
La Dre Caroline Marcoux-Huard indique qu'il y a plusieurs facteurs de risque liés à la réactivation du virus menant au zona, le principal étant la diminution du système immunitaire. L’âge en est un autre.
«On voit une augmentation des cas de zona chez les gens âgés de 50 ans et plus. La gravité du zona est aussi plus importante chez les gens plus âgés», précise la Dre Marcoux-Huard.
Les médecins voient des cas de zona chez les plus jeunes – quoique plutôt rares – généralement provoqués par des épisodes de grand stress, d’anxiété ou de grande fatigue.
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La Dre Marcoux-Huard suggère aux gens atteints de zona de discuter avec leur médecin ou leur pharmacien pour faire un choix éclairé concernant la vaccination, dont l'efficacité n'est toutefois plus à prouver.
«Le vaccin contre le zona est efficace à 90% pour la prévention et à 90% contre la névralgie post-herpétique, et ce, sur plusieurs années. C’est une option intéressante à considérer», croit-elle.
La Dre Marcoux-Huard souligne par ailleurs que la vaccination contre la varicelle, offerte aux tout-petits, «est un vaccin qui ultimement aura un impact sur le développement du zona».
«Ça réduit les risques que les générations futures, qui auront été vaccinées, développent un zona», mentionne-t-elle.
Le Réseau FADOQ réclamait la vaccination gratuite contre le zona depuis des années et se réjouit ainsi de l’engagement pris par le gouvernement du Québec.
«C'est une excellente nouvelle», affirme Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ.
Dès que des informations ont commencé à filtrer à ce sujet, la FADOQ a reçu des témoignages, des demandes de renseignement, rapporte-t-elle. «Il y a un engouement déjà.»
Au moment d'écrire ces lignes, on ignorait quand les gens pourront réclamer gratuitement le vaccin et quelle clientèle sera visée par cet accès gratuit. Tout ce que le gouvernement du Québec a annoncé jusqu’à maintenant, c’est d’avoir réservé 124,6 millions de dollars à cet effet dans son exercice budgétaire de l'année fiscale qui commence.
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En août 2010, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) a demandé à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) un avis du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) sur la pertinence d’inclure la vaccination contre le zona au Programme québécois d’immunisation (PQI).
En décembre 2017, les membres du CIQ ont recommandé de façon unanime la mise sur pied d’un programme de vaccination contre le zona selon un certain ordre de priorité incluant, entre autres, les personnes de 50 ans et plus immunodéprimées et les gens de 65 ans et plus.
Deux vaccins sont disponibles au Canada : le vaccin vivant atténué contre le zona Zostavax homologué en 2008 et le vaccin sous-unitaire Shingrix homologué en octobre 2017. «Les deux vaccins sont sécuritaires et efficaces pour réduire l’incidence du zona et de la NPH», selon l’INSPQ.
Au Canada, la province de l’Ontario a un programme de vaccination gratuite contre le zona. Introduit en janvier 2017, il vise les personnes âgées de 65 à 70 ans.
Depuis janvier 2022, le vaccin contre le zona est offert gratuitement pour les aînés et les aînées de l’Île-du-Prince-Édouard.
Le Yukon offre aussi le vaccin contre le zona à plusieurs groupes d’âge.
Au début du mois, un groupe de médecins demandait au gouvernement de l’Alberta d’offrir gratuitement le vaccin contre le zona aux personnes de plus de 50 ans. L’assurance maladie de l’Alberta couvre seulement le vaccin contre le zona pour les personnes de plus de 18 ans qui ont subi une transplantation d’organe.
Avec des informations de La Presse canadienne