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Économie

La Banque du Canada garde le taux directeur à 5%

La banque centrale indique que les taux d'intérêt plus élevés freinent nettement les dépenses, la consommation et les investissements des entreprises demeurant relativement stables cette année.

Reportage vidéo :
Nojoud Al Mallees
Texte :
Nojoud Al Mallees / La Presse canadienne

La Banque du Canada a terminé l'année avec un nouveau maintien des taux d'intérêt, alors que l'économie ralentit et que les prévisionnistes spéculent sur le calendrier des réductions de taux en 2024.

La banque centrale a annoncé sa décision de maintenir son taux d'intérêt directeur à 5 % mercredi, encouragée par le fait que les taux plus élevés contribuent à réduire l'inflation.

Voyez le compte-rendu de Cimon Charest dans la vidéo liée à l'article.

«Les taux d'intérêt plus élevés freinent nettement les dépenses: la progression de la consommation a été près de zéro durant les deux derniers trimestres et, malgré leur volatilité, les investissements des entreprises n'ont essentiellement pas progressé par rapport à il y a un an», a annoncé la banque centrale dans un communiqué de presse détaillant sa dernière décision de l'année.

La combinaison d'une croissance plus faible et d'un ralentissement du marché de l'emploi suggère que la demande n'est plus supérieure à l'offre dans l'économie, a ajouté la banque centrale.

Selon la Banque du Canada, ce ralentissement est nécessaire pour rétablir la stabilité des prix.

La décision prise mercredi n'a guère surpris, puisque c'est la troisième fois consécutive que la Banque du Canada choisit de maintenir son taux directeur inchangé.

Mais alors que les marchés financiers parient sur le moment où la banque centrale pourrait commencer à réduire ses taux – et que les Canadiens attendent avec impatience ce tournant – la banque centrale ne donne aucun indice sur le moment où cela pourrait se produire.

De nouvelles hausses de taux? Ce n'est pas impossible

Au contraire, elle laisse la porte entrouverte à de nouvelles hausses de taux.

«(Le conseil de direction) demeure préoccupé par les risques entourant les perspectives d'inflation et reste prêt à augmenter de nouveau le taux directeur si nécessaire», a précisé la banque centrale, notant qu'elle souhaitait voir les pressions sous-jacentes sur les prix s'atténuer davantage.

Mais les économistes et les observateurs du marché ne croient pas que d'autres hausses de taux sont réellement à l'ordre du jour.

«Ils essaient encore de parler durement. Ils essaient de dire aux gens qu'il n'est pas certain qu'ils vont réduire les taux d'intérêt, a affirmé Douglas Porter, économiste en chef de BMO. Mais très peu de gens les écoutent encore.»

Selon James Orlando, directeur économique du Groupe Banque TD, la banque centrale devra bientôt réduire ses taux d'intérêt, car le taux de chômage continue d'augmenter et les dépenses sont en baisse. Mais pour l'instant, il est logique que la banque centrale reste sur ses gardes.

«Le maintien de la politique monétaire aujourd'hui était la seule option pour la Banque du Canada», a écrit M. Orlando dans une note adressée à ses clients.

«Avec une inflation toujours supérieure à 3 %, nous comprenons pourquoi la Banque du Canada n'est pas prête à crier victoire.»
- James Orlando, directeur économique du Groupe Banque TD

Parallèlement, l'inflation a considérablement ralenti au cours de l'année écoulée, atteignant 3,1 % en octobre. Mais les économistes gardent à l'esprit que l'inflation a été quelque peu volatile ces derniers temps et qu'il faut davantage de preuves que les pressions sous-jacentes sur les prix s'atténuent.

Alors que les marchés financiers prévoient des baisses de taux dès le premier trimestre de l'année prochaine, certaines banques commerciales adoptent une approche plus prudente.

La Banque Royale du Canada, par exemple, s'attend à ce que la Banque du Canada commence à réduire les taux d'intérêt au cours du second semestre de l'année prochaine.

«Nous pensons qu'elle ne commencera à réduire ses taux qu'au second semestre 2024, une fois qu'il sera plus évident que l'inflation va vraiment revenir à son niveau cible et s'y maintenir», a affirmé l'économiste Claire Fan.

La prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux, qui sera accompagnée de la publication de son rapport sur la politique monétaire, est attendue pour le 24 janvier.

Le ralentissement de l'économie dans les mois à venir sera un facteur clé qui déterminera la décision de la banque centrale quant à la date de réduction des taux d'intérêt.

Plombée par des coûts d'emprunt plus élevés, l'économie canadienne a eu du mal à croître de manière régulière cette année. Le dernier rapport sur le produit intérieur brut (PIB) a montré que l'économie s'était contractée de 1,1 % sur une base annualisée au troisième trimestre.

Le marché du travail s'est également essoufflé, le taux de chômage augmentant progressivement pour atteindre 5,8 %.

Ces tendances devraient se poursuivre.

Selon M. Porter, l'économie canadienne n'a pas encore complètement absorbé les fortes hausses de taux de la Banque du Canada, ce qui laisse présager une année morose.

«L'économie essaie encore de digérer les hausses de taux des deux dernières années», a-t-il expliqué.

«Selon nos prévisions officielles, le PIB devrait augmenter de 0,5 % l'année prochaine, ce qui est extrêmement lent. Cela ne correspond peut-être pas à la définition d'une récession, mais la situation sera plutôt morose.»

Reportage vidéo :
Nojoud Al Mallees
Texte :
Nojoud Al Mallees / La Presse canadienne