Inflation: qui est responsable de la hausse du prix de l'épicerie?

Pour lutter contre les prix élevés, de nombreuses personnes ont commencé à utiliser des applications de gestion budgétaire et de coupons. Une récente enquête menée par le Laboratoire d'analyse agroalimentaire de l'Université Dalhousie à Halifax a révélé que 15,5% des répondants ont même commencé à cultiver leur propre nourriture au cours de la dernière année.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

Sur environ 5000 Canadiens interrogés, 45,5% disent avoir privilégié le coût par rapport à la nutrition lors de leur passage à l’épicerie. Cela pourrait être préjudiciable à long terme si le prix des aliments sains continue d'augmenter. Mais qui est responsable de la hausse des prix alimentaires? Malheureusement, aucune personne n'est responsable de l'augmentation des coûts alimentaires au Canada.

Voici certains des facteurs clés qui ont contribué à la hausse des prix des produits d'épicerie au cours des derniers mois.

1 – Les changements climatiques et conditions météorologiques extrêmes

Des feux de forêt dévastateurs continuent de faire rage à travers le Canada, détruisant des forêts et des terres agricoles. Outre les perturbations des cycles agricoles, ces incendies ont également causé des problèmes logistiques dans le transport des aliments, les véhicules ayant dû détourner leurs camions ou mettre les livraisons en attente jusqu'à ce qu'un itinéraire sûr soit disponible.

Une sécheresse en 2021 a également entraîné une forte baisse de la production de blé, de canola et d'orge domestiques dans les Prairies, qui sont des ingrédients clés de nombreux aliments de tous les jours.

Outre ces événements météorologiques extrêmes, les effets du changement climatique dans son ensemble devraient continuer à impacter les exploitations agricoles et la production agricole au Canada. Selon Agriculture Canada, les régions agricoles du pays devraient connaître des étés plus secs et des saisons hivernales et printanières plus humides dans les années à venir.

Cela pourrait entraîner une surabondance d'eau pendant la saison de plantation et un manque d'eau pendant la saison de croissance, ce qui pourrait entraîner une baisse de la production de cultures.

2 - Perturbations de la chaîne d'approvisionnement mondiale

La pandémie de COVID-19 a provoqué des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement à l'échelle mondiale, dont bon nombre ont affecté la capacité du Canada à importer rapidement et de manière fiable des aliments d'autres pays.

Cela a entraîné des coûts accrus pour les agriculteurs, les installations de production alimentaire, les entreprises de transport et les épiceries, ce qui a probablement entraîné une hausse des coûts d'épicerie pour les consommateurs au cours des dernières années.

3 - La guerre en Ukraine

L'Ukraine est souvent considérée comme le «grenier» de l'Europe, car elle est l'un des plus grands producteurs de céréales et de maïs du continent. Bien que le Canada produise une grande quantité de sa propre céréale, des sécheresses et des incendies récents ont réduit la production nationale, entraînant une plus grande dépendance à l'agriculture étrangère.

La guerre en cours en Ukraine a limité la capacité du pays à cultiver, produire et exporter en toute sécurité des produits agricoles. En mai, selon l'Organisation des Nations Unies, 90% des entreprises agricoles en Ukraine ont subi une perte de revenus et 12% ont signalé des terres contaminées par des mines. En 2022, la superficie ensemencée de céréales est passée de 16 millions d'hectares à 11,6 millions d'hectares.

4 - Hausses des prix de l'essence et de l'électricité

Les coûts de l'énergie continuent d'augmenter partout au Canada, l'Alberta ayant enregistré une augmentation de 122% des prix de l'électricité en août, par rapport à la même période de l'année précédente. De plus, les prix de l'essence et du diesel restent élevés partout au Canada.

Dans une entrevue avec le CTVNews.ca en août, Michael Manjuris, professeur et président des études en gestion mondiale à l'Université métropolitaine de Toronto, a attribué la hausse des prix de l'essence à de mauvaises conditions météorologiques et à un manque d'approvisionnement en pétrole brut.

Les exploitations agricoles, les fabricants de produits alimentaires, les épiceries et les entreprises de transport dépendent tous du carburant et de l'électricité pour maintenir leurs opérations. Les agriculteurs et les entreprises de transport doivent alimenter leur équipement et leurs camions, tout comme les entrepôts et les épiceries ont besoin d'électricité pour conserver les aliments en toute sécurité dans des unités climatisées.

Afin de suivre la production, les entreprises doivent payer des coûts énergétiques plus élevés, ce qui se traduit par des hausses de prix à tous les niveaux.

5 - Baisse de la valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain

Chaque année, le Canada importe des milliards de dollars de nourriture des États-Unis, selon les données de Trading Economics. Malheureusement, la valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain est restée faible, et 1 dollar canadien ne vaut actuellement que 0,73 dollar américain au moment d’écrire ces lignes - une baisse de 12% par rapport à 0,83 dollar américain, le taux de change enregistré en juin 2021.

Cela signifie que les dollars canadiens ont un pouvoir d'achat réduit pour les importations américaines, et il est plus cher pour les entreprises canadiennes d'importer de la nourriture de fournisseurs américains. Malheureusement, ces frais sont souvent répercutés sur les consommateurs.

6 - Tarification des épiceries

Plus tôt cette année, les présidents et les directeurs généraux des principales chaînes d'épicerie ont été interrogés par les membres du Parlement sur les prix élevés des produits d'épicerie. Les dirigeants de Loblaw Companies, Metro et Empire Company Limited sont apparus devant un comité parlementaire en mars, à la suite d'appels de politiciens fédéraux en faveur de davantage de transparence sur les facteurs contribuant aux bénéfices record.

À l'époque, les dirigeants des épiceries ont insisté sur le fait que l'inflation alimentaire n'était pas liée des pratiques de gonflement des prix. De plus, des experts comme Michelle Waslylyshen du Conseil canadien du commerce de détail ont déclaré que les prix des produits d'épicerie «dépendent largement de ce que les fournisseurs leur demandent de payer pour leurs produits».

Cependant, un nombre considérable de Canadiens ont affirmé qu'ils estiment que les épiceries sont responsables des coûts élevés des produits alimentaires. Cela ressort de l'étude du Laboratoire d'analyse agroalimentaire de l'Université Dalhousie mentionnée ci-dessus.

Selon l'enquête, entre 30 et 33% des répondants dans des provinces telles que la Colombie-Britannique, l'Alberta, l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et le Manitoba ont déclaré que le gonflement des prix était le principal problème derrière la hausse des prix des produits d'épicerie.

Finalement, il ne semble pas y avoir suffisamment de preuves pour conclure que les épiceries s'engagent directement dans des pratiques de gonflement des prix. Malgré cela, les grandes chaînes d'épicerie continuent de travailler avec le gouvernement fédéral pour lutter contre l'inflation alimentaire. Les PDG des cinq plus grandes chaînes d'épicerie du Canada ont récemment accepté de collaborer avec le gouvernement pour stabiliser les prix, bien que le processus puisse prendre plusieurs mois, selon le ministre de l'Industrie, François-Philippe Champagne.

Quelle est la voie à suivre pour les Canadiens ? Du climat extrême à la pénurie de main-d'œuvre, aux conflits mondiaux et à l'inflation, l'industrie alimentaire du Canada continue de subir des pressions. De plus, le Rapport sur les prix alimentaires du Canada en 2023, produit par quatre universités canadiennes, prédit une augmentation des prix des aliments de cinq à sept pour cent cette année, par rapport à l'année précédente.

Même si l'inflation diminue, le coût des produits d'épicerie demeure élevé. Continuez à lire pour découvrir certaines des raisons de cette situation.