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«Avec ce projet de loi, nous proposons un contrat social rassembleur qui unit tous les Québécois.»
Le gouvernement Legault entame la nouvelle session parlementaire à l’Assemblée nationale en ramenant les questions identitaires à l’avant-plan. Alors que le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, déposera jeudi un projet de loi pour revoir le modèle d’intégration des immigrants qui s’installent au Québec, le ministre Simon Jolin-Barrette devient responsable des Relations canadiennes et obtient le mandat de rédiger une constitution.
En point de presse mardi matin, le ministre Roberge s’est abstenu de donner beaucoup de détails sur le contenu de sa pièce législative. «Avec notre nouveau projet de loi, on va nommer un nouveau modèle, on va le définir, on va clarifier les règles du contrat social. (...) Il va y avoir aussi des mécanismes dans la loi pour s'assurer que les principes forts de la loi s'articulent et se vivent dans nos institutions. La mécanique pour y arriver, je vais la présenter jeudi», a-t-il expliqué.
Avec cette loi, le gouvernement veut aussi prendre le contre-pied du multiculturalisme canadien – «un projet auquel le Québec n’a jamais adhéré», selon M. Roberge.
Le ministre a indiqué que sa pièce législative s'inscrit dans la lignée de la loi 21 sur la laïcité de l’État et de la loi 96 qui vise à renforcer le français.
Devant les journalistes, Jean-François Roberge a été requestionné sur les nombreuses classes de francisation qui ont dû fermer faute d’argent en 2024. «Cette année, on aura francisé plus de personnes que jamais dans l’histoire du Québec. (...) L'an prochain, on va faire encore mieux. La liste d'attente pour Francisation Québec n'est pas là parce qu'on ne donne pas assez de cours, la liste d'attente est là parce qu'il y a trop de gens qui sont arrivés sur le territoire québécois», a-t-il assuré.
Le Parti québécois (PQ) caracole dans les sondages depuis plusieurs mois, alors que la Coalition avenir Québec (CAQ) est en deuxième place en termes de pourcentage. Questionné à savoir si l’idée de ramener la question identitaire avait pour objectif de tenter de regagner le cœur des Québécois, le ministre a répondu: «C'est n'importe quoi! Écoutez, lors du premier mandat du gouvernement de la CAQ, on a posé le geste d'adopter la loi 21 alors que nous étions premiers dans les sondages, et de très, très loin. On a fait la même chose avec la loi 96, où on a renforcé la Charte de la langue française. Donc, des gestes forts, identitaires pour assurer le modèle québécois, on les pose, peu importe les sondages. On les a déjà posés alors qu'on était numéro 1 et de très loin. Maintenant, on est numéro 2 dans les sondages, nos valeurs ne changent pas en fonction des derniers sondages.»
Les partis d’opposition à Québec n’ont pas manqué de souligner ce qu’ils considèrent comme de l'incohérence de la part du gouvernement dans les dossiers de l’immigration et de l’intégration.
«Quand on parle qu'il n'y a plus d'argent pour franciser les nouveaux immigrants, il a beau mettre ce qu'il veut dans sa loi, ce n'est pas comme ça qu'il va faire avancer le Québec, puis le français, puis la culture québécoise», a dit le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay.
«En ce moment, le gouvernement nous dit: On veut énoncer des beaux principes, on veut parler d'un contrat social, on veut parler d'un nouveau modèle d'intégration. (...) Mais en même temps, ils coupent dans l'éducation interculturelle. Il faut le faire. Comment est-ce qu'on peut être aussi incohérents?» a indiqué la porte-parole solidaire, Ruba Ghazal.
«Il y a des décisions, pendant sept ans, de manière constante, qui parlent de ce que la CAQ a fait ou n'a pas fait, et qui ont beaucoup d'impact sur notre modèle d'intégration, à savoir le sous-investissement dans la francisation, l'accueil et la perte de contrôle des seuils d'immigration temporaire comme permanente, en contravention de leurs engagements électoraux», a dit le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon.
Jean-François Roberge perd le dossier des Relations canadiennes, mais conserve l’Immigration, la Laïcité et la Langue française. C’est à Simon Jolin-Barrette que revient cette responsabilité.
Le premier ministre François Legault lui confie aussi la tâche de rédiger une constitution québécoise.
Cette initiative fait suite au rapport du Comité consultatif sur les enjeux constitutionnels qui a déposé son rapport en novembre dernier.
La première recommandation de ce rapport était de doter le Québec d’une constitution dans le but d’accroître l’autonomie de la province dans le Canada.
La dernière session parlementaire à Québec a notamment été ponctuée par la controverse à l’école Bedford quant à des manquements à la laïcité et un climat toxique imposé par des professeurs.
Des enquêtes ont ensuite été déclenchées dans une vingtaine d'écoles un peu partout au Québec. Les conclusions de ces enquêtes sont d’ailleurs attendues prochainement.
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a déjà indiqué sa volonté de déposer un projet de loi pour renforcer la laïcité dans les écoles.
Lors de la fin de la dernière session, le premier ministre François Legault a évoqué la possibilité d’interdire les prières en public.