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Les grèves en cours des acteurs et des scénaristes d'Hollywood ont monopolisé beaucoup d'attention cette année au Festival international du film de Toronto (TIFF), mais des membres de l'industrie cinématographique canadienne qui sont noirs, autochtones et de minorités visibles affirment que les obstacles auxquels ils sont confrontés n'ont pas été abordés.
Les cinéastes et acteurs noirs, autochtones et de minorités visibles affirment que même s'ils soutiennent les membres en grève à Hollywood, ils se battent eux-mêmes pour obtenir de la visibilité et du soutien de ce côté-ci de la frontière.
Kelly Fyffe-Marshall, cofondatrice des Sunflower Studios et réalisatrice du film «When Morning Comes» souligne que les grèves, bien qu'importantes, ne s'attaquent pas aux problèmes qui mènent à la sous-représentation des cinéastes racisés au Canada.
«En ce qui concerne le Canada, la grève n’aide pas exactement les cinéastes (noirs, autochtones et de minorités visibles)», a-t-elle déclaré lors d'un entretien téléphonique.
«Nous ne pouvons pas faire de grève pour quelque chose d’aussi fondamental qu’une plus grande visibilité, ce qui est un problème.»
Selon elle, le Canada «n'en est pas encore à ce stade.»
En 2021, le court métrage «Black Bodies» de Fyffe-Marshall a été sélectionné pour le Festival du film de Sundance, après avoir remporté le premier prix Changemaker du TIFF l'année précédente. Mais elle a souligné que personne dans les médias canadiens ne semblait s'en soucier jusqu'à ce que la cinéaste américaine Ava DuVernay fasse l'éloge de son travail dans un micromessage.
«C'était le vote de confiance dont j'avais besoin et grâce à ce tweet, cela a donné à d'autres personnes la confiance nécessaire pour couvrir le film, car j'avais cette co-signature», a-t-elle indiqué.
L'acteur et cinéaste canadien Henri Pardo, dont le long métrage en français et en créole «Kanaval» a été présenté en première au TIFF cette année, a dit qu'il a toujours été difficile de se faire connaître dans un pays comme le Canada, qui prend encore du retard lorsqu'il s'agit de défendre du contenu diversifié.
Pardo dit soutenir les grèves d'Hollywood, mais selon lui, l'accent mis par les médias sur le manque de célébrités sur les tapis rouges lors d'un festival auquel participent de nombreux cinéastes locaux soulève des questions.
Le cinéaste affirme que les voix des Noirs n’ont historiquement pas été incluses dans les grandes campagnes telles que la deuxième vague des mouvements féministes dans les années 1960 et 1970, et cela se voit également souvent dans les grands mouvements de travailleurs.
«Nous devons tenir compte de ces groupes lorsque nous traitons de grèves syndicales et nous assurer que les enjeux des (Noirs, Autochtones et minorités visibles) soient entendus», a-t-il indiqué.
«Oui, nous voulons tous plus de compensation et de protections (…) cela devrait être couvert, mais les Canadiens (noirs, autochtones et de minorités visibles) ici fonctionnent également dans des circonstances et des défis différents.»
Pardo a souligné le manque de main-d'œuvre diversifiée sur la plupart des plateaux de tournage canadiens et le fait que l'exploration de sujets tels que les questions raciales et l'identité sont souvent perçus comme des sujets inconfortables pour le grand public.
Le musicien jamaïcain-canadien Mark Clennon, qui a fait ses débuts au TIFF en tant que vedette du réalisateur M.H. Murray dans «I Don't Know Who You Are» espère que le festival pourra mettre en lumière ces enjeux.
«La grève est une grande protection liée au fait d’être dans cette industrie, point final. Mais il y a aussi le fait d'être un professionnel noir au Canada, où différentes dynamiques entrent en jeu», explique Clennon, dont le film est centré sur un musicien queer noir qui a subi une agression sexuelle et qui a besoin de médicaments préventifs contre le VIH qu'il n'a pas les moyens de se permettre.
«L'une des meilleures choses que j'ai entendues dire, c'est à quel point l'histoire d'un homme noir queer confronté à une agression est unique et intéressante.»