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Le Canada planifie depuis octobre une éventuelle évacuation de ses citoyens.
Lara Salameh devait prendre un avion afin de quitter Beyrouth jeudi pour se rendre à Montréal avec son mari et ses deux filles, mais la veille, leur vol a été annulé. Selon ses dires, Air France a évoqué la situation sécuritaire instable au Liban pour justifier l'annulation de son départ — une situation contre laquelle Ottawa a mis en garde alors que les craintes d'une guerre entre Israël et le Hezbollah grandissent.
Mme Salameh fait partie des 21 399 Canadiens enregistrés au Liban, un pays que le gouvernement fédéral exhorte ses citoyens à quitter. Ottawa prévient que les personnes qui se trouvent au Liban ne pourront compter sur des vols d’évacuation organisés par le gouvernement que si la guerre ravage ce pays.
Le Canada planifie depuis octobre une éventuelle évacuation de ses citoyens et a envoyé du personnel militaire au Liban et à Chypre pour se préparer.
Mme Salameh espère que son vol reprogrammé au 10 août décollera comme prévu, mais elle n’a aucun regret. Voyager dans son pays natal est plus que des vacances, a-t-elle mentionné jeudi lors d'une entrevue avec La Presse Canadienne depuis Beyrouth. C'est aussi l'occasion pour ses enfants de passer du temps avec leurs grands-parents, dont certains sont malades.
«Nous nous attendions à rester coincés ici, mais nous sommes quand même venus en famille», a relaté Mme Salameh, qui vit à Laval, ajoutant tout de même que la situation actuelle au Moyen-Orient l'avait fait hésiter avant de réserver le voyage de cette année.
La crainte que ses jeunes filles soient témoins de violences suscite certaines inquiétudes, a-t-elle avoué, mais jusqu’à présent, elle n’a personnellement constaté aucun signe de conflit. Si la situation se détériore, elle pourra se réfugier chez sa famille qui vit dans le nord du pays.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a exhorté les Canadiens présents au pays à rentrer immédiatement au pays.
«Si vous êtes au Liban, rentrez chez vous. Si les tensions s'aggravent, la situation sur le terrain risque de ne pas nous permettre de vous aider et vous ne pourrez pas partir. Planifiez en conséquence», a-t-elle averti dans une publication sur le réseau social X, mercredi.
Le gouvernement fédéral a aussi noté que certaines compagnies aériennes ont déjà suspendu leur service vers Beyrouth. «D'autres perturbations dans les transports sont probables, notamment des fermetures d'espaces aériens, et des annulations de vols», a-t-il écrit sur X.
Le chef du Hezbollah a averti jeudi que le conflit avec Israël est entré dans une «nouvelle phase». Il a tenu ces propos alors qu’il s’adressait aux personnes en deuil lors des funérailles d’un commandant du groupe qui a été tué par une frappe aérienne israélienne cette semaine à Beyrouth.
Israël affirme que le commandant en question était à l'origine d'une attaque à la roquette menée la fin de semaine dernière, lors de laquelle 12 jeunes ont été tués sur le plateau du Golan. Le Hezbollah a nié cette accusation.
Malgré tout, tous les Canadiens au Liban ne se précipitent pas pour rentrer au bercail.
Stephani Moukhaiber est née au Liban et y est retournée l'an dernier après avoir perdu son emploi. Celle qui vivait jusqu'à récemment à Montréal a déclaré jeudi qu’elle n’avait pas l’intention de fuir le Liban, même si les tensions s'accentuent.
Mme Moukhaiber est citoyenne canadienne et elle reçoit régulièrement des messages du gouvernement canadien l'avertissant de partir pendant que des vols sont encore disponibles.
«Je ne vais pas mentir: j'ai eu un moment d'insécurité où je me suis dit: "Je devrais peut-être y retourner"», a-t-elle reconnu lors d'un entretien téléphonique.
Mais elle a souligné que l'ambiance dans les montagnes, à l’extérieur de Beyrouth, est calme, en partie parce que les habitants ont vécu de nombreux conflits au cours des dernières décennies, notamment la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.
Et Mme Moukhaiber, dont les racines familiales sont liées aux territoires palestiniens, ne peut pardonner au Canada sa position dans la guerre entre Israël et le Hamas. Elle ne veut donc pas revenir au Canada, parce qu'elle estime que le pays n'en fait pas assez pour empêcher les Gazaouis d'être tués.
«Je préfère être ici en guerre plutôt que dans un pays qui ne croit pas en mon existence ou en mon droit d'exister», a-t-elle martelé.