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«Je suis un conservateur fédéral depuis 20 ans.»
À sa première apparition publique depuis son exclusion du caucus de la Coalition avenir Québec (CAQ) mardi, l’ex-whip du gouvernement Eric Lefebvre a défendu sa décision de se lancer avec les conservateurs de Pierre Poilievre en affirmant que c'était sa famille politique depuis deux décennies.
Il assure également que ses commettants vont le suivre lors des prochaines élections fédérales.
«Avant tout, je suis un conservateur fédéral depuis 20 ans», a lancé d'emblée Eric Lefebvre en mêlée de presse dimanche au centre des congrès de Victoriaville.
Il a tenu à rappeler qu’il a été candidat pour le Parti conservateur du Canada (PCC) en 2008. M. Lefebvre était alors arrivé en deuxième dans la circonscription de Richmond—Arthabaska, près de 9000 voix derrière le candidat élu, le bloquiste André Bellavance. Il a ensuite travaillé pour le ministre conservateur Denis Lebel. Ce dernier était d’ailleurs présent à Victoriaville pour donner son appui à son ami.
«Eric Lefebvre, c'est quelqu'un qui rencontre le monde, qui fait des accolades à tout le monde, qui connaît tout le monde», a affirmé l’ancien ministre conservateur.
M. Lefebvre a été élu une première fois avec la CAQ dans la circonscription provinciale d’Arthabaska en 2016 lors d’une élection partielle. Il a ensuite été réélu dans le même comté en 2018 et en 2022.
L’ex-caquiste qui siège maintenant comme indépendant a expliqué avoir reçu des appels au cours des derniers mois. «Il y a des députés conservateurs qui m'ont donné un coup de fil, pour voir mon intérêt. [...] J'ai eu une rencontre avec M. Poilievre», a-t-il dit.
«J'ai le goût de mettre l'épaule à la roue pour changer le gouvernement de Justin Trudeau qui, présentement, utilise la carte de crédit de nos enfants sans fin», a ajouté M. Lefebvre, qui n’a pas tardé à enfiler un t-shirt sur lequel on pouvait lire le nom de son nouveau chef.
Or, jusqu’à tout récemment, l’ancien whip caquiste faisait partie d’un gouvernement qui ne se gênait pas de faire des déficits. Le dernier budget du ministre des Finances, Eric Girard, prévoyait un déficit de 11 milliards $. «Y'a des choix qui ont été faits du côté du gouvernement provincial et je ne serai pas là pour jouer à la belle-mère», a-t-il dit en refusant de s’étendre sur le sujet.
Questionné à savoir comment il justifiait sa décision auprès de ses électeurs, Eric Lefebvre cite des micros-trottoirs réalisés au cours des derniers jours.
«Les gens ici en région souvent votent pour l'homme. Alors les gens sont prêts à me suivre», a-t-il assuré, ajoutant qu’il comptait «travailler très très fort».
Deux électeurs de la circonscription d’Eric Lefebvre rencontrés lors du rassemblement conservateur ne voyaient pas de problème à ce que leur député fasse le saut vers le fédéral.
«Il était conservateur avant. La CAQ c'est un pas de côté qu'il a fait. La politique c'est comme ça», a dit Adriano Amaral.
«Il a vu une porte qui s'ouvrait pour avoir une place meilleure et pour apporter du bien à nous les Québécois», a, pour sa part, affirmé Jean-Philippe Savard Brunelle, ajoutant qu’il allait appuyer Pierre Poilievre lors des prochaines élections fédérales.
Quelques centaines de conservateurs étaient rassemblés dimanche au centre des congrès de Victoriaville. Le chef Pierre Poilievre a annoncé qu’Eric Lefebvre sera candidat pour son parti dans la circonscription de Richmond—Arthabaska lors du prochain scrutin fédéral.
«On a un candidat extraordinaire ici (...) Merci Eric de faire partie de notre équipe conservatrice du gros bon sens !», a lancé M. Poilievre à ses militants.
Durant son discours, le chef conservateur a martelé ses thèmes habituels vêtu d’un t-shirt sur lequel on pouvait lire son désormais célèbre slogan : «Le gros bon sens». Il a critiqué les déficits des libéraux, promis de couper dans la bureaucratie et de combattre la criminalité.
«Ce qu'on avait besoin pour Richmond—Arthabaska c'était quelqu'un de connu et impliqué dans son milieu et je pense qu'on ne pouvait pas tomber mieux qu'avec M. Lefebvre», a soutenu le député conservateur de Mégantic—L'Érable, Luc Berthold.
C’est le député indépendant Alain Rayes qui est l’actuel député de la circonscription Richmond—Arthabaska. M. Rayes a quitté le caucus du PCC tout juste après l'élection de Pierre Poilievre à la tête du parti. Il avait appuyé Jean Charest dans la chefferie. Alain Rayes a déjà indiqué qu’il ne comptait pas se représenter.
Eric Lefebvre est le deuxième élu caquiste à quitter le caucus depuis le dernier scrutin provincial de 2022. La députée de Jean-Talon, à Québec, Joëlle Boutin, a démissionné en juillet dernier, arguant des considérations familiales.
Puisque Mme Boutin a laissé son siège vacant, une élection partielle a dû être tenue. La CAQ a perdu la circonscription de Jean-Talon au profit du Parti québécois (PQ). Comme M. Lefebvre est devenu député indépendant, il n’y aura pas d’élection complémentaire pour le remplacer pour l’instant.
Toutefois, l’article 17 de la Loi sur l’Assemblée nationale du Québec «prévoit que le siège d’un député devient vacant de facto s’il est nommé au Sénat canadien ou s’il est candidat à une élection fédérale ou à une élection provinciale dans une autre province».
Comme le scrutin fédéral se déroulera avant les prochaines élections provinciales, il y aura vraisemblablement une partielle pour faire élire un remplaçant à M. Lefebvre dans Arthabaska.
Alors que la CAQ bat de l’aile dans les sondages depuis plusieurs mois, les conservateurs de Pierre Poilievre caracolent dans les intentions de vote. Ils accusent toutefois un retard au Québec, où ils sont en troisième position derrière le Bloc québécois et les libéraux de Justin Trudeau, selon l’agrégateur de sondages 338Canada.