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Politique

Les conservateurs prévoient 4 ans de déficit et de grosses augmentations des recettes

«C'est un déficit libéral. C'était prévu avant les élections. Donc, ce n'est pas mon déficit, à moi.»

Le chef conservateur Pierre Poilievre s'exprime lors d'une conférence de presse à Vaughan, en Ontario, le mardi 22 avril 2025.
Le chef conservateur Pierre Poilievre s'exprime lors d'une conférence de presse à Vaughan, en Ontario, le mardi 22 avril 2025.
Nick Murray et 
Sarah Ritchie / La Presse canadienne

Le Parti conservateur a publié mardi une plateforme électorale qui prévoit 100 milliards $ de déficits au cours des quatre prochaines années, ainsi que des milliards de dollars de réductions d'impôt et de nouvelles recettes. 

«C'est un déficit libéral. C'était prévu avant les élections. Donc, ce n'est pas mon déficit, à moi c'était le déficit libéral, c'est un déficit que je vais réduire massivement», a lâché le chef conservateur Pierre Poilievre lors d'une conférence de presse à Vaughan, en Ontario, dans la matinée.

Il a affirmé que les conservateurs croient pouvoir réduire le déficit prévu pour cet exercice financier (46,8 milliards $) à 31,3 milliards $ grâce à une augmentation des recettes et à des réductions des dépenses.

La plateforme prévoit 20 milliards $ de recettes provenant des contre-mesures douanières imposées aux États-Unis pour cet exercice financier – un chiffre que M. Poilievre a dit avoir emprunté aux propres projections du gouvernement libéral.

«Je m'étais consacré auparavant de donner tout l'argent récolté par les tarifs en réduction d'impôts et en aide directe aux entreprises et aux travailleurs directement touchés. Et je vais garder cette promesse», a-t-il déclaré.

La plateforme conservatrice – la dernière des plateformes des principaux partis à être dévoilée – est publiée après quatre jours de vote par anticipation et seulement six jours avant les élections.

 

Elle comprend l'engagement du parti de réduire le taux d'imposition du revenu le plus bas de 15 % à 12,75 %. Elle précise également que la réduction d'impôt sera échelonnée sur quatre ans, un point que Pierre Poilievre n'avait pas mentionné lors de son annonce plus tôt durant la campagne.

Le parti prévoit que la réduction d'impôt coûtera un peu plus d'un milliard de dollars cette année, pour atteindre 13,6 milliards de dollars en 2028-2029.

Boom économique

Le chef conservateur a déclaré que son plan réduirait la bureaucratie, les consultants gouvernementaux et une partie de l'aide étrangère et libérerait des millions de dollars de croissance économique.

Le parti prévoit qu'un gouvernement conservateur engrangerait 12,8 milliards $ de nouvelles recettes grâce à l'augmentation de la construction résidentielle sur quatre ans.

Selon Pierre Poilievre, ce chiffre se fonde sur un rapport indiquant que le gouvernement perçoit environ 70 000 $ d'impôts sur la construction d'une nouvelle maison. Son parti promet de construire 2,3 millions de logements.

Le programme prévoit également un boom économique immédiat, déclenché par l'abrogation prévue de la Loi sur l'évaluation d'impact. Ce boom, a assuré le chef de parti, permettrait au gouvernement de «libérer un autre 500 milliards de dollars de croissance économique au cours des cinq prochaines années, afin de générer 70 milliards $ de revenus supplémentaires sans les hausses de taxes et d'impôts».

Pierre Poilievre a déjà déclaré qu'il instaurerait des droits de douane équivalents à ceux imposés par le président américain, Donald Trump, et qu'il chercherait immédiatement à entamer des négociations sur l'accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique afin de mettre fin à ces droits.

Les conservateurs affirment qu'ils atteindront l'objectif de l'OTAN en matière de dépenses de défense, soit au moins 2 % du PIB par an d'ici 2030, en augmentant «rapidement» les dépenses militaires, bien que le programme fournisse peu de détails.

Le programme prévoit 2 milliards $ supplémentaires de dépenses militaires au cours de cet exercice financier, et 17 milliards $ sur quatre ans.

Le Canada devait consacrer environ 41 milliards $ à la défense au cours de l'exercice 2024-2025, soit 1,37 % du PIB. Le directeur parlementaire du budget a indiqué dans un rapport publié l'automne dernier que les dépenses consacrées à la défense devront presque doubler pour arriver à 81,9 milliards $ afin d'atteindre l'objectif d'ici 2032.

Les conservateurs promettent également de réduire de 23 milliards $ les subventions du gouvernement sur quatre ans, un chiffre qui inclut leur promesse de couper le financement de CBC.

Le parti a dit s'engager «à préserver les services de Radio-Canada partout au pays» et «à maintenir tout financement en soutien à la culture québécoise et francophone». Il a également promis 25 millions $ pour soutenir les médias en langues autochtones et 25 millions $ supplémentaires pour l'Initiative de journalisme local.

Le plan de Pierre Poilievre promet aussi de rationaliser la fonction publique par attrition en remplaçant seulement deux fonctionnaires fédéraux sur trois qui partent à la retraite. Les conservateurs affirment également vouloir «éliminer les exigences en matière de diplôme universitaire pour la plupart des postes de la fonction publique fédérale pour recruter sur la base des compétences et non des diplômes».

Enfin, les conservateurs se sont engagés à réduire de 10,5 milliards $ les dépenses gouvernementales consacrées à ce qu'ils appellent les services de consultants, sans toutefois fournir d'explications détaillées sur la manière dont ils comptent y parvenir.

Les libéraux attaquent

Les libéraux et les néo-démocrates ont levé le voile sur leurs programmes chiffrés samedi, tandis que le Bloc québécois avait fait de même la veille.

Aussitôt le plan conservateur publié, les libéraux l'ont dénoncé. 

«Alors que le président Trump est en train de transformer en profondeur le système commercial international et qu’il menace directement l’économie et la souveraineté du Canada, Pierre Poilievre nous a ressorti les mêmes vieilles idées qu’il recycle depuis des années: plus de coupes, plus de divisions, plus de chaos. Ce n’est pas du changement», a déploré par communiqué le candidat libéral François-Philippe Champagne et ministre des Finances sortant.

«La plateforme de Pierre Poilievre cache des coupes dangereuses dans les programmes de soins de santé, de services de garde et de logement.»

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De passage à La Malbaie mardi, le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, n'a pas mâché ses mots à l'encontre de la plateforme conservatrice. «C'est Hocus Pocus», a lancé M. Blanchet, accusant le Parti conservateur de créer de l'argent comme par «magie» en faisant appel au secteur privé. 

Il a lui aussi reproché aux conservateurs l'envergure des coupes prévues dans la fonction publique, comparant Pierre Poilievre à Elon Musk et son département de l'efficacité gouvernementale (DOGE). «C'est d'une idéologie dont la viabilité ne peut pas être démontrée et dont les dangers économiques sont énormes», a insisté le chef du Bloc.

— Sarah Ritchie a écrit depuis Ottawa.

Nick Murray et 
Sarah Ritchie / La Presse canadienne