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Les constructeurs automobiles projettent de vendre beaucoup plus de véhicules à essence d'ici 2040 que ce qui serait compatible avec les objectifs de l'Accord de Paris.
L’industrie automobile mondiale prévoit vendre près de 400 millions de voitures à essence de plus que ce qui serait compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, selon une étude publiée jeudi par l’organisme de protection de l’environnement Greenpeace.
L’économie globale ne devrait pas produire plus de 315 millions de nouveaux véhicules à essence pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, alors que les grands constructeurs automobiles projettent d’en vendre quelque 712 millions d’ici 2040.
C’est ce qui ressort du rapport rédigé par des chercheurs de l’Université technologique de Sydney, en Australie, et du Center of Automotive Management (Bergisch Gladbach), en Allemagne.
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À la lumière de ces données, Greenpeace somme les constructeurs automobiles de cesser de vendre des véhicules diesel et à essence, y compris des véhicules hybrides, d’ici 2030.
Au Canada, le gouvernement fédéral s’est engagé à interdire la vente de véhicules à essence neufs à partir de 2035, tandis que le Québec espère qu’il y aura 1,6 million de voitures électriques sur son territoire en 2030.
Or, les conclusions de l’étude publiée jeudi «démontrent que le Canada et le Québec s’en vont dans la bonne direction, mais beaucoup trop lentement», estime Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie pour Greenpeace Canada.
Il rappelle que les véhicules à essence vendus d’ici 2035 vont rester sur la route «pendant 15 ans, voire 20 ans». La mesure promise par le gouvernement Trudeau n’est donc «pas alignée sur la science», selon lui.
«La science nous dit qu’on doit être carboneutres bien avant 2050 si on veut éviter des bouleversements climatiques catastrophiques», a martelé M. Bonin en entrevue à Noovo Info.
Ailleurs dans le monde, plusieurs pays ont déjà annoncé leur intention d’interdire la vente de véhicules diesel et à essence neufs d’ici 2030. C’est notamment le cas de l’Allemagne, de la Suède et des Pays, tandis que la Norvège s’est donné pour objectif de bannir les véhicules à émission dès 2025.
En plus de nuire à l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), les législations moins contraignantes au Québec et au Canada contribuent aux difficultés vécues par les Québécois qui souhaitent se procurer un véhicule électrique zéro émission (VZE), selon Patrick Bonin.
À l’heure actuelle, le temps d’attente pour se procurer certains modèles prisés de VZE dépasse deux ans.
«Si les gouvernements ne forcent pas la main des manufacturiers en mettant en place des législations contraignantes et ambitieuses, les constructeurs envoient les véhicules électriques vers les marchés les plus sévères», dit-il. Un phénomène que dénonçait récemment le président-directeur général de Mobilité électrique Canada, Daniel Breton, sur les ondes de Noovo Info.
«Présentement, les marchés les plus réglementés sont ceux où on retrouve le plus de véhicules électriques. Les constructeurs doivent envoyer leurs produits en Europe ou en Chine en priorité sans quoi ils sont pénalisés. C’est simple comme ça», affirmait M. Breton.
Au troisième trimestre de 2022, un peu plus de 13% des véhicules neufs achetés au Québec étaient 100% électriques, selon les données de la firme S&P Global Mobility. En comparaison, la proportion de véhicules électriques dans les véhicules vendus au troisième trimestre de 2021 était de 5,6% au Québec.
De quoi se demander à quoi ressembleraient les chiffres si les concessionnaires québécois avaient des véhicules électriques en inventaire, souligne M. Bonin.