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Politique

Logement: le gouvernement Trudeau appelle les maires à plus d'«ambition»

«On appelle tous les maires à travers le pays à faire preuve d'ambition, d'être là pour accepter les investissements du fédéral, pour accélérer la densification, la construction, l'accélération de zonage et de permis», a-t-il dit en point de presse.

La série de mesures vise à aider la population à faire face au manque de maisons et d’unités abordables. Elles incluent des changements au financement allant à des constructeurs qui n’ont pas bâti des projets déjà approuvés en raison des hauts taux d’intérêt.
La série de mesures vise à aider la population à faire face au manque de maisons et d’unités abordables. Elles incluent des changements au financement allant à des constructeurs qui n’ont pas bâti des projets déjà approuvés en raison des hauts taux d’intérêt.
Émilie Bergeron
Émilie Bergeron / La Presse canadienne

Le premier ministre Justin Trudeau a profité de son arrivée dans la ville ontarienne de London, où son caucus est réuni pour une retraite pré-sessionnelle, pour appeler les maires à passer à la vitesse «grand v» en matière de construction de logements.

«On appelle tous les maires à travers le pays à faire preuve d'ambition, d'être là pour accepter les investissements du fédéral, pour accélérer la densification, la construction, l'accélération de zonage et de permis», a-t-il dit mercredi en point de presse.

Il venait d'annoncer une première entente financière avec une municipalité canadienne - celle de London - dans le cadre du Fonds pour accélérer la construction de logements de 4 milliards $ dont la création a été annoncée pour la première fois dans le budget 2022.

Questionné à savoir pourquoi autant de temps a été nécessaire pour qu'une première annonce soit faite, M. Trudeau a renvoyé la balle dans le camp des maires.

«Il faudrait demander aux différents maires pourquoi ça a pris autant de temps», a-t-il laissé tomber, s'empressant d'ajouter qu'il se réjouissait d'être en mesure de présenter une première entente.

L'accord avec la Ville de London, qui s'élève à 74 millions $, doit permettre d'accélérer la construction de 2000 logements additionnels au cours des trois prochaines années.

Le Fonds pour accélérer la construction de logements, qui a officiellement vu le jour en mars dernier, vise à réduire les formalités administratives, à mettre à jour des politiques locales notamment sur le zonage. Ottawa mise aussi sur l'initiative pour que plus de logements soient construis et plus rapidement.

Le ministre du Logement, Sean Fraser, n'a pris aucun détour dans son message à l'adresse des maires.

«Si vous voulez (...) que le gouvernement fédéral arrive avec des investissements financiers qui vont soutenir directement votre capacité à construire plus de maisons, donnez-nous une raison, a-t-il lancé. Un nouveau standard a été établi et nous avons de nouvelles attentes.»

Au Québec, les Villes ne peuvent pas entamer formellement des négociations avec le fédéral en raison de dispositions de la loi provinciale M30, a indiqué, par après, le bureau du ministre Fraser.

Une entente doit d'abord survenir entre les gouvernements fédéral et québécois, a également signalé le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, ajoutant que tant Québec qu'Ottawa sont au fait «de la priorité que (la Ville) accorde à la crise du logement».

«C'est pour ça qu'on s'attend à une simplification des procédures entre les deux paliers parce qu'au final, les sommes qui sont prévues pour les villes doivent être acheminées aux villes', a déclaré l'attachée de presse de Mme Plante, Catherine Cadotte.

L'équipe de M. Fraser a fait savoir à La Presse Canadienne que ce dernier avait récemment rencontré la ministre de l'Habitation du Québec, France-Élaine Duranceau, et qu'il espérait pouvoir en arriver à une annonce bientôt.

Néanmoins, l'appel à l'action du gouvernement Trudeau s'adressait aussi aux municipalités québécoises, a-t-on ajouté, puisqu'on estime qu'elles peuvent effectuer un certain travail à l'avance.

Ne pas céder à la panique

Depuis que les libéraux ont commencé leurs rencontres de travail à London, ils martèlent qu'ils ont entendu les préoccupations des Canadiens sur l'accès au logement et qu'ils sont prêts à y répondre.

«On doit en faire plus. C'est pour ça qu'on va avoir des conversations parfois pas toujours faciles, parfois difficiles, mais nécessaires parce qu'on est un gouvernement qui est au pouvoir depuis maintenant huit ans, un gouvernement qui a fait face à plusieurs crises et à chaque fois, on a été capable de les surmonter», a dit mercredi la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, avant de rencontrer ses collèges députés du Québec.

Le message de recentrage des libéraux survient dans un contexte où une série de récents sondages les place loin derrière les conservateurs dans les intentions de vote.

Selon un coup de sonde de la firme Nanos mené au début septembre pour le compte de CTV, les Canadiens sont plus nombreux à faire confiance aux conservateurs (25  qu'aux libéraux (15  croit qu'aucun parti fédéral n'est digne de confiance à ce chapitre.

La SCHL a également publié un rapport mercredi concluant que le Canada doit toujours construire environ 3,5 millions de maisons de plus d'ici 2030 que ce qui est prévu s'il veut rétablir l'abordabilité.

Le ministre de l'Immigration, Marc Miller, estime que le gouvernement peut atteindre ses ambitieuses cibles d'immigration tout en s'attelant à augmenter l'offre du parc immobilier.

«Je pense qu'on peut faire les deux choses à la fois», a-t-il résumé. Il a semblé fermer la porte à une révision à la baisse de l'objectif général d'accueillir 500 000 immigrants par année d'ici 2025.

«Moi, je regarde les faits et (…) je ne suis pas une personne dogmatique. Je ne vois pas un monde, par contre, où on réduit les cibles surtout dans un contexte où on a besoin de (maintenir) notre PIB», a-t-il fait valoir.

M. Miller a affirmé que «96% et quelques miettes» du marché du travail canadien a été attribuable à l'immigration au cours de la dernière année.

«Qui dit main-d'œuvre au pays dit PIB. Alors est-ce que les gens veulent réduire le PIB du pays? Absolument pas», a-t-il conclu.

«De l'inquiétude»

Au cours des derniers jours, plusieurs membres du caucusse sont tournés vers divers médias, comme le réseau CBC, pour signaler sous le couvert de l'anonymat qu'ils croient que le message du gouvernement doit changer pour mieux résonner auprès de l'électorat. Plusieurs ont confié et qu'ils ne se sentent pas écoutés par M. Trudeau.

Le ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault, a affirmé en mêlée de presse qu'il considère qu'«il y a effectivement de l'inquiétude».

«Mais la dernière chose qu'il faut faire, comme le disait si bien le très célèbre livre The Hichhiker's Guide to the Galaxy: "Do not panic". Première chose à faire: il ne faut pas paniquer», a-t-il lancé en insistant sur le fait que des élections fédérales n'étaient pas près de survenir.

Au sortir de la réunion du caucus national, M. Miller a admis que les députés se sont dit «les vraies affaires» et qu'ils ne sont «pas toujours d'accord». Il a toutefois plaidé que c'est chose courante dans l'équipe et que c'est aussi le cas au sein d'autres partis.

«On est unis derrière le premier ministre et puis c'est évident qu'en même temps ce n'est pas une chorale. Les gens (…), il faut qu'ils s'expriment. Les caucus, c'est le milieu privilégié confidentiel pour que les gens le fassent (et expriment) ce qu'ils ressentent dans leur (circonscription).»

Tous les députés qui se sont adressés aux médias mardi matin ont défendu le leadership du premier ministre et sa capacité à mener la barque pour que les libéraux renversent la vapeur dans les intentions de vote.

«On est capables de se renouveler (…), d'avoir de nouvelles idées. C'est d'ailleurs pourquoi on se réunit ici», a lancé le lieutenant du Québec du gouvernement, Pablo Rodriguez.

«Il faut être à l'écoute, bien sûr, des préoccupations de la population, mais moi, le vent de panique, je n'adhère pas à ça', a renchéri M. Guilbeault.

De son côté, M. Trudeau s'est dit prêt et résolu à avoir des «discussions franches», mais a évité de confirmer tout sentiment de grogne au sein de son caucus.

Il a plutôt parlé des préoccupations des Canadiens. «Les gens ne veulent pas que les politiciens parlent d'eux-mêmes. (Ils) veulent que les politiciens se concentrent sur leurs défis et c'est exactement ce que nous allons faire», a-t-il offert comme réponse.

L'élu de la circonscription de Lac-Saint-Louis, Francis Scarpallegia, a fait valoir que la politique est faite «de hauts et de bas» et que certains députés surnommés les «nervous nellies» se préoccupent «peut-être un peu trop lorsqu'on frappe une bosse».

Émilie Bergeron
Émilie Bergeron / La Presse canadienne