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Économie

Locations à court terme: Montréal ignore les demandes d’Airbnb

Le règlement visant à limiter les locations à court terme, de type Airbnb, lors des mois d'été a été adopté.

/ Noovo Info

Les élus(es) de la Ville de Montréal - une majorité du moins - ont fait la sourde oreille devant les doléances d'Airbnb concernant le règlement visant à limiter les locations à court terme lors des mois d'été sur le territoire de la métropole et ont adopté mardi ledit règlement.

 

«Le règlement devrait entrer en vigueur dans les prochains jours», a confirmé à Noovo Info  l'un des responsables du cabinet de la mairesse Valérie Plante.

Des amendements refusés

L'Opposition officielle à la Ville de Montréal - Ensemble Montréal - a voté en faveur du Règlement concernant les établissements d'hébergement touristique, et ce, même si l'administration de Valérie Plante a refusé trois amendements soumis par celle-ci.

Ensemble Montréal voulait notamment que la période comprise entre le 15 décembre et le 15 mars soit ajoutée au calendrier des moments où sera permise la location d'hébergement à court terme, soit du 10 juin au 10 septembre de chaque année. L'amendement a été refusé.

Ensemble Montréal s'appuyait notamment sur une demande de Tourisme Montréal qui soulignait récemment dans son bilan annuel que «le nombre de visiteurs dans la métropole entre le 15 décembre 2024 et le 15 mars 2025 devrait enregistrer une hausse de 9,2 % par rapport à la saison hivernale précédente (...)».

L'Opposition officielle à la Ville de Montréal souhaitait également que la demande de permis pour l'exploitation d'un établissement d'hébergement touristique puisse se faire en ligne, et non seulement en personne, ce qui a aussi été refusé.

Les doléances d'Airbnb

Airbnb exhortait lundi les conseillers et les conseillères de la Ville de Montréal à s'opposer à cette politique.

Airbnb estimait que cette proposition, qu'elle qualifiait d'«extrême» et d'«à courte vue», mettait en péril plus de 400 millions de dollars d'activité économique et plus de 4 400 emplois, «y compris des emplois qui dépendent du tourisme, comme le commerce de détail et la restauration».

«Cette proposition mal conçue ferait grimper les prix des hôtels et rendrait les voyages plus coûteux pour les Québécois – dont près de 140 000 ont séjourné dans un Airbnb à Montréal l’an dernier – tout en affaiblissant la capacité de Montréal à attirer des visiteurs pour des événements majeurs qui alimentent le tourisme tout au long de l’année», déplorait Alex Howell, responsable des politiques pour le Canada chez Airbnb.

 

Selon le règlement élaboré par l'administration Plante, la location d'une résidence principale sur les plateformes de location à court terme sera autorisée uniquement durant trois mois, entre le 10 juin et le 10 septembre. Le nouvel encadrement prévu par la Ville de Montréal permettra aux inspecteurs de remettre directement des constats d'infraction de 1000 dollars aux contrevenants.  Des amendes supplémentaires de 2 000 $ pourront aussi être données par jour de récidive.

L'idée derrière cette décision est de libérer des logements pour les locataires montréalais.

Des pertes financières importantes

Mme Howell estimait que la réglementation de la Ville de Montréal aurait aussi comme effet de «punir injustement des résidents qui partagent leur propre espace, dont plus de la moitié dépendent de ces revenus pour payer leur logement en pleine crise du coût de la vie».

Airbnb note qu'en 2024, les hôtes Airbnb de Montréal ont accueilli près de 340 000 arrivées de voyageurs canadiens, dont près de 140 000 Québécois. L'entreprise précise que du 11 septembre 2023 au 9 juin 2024, les hôtes Airbnb de Montréal ont accueilli plus de 400 000 arrivées de voyageurs du monde entier, «des visiteurs que Montréal met en péril à compter de septembre».

Airbnb est aussi d'avis que la restriction imposée par la Ville de Montréal aura des impacts majeurs lors d'événements importants, comme le Grand Prix de Montréal 2026. «En 2024, plus de 16 000 visiteurs ont séjourné dans un Airbnb durant le week-end du Grand Prix. Celui de 2026 se déroulera en dehors de la période autorisée», souligne l'entreprise.

L'entreprise soulignait également que le Québec - incluant Montréal - possède déjà l'une des réglementations «les plus strictes au monde» en matière de location à court terme, incluant une restriction aux résidences principales. «Pour pouvoir opérer sur la plateforme, les hôtes doivent fournir leur certificat CITQ à la plateforme. Les hôtes remplissent un avis de conformité auprès de la Ville de Montréal avant que le gouvernement du Québec ne délivre leur certificat CITQ», expliquait Airbnb.

«La ministre du Tourisme du Québec elle-même a affirmé que le taux de conformité dans la province est élevé et que cette mesure nuira à la réputation de Montréal ainsi qu’au tourisme», rappellait aussi Airbnb.

Airbnb affirmait par ailleurs que son modèle d'affaires n'a «aucun impact significatif sur l’offre ou l’accessibilité des logements dans la grande majorité des communautés canadiennes». «La cause réelle de la crise du logement abordable est le manque d’offre pour répondre à la demande», soutient l'entreprise.

Lutte à l'hébergement illégal

Le gouvernement du Québec - et plusieurs villes de la province aussi - tente depuis quelques années maintenant de lutter contre l'hébergement touristique illégal. Le projet de loi 25, adopté en juin 2023 et entrée en vigueur en septembre de la même année, est venu serrer la vis des différentes plateformes oeuvrant dans ce secteur, dont Airbnb.

À lire aussi : Il est temps de bannir Airbnb, selon des groupes en logement

Depuis l'entrée en vigueur des nouveaux règlements, les hébergements sur les plateformes en ligne sont tenus d'avoir un numéro d'enregistrement et une date d'expiration de celui-ci pour chaque annonce. 

En avril 2024, la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, annonçait que plus de sept mois après l'entrée en vigueur de nouvelles obligations à la Loi sur l'hébergement touristique, le taux de conformité est de 90% pour les offres diffusées de manière simultanée en janvier et février 2024 sur les plateformes Airbnb et Vrbo.