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Depuis 2024, janvier est le mois de la sensibilisation au cancer chez les pompiers au Canada puisque le cancer est la principale cause de décès chez ces derniers.
La représentation qu'on se fait des pompiers est souvent celle d'hommes et de femmes courageux combattant des incendies au risque de leur vie. Or, les flammes ne sont pas le plus grave danger pour les pompiers: c'est le cancer associé aux substances chimiques et à la fumée.
Depuis 2024, janvier est le mois de la sensibilisation au cancer chez les pompiers au Canada puisque le cancer est la principale cause de décès chez ces derniers.
Selon Santé Canada, les pompiers ont un risque de décès par cancer 14 % plus élevé que la population générale. Les données canadiennes sur les demandes d'indemnisation pour accident du travail indiquent que le cancer est à l'origine de plus de 85 % des demandes d'indemnisation pour décès liés à l'exercice de leurs fonctions chez les pompiers.
Le risque accru de recevoir un diagnostic de cancer — 9 % plus élevé chez les pompiers que le reste de la population — s'explique entre autres par le fait que les pompiers sont souvent exposés à la fumée des feux ainsi qu'à des substances chimiques toxiques libérées par la combustion de matériaux et les mousses extinctrices.
«C'est inacceptable. Chaque jour, les pompiers risquent leur vie pour protéger nos communautés ; il convient donc de les protéger aussi», a déclaré dans un communiqué, lundi, le ministre fédéral de la Santé, Mark Holland.
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Selon Chris Ross, président de l'Association des pompiers de Montréal et du Regroupement des associations des pompiers du Québec (RAPQ), «il reste encore beaucoup de travail à faire pour améliorer la prévention, le dépistage et la prise en charge de cette maladie».
Il existe notamment des disparités sur la reconnaissance des cancers pouvant être liés au travail des pompiers. Le Québec reconnaît neuf types de cancer liés à cette profession: poumon, rein, mésothéliome, vessie, larynx, myélome, lymphome non hodgkinien, peau et prostate. M. Ross a précisé que six autres types de cancer, dont la leucémie, le cancer du cerveau et du sein, devraient être ajoutés à la liste du Québec au courant de l'année 2025.
L'Ontario reconnaît plus du double de cancers présumément liés au travail des pompiers que le Québec, dont le cancer de l'ovaire, de la thyroïde, du col de l'utérus, du pénis et du pancréas. Le chef de file au pays est la Saskatchewan avec 22 cancers reconnus.
Selon le gouvernement ontarien, 50 à 60 pompiers meurent du cancer en moyenne chaque année au Canada, et la moitié d’entre eux viennent de l’Ontario.
Depuis plusieurs années déjà, les pompiers ont adopté le port du masque pour se protéger de tous les types de fumée, pas seulement les fumées noires. Mais la contamination par l'absorption de la peau est un problème complexe pour lequel il n'y a pas encore de solution.
«Il va falloir qu'on trouve une façon d'empêcher que les contaminants passent au travers de la peau. À moins que dans le futur on identifie un autre risque qu'on ne connaît pas, aujourd'hui c'est vraiment par la peau et il n'y a pas de solution là-dessus encore», a indiqué M. Ross.
De plus, les habits de protection des pompiers comportent des composantes chimiques pour les protéger de la chaleur et les rendre plus imperméables, mais ces composantes sont cancérigènes.
Le développement de meilleurs équipements de protection est un défi de taille puisque l'absorption par la peau est plus grande lorsque la personne a chaud et que sa peau est humide. «Quand on parle d'un pompier, c'est sûr qu'on est souvent mouillé et qu'on va avoir chaud dans un habit de combat», témoigne M. Ross, qui explique que les habits de protection doivent respirer.
«Je rentre dans un milieu où il fait 600 degrés, je dois travailler, tenter de sauver des gens, et je dois être obligé d'évacuer le bâtiment par la suite. Je ne peux pas mettre quelque chose qui est étanche sinon je vais marcher 15 pieds et je ne serai plus capable de travailler», expose le président du RAPQ.
Il a par ailleurs soulevé que Montréal est la ville de la province avec le plus d'incendies et le plus de pompiers en exercice, ce qui en fait de facto la ville la plus touchée par le cancer chez les pompiers. Parmi tous les décès de maladies professionnelles chez les pompiers du Québec, 90 % sont à Montréal.
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En 2024, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a reconnu que neuf pompiers de Montréal sont décédés de maladies professionnelles. «C'est exceptionnel, lance M. Ross. [...] À l'intérieur de cinq à dix ans, on va avoir perdu plus de pompiers au cancer qu'on va en avoir perdu au combat d'incendie dans les derniers 150 ans.»
M. Ross fait valoir que l'attention publique n'est pas la même lorsqu'un pompier meurt dans une intervention qu'un décès par cancer. Il se réjouit des efforts des gouvernements pour sensibiliser le public sur cet enjeu.
Dans sa déclaration, le ministre Holland a souligné qu'en octobre dernier, il a déposé le Cadre national sur les cancers liés à la lutte contre les incendies, qui est le fruit de consultations d'organisations de pompiers, de prestataires de soins de santé et de partenaires autochtones, notamment. Cette initiative vise à ce que Santé Canada améliore l'accès des pompiers aux services de prévention et de traitement du cancer.
Parallèlement au dépôt du Cadre, le gouvernement fédéral avait annoncé un financement de 12 millions $ pour l'amélioration de la santé et de la sécurité des pompiers. La somme doit servir entre autres à créer un registre des cas de cancer chez les pompiers, dirigé par Statistique Canada, pour combler les lacunes en matière de données.