Début du contenu principal.
Le siège qui a duré des mois et qui a laissé la ville en ruines, et le drame des combattants acharnés retranchés dans une aciérie qui résistaient aux forces russes ont transformé la ville portuaire stratégique en un symbole mondial de souffrance et de déf
Des centaines d’autres combattants ont émergé du bastion de Marioupol où ils ont livré leur dernier combat et se sont rendus, a annoncé la Russie jeudi, et la Croix-Rouge s’est efforcée de les enregistrer comme prisonniers de guerre.
Pour tous les développements sur le conflit en Ukraine, cliquez ici
Un siège qui a duré des mois et qui a laissé la ville en ruines, et le drame des combattants acharnés retranchés dans une aciérie qui résistaient aux forces russes ont transformé la ville portuaire stratégique en un symbole mondial de souffrance et de défi. Alors que l’Ukraine déclarait que leur mission était terminée, les combattants ont reçu l’ordre de sauver leur vie, et l’attention internationale se concentre sur la manière dont ils seront traités.
L’armée russe a annoncé qu’un total de 1730 soldats ukrainiens terrés dans l’aciérie d’Azovstal se sont rendus depuis lundi. Au moins certains ont été emmenés par les Russes vers une ancienne colonie pénitentiaire située sur un territoire contrôlé par des séparatistes soutenus par Moscou, et un responsable séparatiste a déclaré que ceux qui avaient besoin d’une assistance médicale étaient hospitalisés.
Le Comité international de la Croix-Rouge a indiqué avoir enregistré des centaines de prisonniers de guerre de l’usine, à partir de mardi, dans le cadre d’un accord entre la Russie et l’Ukraine. L’agence humanitaire basée à Genève, dont la mission est d’assurer le respect du droit international humanitaire pendant les conflits, a déclaré que le processus d’enregistrement comprenait l’obtention des informations personnelles de base des soldats.
Des membres du personnel de la Croix-Rouge se rendent dans leurs véhicules à l'aciérie assiégée d'Azovstal à Mariupol pour observer l'évacuation des militaires ukrainiens. | Crédit photo - Associated Press
L’Ukraine a dit espérer récupérer les soldats lors d’un échange de prisonniers, mais la Russie menace d’enquêter sur certains pour crimes de guerre.
On ne sait pas combien de combattants se trouvent toujours dans le dédale de tunnels souterrains et de bunkers de l’usine. La Russie avait précédemment estimé qu’elle avait combattu quelque 2000 soldats sur le site au bord de l’eau.
L’évacuation de l’usine permettrait à la Russie de revendiquer le contrôle total de Marioupol, une victoire longtemps recherchée mais qui revêt une importance largement symbolique à ce stade puisque la ville est déjà effectivement sous le contrôle de Moscou et que la plupart des forces russes qui étaient retenues sur place par les combats interminables sont déjà parties.
Pourtant, ce serait une victoire claire dans une guerre qui a vu Moscou subir une série de revers face à une résistance ukrainienne plus farouche que prévu. Les troupes de Kyiv, renforcées par des armes occidentales, ont contrecarré l’objectif initial de la Russie de prendre la capitale et les ont depuis embourbées dans le Donbass, la région orientale sur laquelle le président Vladimir Poutine a désormais des vues.
Le succès surprenant des troupes ukrainiennes face à une force armée plus importante et meilleure a renforcé la confiance de Kyiv, et un haut responsable l’a fait savoir jeudi.
Mykhailo Podolyak, un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a participé à plusieurs séries de pourparlers avec la Russie, a déclaré dans un gazouillis adressé à Moscou : «Ne nous proposez pas de cessez-le-feu, cela est impossible sans le retrait total des troupes russes».
«Jusqu’à ce que la Russie soit prête à libérer complètement les territoires occupés, notre équipe de négociation est composée d’armes, de sanctions et d’argent», a-t-il écrit.
Ses troupes ne progressant que lentement sur le champ de bataille, M. Poutine a également perdu du terrain sur le front diplomatique. La Suède et la Finlande ont récemment abandonné des générations de non-alignement militaire pour demander à rejoindre l’OTAN, craignant que la Russie ne s’arrête pas à l’Ukraine.
Mais leur adhésion à l’alliance militaire occidentale s’est heurtée à des difficultés en raison des objections de la Turquie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réitéré jeudi son opposition à l’adhésion des pays nordiques. Chacun des 30 pays de l’OTAN dispose d’un droit de veto effectif sur les nouveaux membres.
Sur le champ de bataille, l’armée ukrainienne a indiqué jeudi lors de son briefing du matin que les forces russes avaient poursuivi leur offensive dans diverses sections du front du Donbass, mais qu’elles avaient été repoussées avec succès.
Lors des bombardements russes qui ont commencé mercredi et se sont poursuivis tôt jeudi, quatre civils ont été tués dans la ville de Sievierodonetsk, a déclaré le gouverneur de Lougansk, Serhiy Haidai. Trois autres civils ont été blessés dans l’attaque.
Les autorités séparatistes de la région de Donetsk dans le Donbass, quant à elles, ont déclaré que deux civils avaient été tués et cinq blessés dans des bombardements ukrainiens au cours des dernières 24 heures.
Du côté russe de la frontière, le gouverneur de la province de Koursk a révélé qu’un chauffeur de camion avait été tué et plusieurs autres civils blessés par des bombardements depuis l’Ukraine.
Pendant ce temps, lors du premier procès pour crimes de guerre organisé par l’Ukraine, un soldat russe capturé a plaidé coupable mercredi d’avoir tué un civil et risque une possible prison à vie.
Le sergent russe Vadim Shishimarin, 21 ans, a reconnu avoir abattu d’une balle dans la tête un Ukrainien non armé de 62 ans, à travers la vitre d’une voiture dans les premiers jours de la guerre. Le procureur en chef de l’Ukraine a déclaré qu’une quarantaine d’autres affaires de crimes de guerre étaient en cours de préparation.
Marioupol était une cible des Russes dès le départ alors que Moscou cherchait à ouvrir un couloir terrestre entre son territoire et la péninsule de Crimée, qu’elle a saisie à l’Ukraine en 2014, mais les défenseurs de la ville se sont accrochés à l’aciérie pendant des mois, empêchant la Russie de terminer son occupation de la ville.
La ville (sa population d’avant-guerre d’environ 430 000 habitants maintenant réduite d’environ les trois quarts) a été en grande partie réduite en ruines par des bombardements incessants, et l’Ukraine affirme que plus de 20 000 civils y ont été tués.
Les États-Unis ont recueilli des renseignements qui montrent que certains responsables russes craignent que les forces du Kremlin à Marioupol commettent des abus, notamment en battant des responsables de la ville, en les soumettant à des décharges électriques et en cambriolant des maisons, selon un responsable américain au fait des conclusions.
Les responsables russes craignent que les abus n’incitent davantage les habitants à résister à l’occupation et que le traitement aille à l’encontre des affirmations de la Russie selon lesquelles son armée a libéré les russophones, selon le responsable, qui n’était pas autorisé à commenter.
L’attention internationale est également concentrée sur la façon dont la Russie traite les combattants qui se rendent à Marioupol. Amnesty International avait fait pression pour que la Croix-Rouge ait accès aux troupes. Denis Krivosheev, directeur adjoint d’Amnesty pour la région, a cité des meurtres qui auraient été perpétrés par les forces russes en Ukraine et a déclaré que les défenseurs d’Azovstal «ne doivent pas subir le même sort».
La Croix-Rouge n’a pas précisé le nombre de prisonniers de guerre qu’elle a enregistrés à l’usine sidérurgique de Marioupol, mais a dit qu’ils se comptaient par centaines. Elle a ajouté que son équipe n’avait pas transporté les combattants «aux endroits où ils sont détenus».
Mais la Croix-Rouge a cité les règles des Conventions de Genève dans sa déclaration, notant qu’elle devrait être autorisée à interroger des prisonniers de guerre «sans témoins» et que les visites avec eux ne devraient pas être «indûment restreintes».
Les Conventions de Genève sont un corps de droit international réglementant le traitement des civils, des prisonniers de guerre et des autres non-combattants pendant la guerre qui vise à garantir leur traitement humain.
Denis Pushilin, le chef du gouvernement séparatiste autoproclamé soutenu par la Russie à Donetsk, une région qui comprend Marioupol, a assuré que les représentants de la Croix-Rouge avaient été autorisés à inspecter le centre de détention, mais cela n’a pas pu être immédiatement vérifié.
Le principal organe d’enquête fédéral russe a annoncé qu’il avait l’intention d’interroger les troupes qui se rendaient pour «identifier les nationalistes» et déterminer s’ils étaient impliqués dans des crimes contre des civils. En outre, le plus haut procureur de Russie a demandé à la Cour suprême du pays de désigner le régiment ukrainien Azov (parmi les troupes qui composaient la garnison d’Azovstal) comme une organisation terroriste. Le régiment a des racines dans l’extrême droite.
Voici le récapitulatif de l'actualité de la journée en Ukraine par Sabrina Rivet au bulletin Noovo Le Fil 17 animé par Noémi Mercier.