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Justin Trudeau a fait connaître son offre lundi après-midi. Ce chiffre a déçu François Legault.
Le premier ministre François Legault est sorti déçu lundi de son entretien avec Justin Trudeau pour régler le problème de l'immigration temporaire. Ottawa met 750 millions $ sur la table, mais le Québec réclame des cibles claires de réduction de 50 % en un an du nombre de demandeurs d'asile et des travailleurs du Programme de mobilité internationale (PMI), tous deux sélectionnés par le fédéral.
«On a obtenu certaines avancées, mais il y a encore beaucoup de travail à faire. Le gouvernement fédéral s'engage à réduire de façon "significative " — là j'utilise ses mots — le nombre de résidents non-permanents à court terme. On salue cet objectif, mais malheureusement y'a pas de chiffres. Donc on ne sait pas ce que ça veut dire», a dit M. Legault en point de presse lundi à l'issue de sa rencontre avec son homologue fédéral, Justin Trudeau, au Château Frontenac à Québec.
Le premier ministre québécois a dit qu'il allait prendre le 750 millions $ mis sur la table par le fédéral, même s'il exigeait plutôt 1 milliard $. «On va essayer de continuer à demander d'avoir 1 milliard $», a dit M. Legault.
Le fédéral s'est aussi engagé à traiter plus rapidement les demandes des demandeurs d'asile et à favoriser leur «déplacement volontaire» vers d'autres provinces canadiennes. Ottawa veut aussi renvoyer plus rapidement les «étrangers interdits de territoire».
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Le gouvernement fédéral promet de faire passer le temps pour la délivrance des permis de travail pour les demandeurs d'asile de 100 jours à 30 jours. Également, il va exiger une connaissance du français pour certaines catégories de travailleurs issus du PMI qui renouvellent leur permis de travail après trois ans.
Dans une conférence de presse tout juste après celle de M. Legault, Justin Trudeau a répliqué qu'avant de fixer des cibles de réduction précises, il veut voir le plan du Québec, qui contrôle l'admission de la moitié de l'immigration temporaire.
«Québec contrôle déjà beaucoup plus ses chiffres en immigration que n'importe quelle autre province et on est là pour travailler avec eux», a indiqué M. Trudeau.
Voyez le compte-rendu de Laurence Royer dans la vidéo liée à l'article.
François Legault ne ferme pas la porte à réduire le nombre d'immigrants dans les programmes qu'ils contrôlent (programme des étudiants étrangers et programme des travailleurs étrangers temporaires), tout en affirmant qu'il ne s'agit pas des catégories les plus préoccupantes.
«On aime ça avoir des étudiants ; des jeunes qui sont qualifiés et qui restent au Québec après», a-t-il illustré.
«Ça amène des problèmes importants dans le logement, dans les services publics, éducation, santé, puis dans l'avenir du français, en particulier à Montréal», a insisté M. Legault.
Le premier ministre Legault ne cesse de marteler qu'il y a eu une «explosion» du nombre d'immigrants tempor
aires au Québec pour atteindre 560 000 en 2024, et que cela met beaucoup de pression sur les services publics et le logement.
«100% du problème de logement vient de l'augmentation du nombre d'immigrants temporaires», a-t-il soutenu.
Rappelons que lors de la dernière journée de la session parlementaire vendredi, François Legault a annoncé la mise sur pied d'un comité qui aura comme mandat de voir comment le Québec peut accroître ses pouvoirs au sein de la fédération canadienne, notamment en immigration.
Une initiative qui n'a pas semblé émouvoir son homologue fédéral. «Je comprends qu'il y a un contexte un peu particulier à l'Assemblée nationale ces jours-ci avec la montée du Parti québécois. Je comprends que M. Legault est en train de répondre à des exigences politiques», a-t-il répondu lorsqu'il a été questionné sur le sujet.
Ottawa «s'est moqué» du Québec en voulant attendre les cibles de réduction du gouvernement Legault, alors que le Québec ne contrôle que l'admission de seulement 60 000 personnes sur les 560 000 en cause, a dénoncé le Parti québécois (PQ), qui a fait de la réduction de l'immigration son cheval de bataille.
«Une fois de plus, le Québec se fait dire non» et François Legault doit riposter, lui qui prétendait que les pleins pouvoirs en immigration sont une question de survie de la nation, a fait valoir le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon.
«François Legault ne peut pas continuer à se mettre la tête dans le sable. Je lui demande de respecter sa parole et d'exercer ses options. (…) Quémander n'est pas une stratégie gagnante.»
Pour sa part Québec solidaire (QS) a affirmé que la «stratégie de François Legault en immigration est maintenant bien connue des Québécois et des Québécoises».
«Parler fort et pointer du doigt, mais ne livrer aucun résultat, jamais. Aujourd'hui encore, il obtient des avancées très partielles à des demandes pourtant consensuelles au Québec», a affirmé le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois.
«Cela démontre encore une fois que la seule solution est l'exercice au Québec de tous les pouvoirs dans le domaine de l'immigration… et dans tous les domaines», a-t-il ajouté.