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La pression des derniers mois aura eu raison des dirigeants de Hockey Canada, même si c’est trop peu, trop tard.
La pression des derniers mois aura eu raison des dirigeants de Hockey Canada, même si c’est trop peu, trop tard.
Le 11 octobre dernier, l’entièreté du conseil d’administration ainsi que le président-directeur général, Scott Smith, ont démissionné en bloc. C’est que l’organisation est dans la tourmente depuis plusieurs mois en raison d’allégations de viols collectifs par des joueurs juniors dont certains seraient aujourd’hui dans la Ligue nationale de hockey. D’ailleurs, l’identité de ces joueurs n’a toujours pas été révélée publiquement.
Dans la foulée de cette affaire, de nombreux joueurs se sont d’ailleurs dissociés des allégations de viol collectif de 2018 à la suite d’un gala de la Fondation de l’organisme. La pression politique s’est aussi fait sentir. La ministre fédérale du Sport, Pascale St-Onge, dont le gouvernement a gelé le financement versé à Hockey Canada, a affirmé être « horrifiée » et « dégoûtée » par cette affaire.
En outre, The Globe and Mail avait révélé l’existence de deux fonds de plusieurs millions de dollars visant notamment à gérer des dossiers d’agressions sexuelles. Lors d’audiences fédérales, l’organisation a avoué, en juillet dernier, que l’un des Fonds avait servi à régler neuf plaintes pour agression sexuelle depuis 1989, et ce pour une somme de près de 8 millions de dollars. Dans les derniers jours, de nombreux commanditaires de l’organisation, dont Tim Hortons et Canadian Tire, ont aussi « tiré la plug ».
Cela donne la fâcheuse impression que ces sommes ont servi à acheter le silence de victimes et à camoufler ces allégations aux yeux du grand public. À mon sens, cet argent aurait logiquement dû servir à faire instaurer des programmes de prévention des violences sexuelles chapeautés par des experts et à faire de l’éducation en ce sens auprès des joueurs. Hélas, la culture du viol — soit cette tendance sociétale à banaliser et à normaliser les violences à caractère sexuel — aura eu le dernier mot pendant plusieurs décennies, jusqu’à tout récemment.
Autre élément à ne pas négliger : la victime alléguée du viol collectif de depuis 2018, semble vouloir garder l’anonymat dans toute cette affaire. C’est en tout cas, ce qu’elle a confié à la journaliste Robyn Doolittle, du Globe and Mail. E.M. — ce sont ses initiales — a expliqué avoir trouvé difficile de voir son histoire devenir un scandale national, notamment en raison du fait que les médias ne rapportaient pas forcément l’entièreté de ce qui s’était passé. Collectivement, il va nous falloir sérieusement réfléchir à trouver des façons de responsabiliser les auteurs de violences sexuelles sans pour autant écorcher leurs victimes au passage en leur faisant perdre le contrôle de leur histoire.
Il est clair que ces allégations et ces manières archaïques de les gérer, comme nous l’avons vu dans ce cas-ci, ne sont pas seulement l’apanage du monde du sport ou d’Hockey Canada. Or, s’il y a une seule chose de positif qui ressort de toute cette histoire, c’est le tollé qu’elle a suscité. Je ne suis pas certaine qu’un tel tollé aurait eu lieu il y a 20 ans, ou même 10 ans.
Nous sommes dans une véritable révolution des mœurs en matière sexuelle. On le doit notamment aux mouvements sociaux des dernières décennies, dont le mot-clic #MeToo, devenu viral en octobre 2017, il y a tout juste cinq ans. C’est que la société semble banaliser de moins en moins les violences à caractère sexuel.
C’est le signe d’une certaine évolution dans la bonne direction.