Début du contenu principal.
La seconde semaine de la campagne électorale canadienne s’annonce aussi imprévisible.
Installez-vous confortablement, enfilez votre plus beau chandail de laine et laissez-moi vous prédire l’avenir (avec un taux de précision équivalent à celui des sondages préélectoraux pour les optimistes ou à un échange sur X pour les plus pessimistes 😊).
La seconde semaine de la campagne électorale canadienne s’annonce aussi imprévisible qu’une tentative de danse TikTok par un politicien en pleine tournée. Mais heureusement, j’ai ma fidèle boule de cristal pour nous éclairer sur ce qui s’en vient.
Le chef du Parti libéral du Canada, Marc Carney, continue de jouer la carte de l’homme sérieux, rassurant et économique. Carney tente de séduire les Canadiens en expliquant comment lui, en tant qu’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de l’Angleterre, est le mieux placé pour affronter la tempête des nouveaux tarifs douaniers imposés par Donald Trump. « Nous devons travailler avec nos partenaires internationaux pour une réponse unifiée », dit-il. Traduction libre : « Oh boy, ça va être compliqué ! »
Mais au fond, Carney doit bien se réjouir de cette annonce de Trump, qui lui offre enfin l’occasion d’enfiler son habit de premier ministre en puissance et de mettre de côté une première semaine de campagne passablement pénible. Entre les questions embarrassantes sur sa maîtrise approximative du français et les révélations sur ses implications dans des fonds d’investissement situés dans des paradis fiscaux, il peine à imposer son récit de campagne. Grâce à la crise commerciale, il peut maintenant parler d’économie (son terrain de jeu favori) et éviter les sujets plus épineux. On peut presque entendre un soupir de soulagement du côté de son équipe de communication.
En coulisses, des stratèges s’arrachent les cheveux, se demandant comment rendre un ex-banquier aussi charismatique qu’un vendeur de beignes à la sortie d’un Tim Hortons. Mais la semaine qui vient ne sera pas de tout repos pour Carney, car il devra aussi gérer la critique de ceux qui voient en lui un autre technocrate déconnecté de la vraie vie des Canadiens ou tout simplement une suite logique des 10 dernières années libérales. Ma boule de cristal me murmure à l’oreille qu’il y a même une rumeur qu’il testerait un casque de réalité virtuelle pour « expérimenter la vie d’un citoyen moyen ». On attend les images avec impatience.
De son côté, Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada, continue sa tournée devant des salles spectaculairement pleines. Il ne rate pas une occasion de blâmer Carney et Trudeau pour tous les maux du pays. On pourrait même croire qu’à l’occasion, il pense que la météo incertaine du printemps est due à des décisions des libéraux.
Lorsqu’on lui demande comment réagira-t-il face aux nouveaux tarifs de Trump, Poilievre répond avec son aplomb habituel : « Si Trump impose des tarifs, c’est parce qu’il sent de la faiblesse chez les libéraux. Avec moi, fini le temps où le Canada se fait marcher dessus, on va reconstruire le Canada, le Canada d’abord !» Bien entendu, il omet de préciser comment il compte amadouer un président américain dont la diplomatie se résume à des tweets incendiaires, des annonces imprévisibles et des poignées de main écrasantes. Ma boule me dit que les 7 prochains jours seront déterminants pour lui. Après une première semaine d’adaptation où il en a profité pour présenter une plateforme Québec, il doit absolument trouver un moyen de relancer son parti vers le haut en trouvant le bon ton entre ses attaques envers le chef du Parti libéral et ce qu’il propose aux canadiennes et canadiens. Le grand Toronto reste le nerf de la guerre pour lui. Il doit réussir à s’imposer dans cette région sinon, ça sera un retour sur les banquettes de l’opposition.
Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois, aborde cette deuxième semaine de campagne avec une confiance à toute épreuve malgré le défi d’expliquer la raison d’être de son parti et les sondages qui lui font mal. Les circonscriptions bloquistes en danger, attaquées d’un côté par les libéraux et de l’autre par les conservateurs en fonction des régions du Québec, les obligent à faire du judo continuellement. Face aux tarifs imposés par Trump, il nous surprend à proposer un nouveau programme du genre PCU.
Blanchet joue la défense des intérêts québécois face à un gouvernement fédéral qu’il dépeint comme inefficace et mou. Pour lui, peu importe la crise, la solution est simple : plus de Québec, moins d’Ottawa.
Cette semaine, il multipliera les pointes contre Carney et Poilievre, leur reprochant de ne pas comprendre les réalités québécoises. « Ottawa est toujours en retard de deux batailles », dira-t-il lors d’un point de presse improvisé dans une fromagerie artisanale en région tout en tentant tant bien que mal de défendre la gestion de l’offre sous les oreilles sourdes de ses adversaires.
Ma boule me glisse à l’oreille que son équipe envisage même de commander un sondage pour savoir si les Québécois pensent qu’il négocierait mieux que Carney ou Polievre avec Trump.
En regardant bien profondément à l’intérieur de ma boule, on le voit à genou, songeur, rêvant à un scénario minoritaire.
Pour sa part, Jagmeet Singh, du NPD, tente de s’insérer dans la conversation avec un appel vibrant à la justice sociale. Il promet que sous un gouvernement néo-démocrate, les Canadiens ne souffriront pas de la hausse des prix due aux tarifs, car il taxera, taxera, taxera davantage les ultrariches pour compenser.
Malgré cela, Singh garde son sourire éclatant et multiplie les vidéos engageantes sur les réseaux sociaux, espérant convaincre les jeunes électeurs que voter est aussi cool que de commander un latté à l’avoine en ligne. La question qui demeure, combien restera-t-il de députés NPD le 28 avril prochain ? Ma boule de cristal m’indique moins de 10.
Pendant ce temps, quelque part entre une forêt boréale et un débat sur l’avenir des énergies renouvelables, le Parti vert tente désespérément d’obtenir un peu d’attention médiatique. Malheureusement, leur proposition de remplacer tous les pipelines par des corridors fauniques ne fait pas la une.
Leur co-chef Elizabeth May, dans un rare moment de visibilité, lance un appel vibrant : «Et si on parlait aussi de la crise climatique, non ?». Silence radio. On entend à peine le bruissement des feuilles en guise de réponse.
Alors que la deuxième semaine de campagne commence, une partie de la population est déjà tannée pendant qu’une autre attend impatiemment que nos politiciens mettent de côté les attaques négatives et se concentrent à nous présenter ce qu’ils ont à offrir. Trump continue d’être imprévisible et reste encore l’éléphant dans la pièce. Les politiciens continuent de promettre l’impossible, sans cadre budgétaire, et nous, pauvres électeurs, continuons d’espérer un débat télévisé où, on l’espère, quelqu’un répondra directement aux questions.
D’ici là, restez branchés, car la boule de cristal prévoit encore bien des rebondissements !