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«Discussion entre personnes, entre partenaires ou adversaires politiques, idéologiques, sociaux, économiques, en vue d’aboutir à un accord.»
«Discussion entre personnes, entre partenaires ou adversaires politiques, idéologiques, sociaux, économiques, en vue d’aboutir à un accord.»
Cette définition est celle du Larousse pour le mot «dialogue». Alors que l’on a besoin que tous les partis politiques et leurs membres établissent un dialogue constructif sur l’avenir de notre système de santé, on était loin de l’objectif «d’aboutir à un accord» dans les débats qui se sont déroulés à l’Assemblée nationale, jeudi.
Je ne suis pas un spécialiste en santé. Pour l’analyse à ce sujet, je vous invite à lire le plus récent texte du Dr Vadeboncoeur. Ma spécialité, ce sont les affaires publiques et la gestion d’enjeux. À ce sujet, j’ai aimé entendre le ministre parler de l’ouverture qu’il allait avoir avec le milieu, de l’écoute qu’il voulait constructive et du fait que le but n’était pas de chercher des coupables. Le message était le bon. Quelle ne fut pas donc ma surprise en l’entendant dire qu’il voulait que le projet de loi soit adopté avant la fin de la session en juin!
En juin 2023? Un des projets de loi sinon le projet de loi le plus volumineux (1180 articles) que je me souviens d’avoir vu à l’Assemblée nationale serait adopté en trois mois? Cette intention me semble, au mieux, jovialiste, au pire, dangereuse. Parce que la réalisation d’une réforme de ce type et les changements qui en découlent nécessitent d’une adhésion des acteurs sur le terrain. Ces acteurs, dont plusieurs ont réagi négativement, doivent être entendus si le ministre veut qu’ils soient un jour convaincus.
De nombreux articles du projet de loi devront être amendés pour que les consultations soient reflétées dans celui qui sera adopté. Le ministre pourra aussi bénéficier de ce temps pour mieux clarifier certains éléments, pour rassurer les employé(e)s du réseau et pour expliquer à la population quels sont les bénéfices de cette réforme.
M. Dubé est un bon communicateur, mais un message de cette ampleur a besoin de temps pour être compris et pour que les gens y adhèrent. Faire l’économie de ce temps précieux va, non seulement enlever de la crédibilité au processus, mais mettre en péril l’obtention de véritables résultats.
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Je comprends et je respecte le rôle des partis d’opposition qui doivent rendre le gouvernement imputable de ses décisions. Cependant, je ne suis certainement pas le seul citoyen à penser qu’il serait mieux pour nos besoins que les partis d’opposition fassent plus de propositions que de critiques. Quand j’entendais les députés se lancer de la boue hier en chambre, je me demandais vraiment à quoi ça servait.
Deux des partis d’opposition ont été au gouvernement et on essaye de mettre en place leur vision du système. L’état actuel des choses nous démontre que cela n’a pas fonctionné. L’autre parti a des différences idéologiques profondes avec le parti au gouvernement, mais il est loin de pouvoir accéder au pouvoir.
Je pense que ce projet nécessite un ton différent des oppositions dans les débats. Le fait de faire plus de propositions que de critiques permettrait aux partis d’opposition de contribuer au projet et d’y intégrer des éléments complémentaires pour que cela puisse fonctionner. Je n’ai pas besoin de leur rappeler qu’avec 90 députés, le parti gouvernemental a les « votes » pour faire adopter ce projet de loi, et il le sera. Les oppositions devraient donc modifier leur message pour pousser leurs propositions. C’est la seule façon pour eux de se retrouver quelque peu dans cette réforme.
Le réseau de la santé a aussi une responsabilité. Les syndicats qui en représentent les employé.e.s également. Cette responsabilité est celle de faire des propositions qui vont améliorer la formule proposée plutôt que de tenter de la bloquer. Cela nous amènerait à avoir une agence efficace et à leur permettre surtout de faire entendre leur voix. Déjà, le premier ministre a accusé les syndicats de vouloir garder le statu quo. Soyons bien clairs, ne rien changer n’est pas une option pour les patients, pour leurs familles et pour le système. Ça ne l’est pas non plus pour les employés du réseau sur appel qui font sept heures de travail par semaine et qui ne peuvent offrir leurs services dans des établissements de régions limitrophes. Il faudra donc que les membres du réseau soient proactifs.
Encore une fois, plus de communications, plus d’ouverture et plus de propositions pour améliorer ce qui a été présenté.
Comme citoyens, nous subissons les échecs des différentes réformes depuis trop longtemps. Il faudra donner la chance au coureur pour voir si cet énième changement est le bon. Non seulement nous n’avons pas d’autre choix en ce moment, mais il y’a surtout urgence d’agir.
La communication est un outil de mobilisation incroyable. Mais pour qu’elle fonctionne, elle doit être simple, répétitive et surtout positive. Ce dernier aspect est la grande responsabilité du réseau, du ministre et des oppositions. Espérons que le ton change parce que les grands perdants d’un dialogue de sourds, c’est nous!