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Société
Analyse |

Grèves, manifs et désobéissance civile: des paris risqués?

Jusqu’à quel point peut-on bousculer le confort des gens sans nuire à la cause même qu’on tente de défendre?

Le pont Jacques-Cartier, l’un des principaux axes de circulation entre Montréal et la Rive-Sud, a été fermé à la circulation dans les deux directions à l’heure de pointe, le 16 novembre, en raison de la présence de manifestants demandant un cessez-le-feu à Gaza.
Le pont Jacques-Cartier, l’un des principaux axes de circulation entre Montréal et la Rive-Sud, a été fermé à la circulation dans les deux directions à l’heure de pointe, le 16 novembre, en raison de la présence de manifestants demandant un cessez-le-feu à Gaza.

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Noovo Info
Noovo Info

Qu’on parle des grèves dans la fonction publique qui provoquent la fermeture des écoles ou de gestes de désobéissance civile comme le blocage récent du pont Jacques-Cartier par des manifestants pro-palestiniens, les mouvements militants ont le potentiel de perturber le quotidien des citoyens. Mais jusqu’à quel point peut-on bousculer le confort des gens sans nuire à la cause même qu’on tente de défendre?

 

«Il y a absolument un risque d’aliéner l’opinion publique d’au moins une partie de la population quand on se livre à des gestes de désagrément de ce genre-là», estime Farnell Morisset, juriste et étudiant à maîtrise en philosophie. 

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Se rapportant au principe philosophique de l’utilitarisme, il explique que les groupes qui choisissent de poser ce type d’actions doivent soupeser les désagréments causés par rapport aux bénéfices potentiels qui pourraient en découler.

«Évidemment, ce n’est jamais certain à l’avance. Personne ne contrôle exactement quel sera le résultat de ses actions, même si on aimerait pouvoir le faire», muse en entrevue avec Noovo Info celui qui vulgarise régulièrement ce genre de concepts sur sa page TikTok.

«L’idée c’est vraiment qu’on pèse les probabilités du pour et du contre, et avec notre propre jugement humain, social, civique, on prend une décision qui – on l’espère va maximiser le bien et minimiser le mal causés», résume-t-il. 

La question de la désobéissance civile

Il est toutefois crucial de comprendre la nuance entre des actions perturbatrices complètement légales – comme les grèves ou les manifestations pacifiques – et des gestes de désobéissance civile, qui contreviennent à la loi.

«Par définition, la désobéissance civile est non-violente», rappelle Farnell Morisset. «Et généralement, à ça, on va aussi ajouter qu’elle est ouverte. Les gens ne se cachent pas.» Il précise que les gestes de désobéissance civile sont aussi généralement «passifs», c’est-à-dire que les participants ne tentent pas de forcer d’autres personnes à participer à leur geste.

Aux yeux de la loi, le fait de commettre un geste illégal pour une raison «noble» n’atténue pas le crime, rappelle M. Morisset. Toutefois, le contraire s’applique: le fait de commettre un geste illégal par pure malice constitue généralement un facteur aggravant face à la justice.

Et qu’en est-il du tribunal de l’opinion publique? Les militants qui choisissent de poser des actions dérangeantes, qu’elles soient légales ou non, font certainement le pari que la noblesse de leur cause atténuera l’irritation de la majorité du public face aux désagréments. Et les grèves actuelles dans le secteur public en sont un parfait exemple, ajoute Farnell Morisset.

«C’est un exercice de relations publiques, lance-t-il. On crée une grogne qui devient une espèce de balle de pression que les deux camps, soit les grévistes et le gouvernement, vont essayer de se renvoyer pour que le public se range d’un côté ou de l’autre.»

«Là, on est encore dans les débuts, rappelle-t-il. Plus la grogne se créera, plus il sera important pour les grévistes et le gouvernement de faire travailler leurs machines de relations publiques pour rediriger cette grogne-là contre leur opposant.» 

Un match de ping-pong qui risque bien de se poursuivre jusqu’à ce que la grogne du public se cristallise clairement envers un des deux camps impliqués dans ce conflit de travail, prédit Farnell Morisset.

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Noovo Info
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