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Trois décennies plus tard, Noémi Mercier porte L’affaire Chantale Daigle: le documentaire, pour le compte de Noovo Info. Le documentaire, réalisé par Gaëlle d'Ynglemare, révèle des moments inédits de la bataille de cette femme au travers d’entrevues avec des acteurs et actrices clés de son combat historique et de nombreuses images d’archives.
Après Survivre au sport, qui portait sur l’état de santé mentale des sportifs de haut niveau, ce deuxième documentaire signé Noovo Info sera disponible sur Crave dès le 12 avril 2023, en même temps que le dernier épisode de Désobéir: le choix de Chantale Daigle, série de six épisodes qui paraît le 8 mars à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
Le combat de Chantale Daigle fut une véritable course contre la montre. Elle était tombée enceinte alors qu’elle vivait avec Jean-Guy Tremblay, mais ce dernier avait obtenu une injonction de la Cour supérieure du Québec pour empêcher l’avortement désiré par son ex-conjointe après la fin de leur relation.
A suivi la bataille de Daigle, qui a dû se battre jusqu’en Cour suprême du Canada pour obtenir son droit à l’avortement. L'appel de Daigle devant la Cour d'appel de la province avait été rejeté au motif que, en vertu de la Charte des droits et libertés, le fœtus est une personne humaine ayant droit à la vie.
La Cour suprême du Canada finit par rejeter l'interprétation de la Cour d'appel du Québec et statue qu’en vertu de la Charte du Québec et du Code civil, le fœtus n'est pas considéré comme une personne humaine et n'a donc aucun droit légal à la vie. L’injonction de Tremblay est alors invalidée.
D’une durée de 60 minutes, L’affaire Chantale Daigle: le documentaire est produit par Casadel Film en collaboration avec Bell Média. Regardez la bande-annonce qui accompagne ce texte.
À l’été 1989, l’affaire avait «déchaîné les passions d’un bout à l’autre du pays», rappelle Noémi Mercier. Chantale Daigle s’est «tenue debout» et a «changé le cours de l’histoire», dit la journaliste.
«Quand on parle de droit à l’avortement au Canada, la référence, c'est toujours le jugement dans l’affaire Morgentaler, qui a décriminalisé l'avortement en 1988. Morgentaler mérite notre admiration et notre reconnaissance. Mais, Chantale Daigle, le combat qu’elle a mené, c’est tout aussi important», souligne Noémi Mercier.
«Morgentaler avait décriminalisé le geste [de l'avortement], mais il restait cette poignée dont se servaient – et se servent encore – les anti-choix dans leur argumentaire, qui était de dire que le foetus a droit à la vie. Ça, au Canada, c'est réglé grâce au combat de Chantale Daigle.»
Le verdict de Daigle c. Tremblay est clair: au sens de la loi, le foetus n'est pas une personne. «Ça ne veut pas dire qu'il n'a pas de valeur», ajoute Noémi Mercier, mais «on ne peut pas mettre ses droits en contrepoids à ceux de la mère» en pareilles circonstances. «Ce n'est pas une question. [...] La question est revenue depuis [le verdict], et ça n'a pas changé.»
Par le biais de la diffusion de L'affaire Chantale Daigle: le documentaire, Noémi Mercier et Gaëlle d'Ynglemare tentent d'encourager une «plus grande reconnaissance publique» à l'endroit de Chantale Daigle, en raison de «son courage, de son aplomb et de son intégrité».
En parallèle, les six épisodes de la série Désobéir: le choix de Chantale se déclinent quant à eux à raison d’un épisode d’une heure par semaine sur Crave. La série a été réalisée par Alexis Durand-Brault.