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«Moi ça fait 15 ans le 8 juillet que je suis ici. Ça brise une vie de ne pas savoir où on s’en va. [...] Je peux me ramasser en Beauce, je me ramasser dans Bellechasse. Ce n’est pas là que je veux aller. Moi, je ne veux pas aller dans un CHSLD», explique Émilie Fournier, une des résidentes.
De son côté, Roger Émond croyait y terminer ses jours alors qu’il y demeure depuis 33 ans. «Ça l’air qu’ils en ont décidé autrement», déplore-t-il.
Les appartements de l’Îlot Desjardins, un milieu de vie supervisé du Manoir du Passage réservé aux personnes ayant une déficience physique nécessitant une offre de services adaptée à leur condition, ne se qualifient plus pour un usage d'habitation depuis 2021.
Il s’agit d’un établissement de soin en raison du type de clientèle et de soins offerts sur place. L’Îlot Desjardins ne rencontre toutefois pas les exigences de sécurité d’un établissement de soin en cas de sinistre.
«L’Office municipal d'habitation (OMH) n’est pas en mesure d’assurer une protection conforme aux locataires ne pouvant évacuer de façon autonome le bâtiment en cas de sinistre», peut-on lire dans un document remis alors aux locataires.
«On nous a informés qu’en raison de normes particulières, ce n’était pas possible pour nous de continuer à offrir notre offre de services», raconte Audrey Robitaille, directrice adjointe des programmes en déficience, autisme et réadaptation au CISSS.
Les résidents des lieux doivent donc être relocalisés dans les six mois suivants, soit au début de l’année 2022. «L'immeuble est conforme en tant que tel, mais il est conforme pour des personnes aînées qui sont mobiles», précise Gérard Truchon, directeur général de l’OMH de Lévis.
L’OMH et le CISSS ont mis en place des mesures pour rendre l’endroit plus sécuritaire et tenter de se conformer aux exigences de la RBQ.
Les résidents ont été relocalisés aux deux premiers étages, une alarme à double signal est installée et des agents de sécurité sont embauchés.
Les locataires croyaient recevoir une nouvelle positive lorsqu’ils ont rencontré cette semaine le nouveau directeur de l’OMH. On leur a toutefois annoncé qu’ils devaient quitter en septembre.
«On a aucune feuille. On arrive à la réunion, on nous installe là, on nous dit: ‘’vous avez trois mots pour quitter’’», relate Roger Émond.
Selon M. Truchon, les derniers rapports et de nombreuses analyses ont démontré qu’il était presque impossible d'arriver à se conformer.
«L'alarme survient en pleine nuit ou le soir. Il faut les assister dans leurs déplacements du lit au fauteuil roulant et par la suite les accompagner vers l'extérieur, note de son côté Mme Robitaille. Ça pourrait vouloir dire par exemple, d'avoir une équipe en tout temps de quatre, cinq ou six personnes pour assurer l'hébergement de six usagers sur place.»
Au moment d’écrire ces lignes, plusieurs résidents ne savaient toujours pas à quel endroit ils seront relocalisés.
Voyez le reportage de Frédérique Bacon dans la vidéo.