La journée d’audiences a débuté avec le témoignage de la victime, qui a dû vivre avec un syndrome posttraumatique et une dépression après les événements, survenus lors d’une journée de l’été 2021.
Voyez le reportage de Guillaume Cotnoir-Lacroix dans la vidéo liée à l'article.
«Ma vie a complètement basculé […] J’ai fait beaucoup de cauchemars où je revivais l’événement. Je voyais son visage et je sentais ses mains sur mon corps», a relaté la jeune femme, qui a retenu des larmes à quelques occasions.
Lisant une lettre devant le juge Serge Champoux, la victime a témoigné des impacts importants sur sa vie professionnelle et personnelle qu’ont occasionné ces procédures judiciaires.
«Je me suis rendue compte que l’événement avait joué beaucoup plus sur ma confiance que je ne l’avais imaginé.»
La victime a néanmoins dit souhaiter du bien à l’accusé pour l’avenir, en fin de témoignage.
«La police pour moi, c’est terminé»
Samuel Ducharme a aussi pris la barre en fin d’avant-midi. L’accusé n’a toujours pas été entendu en appel, alors qu’il conteste le verdict de culpabilité. «Vous avez devant vous aujourd’hui, M. le juge, un homme qui est totalement brisé. Je ne sais pas comment je tiens encore debout», a lancé le policier, lors de son témoignage sur sentence. À quelques reprises, il a demandé au juge de lui donner une chance.
«J’essaie d’envisager le futur. Ce que je vous demande aujourd’hui, c’est de me donner une chance d’espérer une meilleure vie à moyen terme», a-t-il lancé. Ducharme pourrait être destitué de son rôle de policier et a déjà perdu un autre emploi qu’il occupait en parallèle. Il ne peut plus non plus entraîner au hockey.
«Mon avenir est foutu. On ne se comptera pas de menteries, la police pour moi, c’est terminé.»
Même si Ducharme estime toujours être innocent, il s’est montré empathique face à la situation de la victime.
«Je veux exprimer toute ma sympathie à la victime pour tout ce qu’elle traverse. Je ne lui ai jamais souhaité de mal. Je trouve ça extrêmement malheureux ce qu’elle vit. Si je pouvais revenir en arrière et qu’elle n’ait pas à vivre tout ça, je le ferais, M. le juge. »
Ducharme dit vouloir mener une carrière en tant qu’évaluateur d’assurances, pour la suite des choses. «C’est bien évident que si je traîne un dossier, je ne serai pas engageable. Je vous le répète, je suis conscient que je ne suis pas la victime», a-t-il souligné.
Plus tôt dans la journée, l’avocate de l’accusé a lu une lettre qui a été écrite par la fille de Samuel Ducharme, qui aurait subi de l’intimidation à l’école, après l’arrestation de son père. La jeune fille, en sanglots, était présente en salle de cour, assise à côté de sa mère.
«Quelle sera la sentence? Est-ce qu’on va devoir endurer cet enfer encore longtemps?», écrit la fille de Ducharme.
Plaidoiries
Le procureur de la Couronne et l’avocate de l’accusé ont chacun livré de vibrants plaidoyers pour les sentences proposées, devant le juge Champoux.
Pour la Couronne, Me Marc-André Roy a rappelé les faits pour lesquels Ducharme a été reconnu coupable, notamment des tentatives répétées d’attouchements, alors que la victime lui indique son refus. «Il est clairement en train de franchir la ligne […] On n’est pas dans la sphère où la gravité objective est la plus importante, on ne parle pas de relation complète, mais ce n’est pas bénin», a-t-il plaidé.
Me Roy, qui rappelle également que Ducharme était policier et en fonction au moment des faits, n’a pas été ému par le témoignage de l’accusé.
«Les conséquences de sa famille, c’est de sa faute. Les impacts dans sa vie, c’est également de sa faute […] Il aurait pu réfléchir au fait qu’il est un père de famille, qu’il a des enfants», a-t-il tonné, en cherchant à plusieurs reprises le regard de l’accusé.
Le procureur a demandé une peine d’emprisonnement de six mois, mais a laissé à la discrétion du juge la décision à savoir si Ducharme pourra ou non purger la peine à domicile. Cette peine serait assortie d’une probation de deux ans et d’un interdit de contact avec la plaignante.
Pour la défense, toutefois, l’imposition d’un casier judiciaire «serait disproportionnée». Me Ariane Bergeron-St-Onge a elle aussi rappelé que Ducharme et sa famille ont vécu des moments difficiles depuis son arrestation. Elle a plutôt proposé une absolution conditionnelle assortie d’une probation d’un an. Ducharme serait prêt à offrir un montant de 500$ à un organisme et à réaliser plusieurs heures de travaux communautaires.
L’avocate a aussi mis l’accent sur la médiatisation du dossier, qui aurait eu des conséquences importantes pour la famille de Samuel Ducharme et pour lui. Elle a déposé plusieurs articles médiatiques pour étoffer sa position. « On assiste à la déchéance, à l’humiliation publique d’une personne », croit-elle.
L’avocate a également souligné l’absence d’antécédents judiciaires et de préméditation dans les gestes de l’accusé.
Le juge Serge Champoux doit rendre sa décision le 8 décembre prochain.