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Les contenus d’éducation à la sexualité qui seront intégrés dans le nouveau cours seront les mêmes que le ministère impose de manière obligatoire depuis 2018. La principale différence est que jusqu’ici, les écoles étaient libres de les dispenser comme bon leur semble à travers les autres matières, ce qui pouvait mener à des iniquités d’une école à l’autre, selon les ressources qui y étaient attribuées.
À compter de la rentrée, l’éducation à la sexualité reposera sur les épaules d’un seul enseignant qui en sera donc imputable. Toutefois, des spécialistes s’inquiètent que certains de ces enseignants ne se sentent pas assez outillés pour enseigner des sujets sensibles.
«Ce qu’on trouve inquiétant, c'est évidemment qu’il y ait des gens à qui on impose de donner ce contenu-là sans leur donner des ressources», explique la coordonnatrice de la coalition ÉduSex, Milca Bibeau.
Elle estime que le Québec a l'expertise et les ressources nécessaires, mais que celles-ci ne sont pas assez mises à profit dans les écoles.
De son côté, le ministère de l’Éducation assure offrir de l’accompagnement et du soutien aux équipes-écoles, tout en les encourageant à faire appel à des partenaires externes au besoin. Le choix de ces partenaires-là va toutefois demeurer à la discrétion de chaque direction, malgré les demandes de la coalition Édusex.
En entrevue avec Noovo Info, la sexologue Laurence Desjardins rappelle l’importance de bons cours d’éducation à la sexualité, une matière qui va bien au-delà des pratiques sexuelles elles-mêmes.
«La sexualité humaine, c'est bien plus que la rencontre sexuelle dans le but de la procréation. C'est une question de relations humaines», explique-t-elle.
De 2001 à 2018, aucun cours d’éducation à la sexualité obligatoire n’était au programme au Québec. L’éducation à la sexualité était laissée à la discrétion des écoles et commissions scolaires, qui étaient libres d’en faire ou pas et d’en développer elles-mêmes les contenus. La disparité d’une école à l’autre était grande et plusieurs élèves qui ont fréquenté le secondaire à cette époque n’ont eu que peu de formation à ce sujet, comme l’a constaté Noovo Info.
«C’était minime, pas juste en quantité mais aussi en qualité», estime Maria, qui a gradué du secondaire en 2013.
Elle nous explique que les cours tournaient beaucoup autour de la contraception et de savoir comment mettre un condom.
Des propos qui résonnent avec ceux de Charlotte, qui a terminé le secondaire en 2020 alors que le nouveau programme venait tout juste d’être mis en place.
«De ce que je me rappelle, c'est vraiment comme un cours en sciences en secondaire 3. C'était notre prof qui nous montrait sur un genre de dildo en bois comment mettre un condom et ça s’est vraiment arrêté là», raconte-t-elle.
Comme l’explique la sexologue Laurence Desjardins, les élèves qui sont allés au secondaire dans les deux premières décennies des années 2000 avaient non seulement peu d’éducation sexuelle, mais ils avaient également accès à beaucoup de contenu sexualisé en ligne.
«Cette génération-là, elle n'est pas complètement ignorante. Elle a été exposée à de la sexualité: de la sexualité autrement, de façon beaucoup plus vaste, de beaucoup plus désorganisée, beaucoup plus sexualisée», explique-t-elle.
Pendant ces années, la chlamydia et la gonorrhée ont connu une importante hausse entre 2005 et 2018 au Québec selon les données de l’INSPQ.
En 2021-2022, environ 10 % des jeunes de 18 à 29 ans qui ont dit avoir été en relation intime, amoureuse ou en contact avec un ex-partenaire dans l'année précédente, ont subi une forme de violence durant cette période, selon l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).
Selon Mme Desjardins, le nouveau programme d’éducation à la sexualité est beaucoup plus complet que celui qui était en place jusqu’en 2001.
«Pendant longtemps, l'éducation sexuelle au Québec était très limitée à la gestion des grossesses à l'adolescence et à faire attention aux maladies. Donc, on était beaucoup dans la prévention, dans le danger de la sexualité», illustre-t-elle.
Malgré tout, Guillaume, qui était sur les bancs d’école secondaire jusqu’en 2000, est plutôt satisfait de l’éducation sexuelle qu’il a reçue.
«C’était vraiment ouvert, on parlait de tout: contraception, pratiques sexuelles, anatomie», explique-t-il.
Il estime que selon son expérience de l’époque, il n’y avait pas de tabous avec ses enseignants.