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Depuis le mouvement #MoiAussi, les personnes victimes de violence conjugale ou sexuelle bénéficient de mesures d’adaptation en justice criminelle. Elles peuvent même être accompagnées d’un intervenant ou d’un chien d’assistance.
Mais ce n'est pas le cas devant les tribunaux civils et administratifs.
«Quand on est dans le volet criminel, on est vraiment considéré comme victime et on se fait accompagner comme une victime; tandis que dans le volet de la famille, au civil et, encore pire, dans le volet administratif-DPJ, c’est comme si on n’a pas le droit d’être une victime. [...] Si on en est une, ça peut se renverser contre nous», a expliqué une victime, couverte sous l'anonymat, dans un témoignage offert à Noovo Info.
Cette victime a déjà croisé son agresseur dans les couloirs d'un palais de justice en se rendant dans la salle d'audience. D'ailleurs, elle devait rester forte face à lui malgré le stress et la peur.
«Au civil, c’est le même étage. [...] Mon avocate me disait: "Il ne faut pas que vous ayez l’air d’avoir peur de votre ex, sinon vous allez vous faire considérer aliénante [par le juge]"», a-t-elle rapporté. Elle s'est battue pour la garde de ses enfants et a perdu en justice. «La manière dont on est traité dans ce système-là c’est inhumain.»
«C’est un problème systémique qui fait énormément de dommages pour les victimes, les parents de victime et les enfants.»
Selon la directrice de la clinique juridique Juripop, les tribunaux vont favoriser le contact parent-enfant au détriment de la sécurité des enfants. Mandatés pour représenter ces victimes, les membres de cette clinique estiment qu'un changement de culture doit être fait.
«On va trop souvent entendre de la part des juges que oui le père est un conjoint violent, mais c’est un bon père. [...] Il y a beaucoup d’éducation à faire», a souligné Me Sophie Gagnon en entrevue.
«On fait carrément face à un système de justice à deux vitesses», a mentionné Me Gagnon. «Les intervenants qui gravitent, les juges et les avocats ne sont pas outillés et ne sont pas formés pour dépister les violences, parce que ce n’est pas écrit sur le front d’une personne [qu'elle est victime de ] violence. Il faut que ce soit identifié comme tel par les personnes qui l’accompagnent.»
Voyez le reportage de Marie-Pier Boucher dans la vidéo.