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Une situation qui soulève plusieurs questionnements et problèmes éthiques.
Des entreprises au Canada utiliseraient une intelligence artificielle (IA) pour licencier des employés, selon une nouvelle enquête.
Capterra, une société de comparaison de logiciels, a mené un sondage montrant comment certaines entreprises utilisent les IA dans leurs départements de ressources humaines.
L'étude a recueilli des données entre mai et juin 2023 auprès de 1002 Canadiens âgés de 18 à 65 ans. Les répondants travaillaient dans des petites et moyennes entreprises (entre deux et 250 employés) et occupaient divers rôles, y compris des postes à temps plein et à temps partiel. L'enquête a examiné comment l'IA affecte les employés et a noté une «augmentation» de l'utilisation de cette technologie dans les petites entreprises.
Environ 8% des répondants ont déclaré que leur entreprise utilise l'IA pour décider de licencier des employés au Canada.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
«Quand il s'agit de décisions importantes, il est alarmant de penser qu'elles ont été prises entièrement par un algorithme; cependant, il est rare que les départements des ressources humaines prennent des décisions sans tenir compte des recommandations faites par l'IA», a expliqué Tessa Anaya, une analyste de l'étude, dans un communiqué de presse publié le 20 juillet.
Environ une PME sur cinq au Canada utilise déjà l'IA dans ses départements des ressources humaines, selon l'enquête.
Tessa Anaya a révélé au CTVNews.ca que l'enquête vise à comprendre à la fois les logiciels de ressources humaines utilisant l'IA et les logiciels des RH basés sur l'IA.
Dans certaines entreprises canadiennes, l'IA s'engage dans des «activités semblables à celles des humains», comme l'apprentissage, la planification et la résolution de problèmes, a-t-elle souligné.
«Un exemple de l'utilisation de l'IA par les outils RH est la prédiction: en utilisant des enregistrements et des données passées pour prédire à quoi ressembleront les horaires et la présence des employés dans un avenir proche», a écrit Tessa Anaya dans un courrier électronique envoyé au CTVNews.ca.
«Cela peut faire gagner du temps aux responsables des ressources humaines en laissant à l'IA le soin de suggérer des idées pour les horaires du personnel et en rationalisant leurs charges de travail, en s'occupant automatiquement d'une tâche répétitive.»
L'IA aide les responsables des talents à trouver et à présélectionner des candidats, à rédiger des évaluations de performance, à évaluer la rétention des employés et à donner des recommandations pour des formations supplémentaires, indique l'étude.
Beaucoup de gens (29%) signalent l'utilisation de l'IA dans les logiciels RH, les programmes d'engagement des employés (27%) et les analyses (24%).
Les outils peuvent suggérer aux ressources humaines des conseils pour améliorer la rétention et distribuer des augmentations, explique Tessa Anaya.
Cependant, bien que près de 66% aient dit comprendre comment l'IA aide, environ un tiers ont dit être «inconscients» ou «incertains».
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Plus de la moitié des employés ne sont pas satisfaits de laisser l'IA gérer les licenciements, montre l'étude.
Environ 30% ont déclaré qu'ils se sentiraient «très mal à l'aise» si l'IA pouvait licencier quelqu'un, et 39% ont dit qu'ils se sentiraient «quelque peu mal à l'aise».
Certains répondants ont évoqué des préoccupations «éthiques» concernant le rôle de l'IA dans ce domaine.
Les travailleurs ont également exprimé leur méfiance envers l'IA, affirmant que la technologie ne pouvait pas «juger avec précision la performance des employés». Environ 75% ont affirmé qu'on ne pouvait pas faire confiance à l'IA pour licencier quelqu'un.
Un peu moins de la moitié (48%) des répondants qui étaient mal à l'aise avec l'utilisation de l'IA dans les décisions de licenciement ont déclaré que des humains devraient être impliqués dans le processus de licenciement.
«Ce que le logiciel ne fait pas, c'est remplacer le besoin de surveillance humaine. Bien que les outils RH alimentés par l'IA puissent automatiser bon nombre des processus impliqués dans la gestion d'un département RH, quelqu'un doit quand même être aux commandes des opérations», a indiqué Tessa Anaya. «Cela peut être très avantageux pour les petites entreprises disposant de ressources limitées, qui peuvent ainsi alléger la charge de travail de leurs équipes RH plutôt que de les automatiser et de les éliminer de leurs emplois.»
Mais ce ne sont pas tous les employés qui s'opposent à l'idée de laisser l'IA prendre la décision de licenciement, montre l'étude.
Environ 31% des employés ont répondu qu'ils seraient «d'accord dans une certaine mesure» si les RH utilisaient l'IA pour prendre une décision de licenciement.
Parmi ces employés, 39% ont évoqué la nature impartiale de l'IA, car elle ne peut pas tenir compte des préférences personnelles.
Les répondants ont également dit que l'IA pourrait éviter les décisions basées sur les problèmes personnels d'un gestionnaire avec des employés (34%), qu'elle repose sur des données basées sur la performance (31%) et que 28% croient que les décisions prises par l'IA sont plus précises.
Une majorité des employés interrogés s'inquiètent de l'impact des licenciements par l'IA sur leur santé mentale.
Environ 65% des répondants ont confié que si l'IA était utilisée dans les licenciements, cela augmenterait leur niveau de stress. Environ 14% n'étaient pas sûrs que cela aurait cet effet et 22% ont affirmé que cela n'augmenterait pas leur stress.
Plus d'un tiers des employés (35%) ont avancé que si l'IA était responsable des licenciements, ils modifieraient leur comportement au travail.
Beaucoup (39%) ont souligné qu'ils développeraient de nouvelles compétences qui pourraient bénéficier à l'entreprise. Environ 36% ont déclaré qu'ils se concentreraient sur leurs indicateurs clés de performance et d'autres (21%) s'impliqueraient dans plus de projets.
«Bien que ce soient des ambitions bénéfiques, elles diffèrent suffisamment les unes des autres pour signaler une légère confusion sur la manière exacte dont l'IA évalue les employés», ajoute l’étude.
Selon l'enquête, les employés ne font pas confiance à l'IA pour prendre des décisions, mais ils pensent qu'elle peut être un outil bénéfique.
Environ 65% font confiance à l'IA pour la formation, 51% estiment qu'elle pourrait être bénéfique pour surveiller les employés et 48% ont déclaré que l'IA pourrait aider dans le recrutement.
«Pour rassurer les employés inquiets concernant l'utilisation de l'IA dans les RH, les entreprises devraient tenir leur personnel informé du fonctionnement de ces outils, des données prises en compte et des processus pour lesquels les responsables des ressources humaines les utilisent», a conclu Tessa Anaya.