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Le Conseil canadien pour les réfugiés salue la décision d'Ottawa d'accueillir temporairement un nombre illimité d'Ukrainiens au Canada, et espère que cette approche deviendra la norme face à des crises majeures dans le monde.
Le Conseil canadien pour les réfugiés salue la décision d'Ottawa d'accueillir temporairement un nombre illimité d'Ukrainiens au Canada, et espère que cette approche deviendra la norme face à des crises majeures dans le monde.
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Le ministre fédéral de l'Immigration, Sean Fraser, a annoncé jeudi que le Canada autorisera les Ukrainiens à demander un visa accéléré pour rester au pays pendant deux ans, sans les conditions habituelles comme des exigences linguistiques ou des évaluations d'impact sur le marché du travail.
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Cette décision va à l'encontre de ce qui a traditionnellement été un principe fondamental du système d'immigration au Canada, qui consiste à ne pas permettre aux personnes de venir temporairement sans pouvoir partir à l'expiration de leur visa, a souligné Janet Dench, directrice du Conseil canadien pour les réfugiés.
«Dans ces cas, il est presque impossible d'obtenir un visa temporaire. Cela montre donc une toute nouvelle façon de voir les choses», a déclaré Mme Dench en entrevue jeudi. Elle espère maintenant que cette nouvelle approche créera un précédent pour les conflits futurs.
Mme Dench se demande par ailleurs pourquoi des opportunités semblables n'ont pas été offertes dans d'autres circonstances, y compris lors de la crise en Afghanistan l'été dernier. Le Canada a jusqu'ici accueilli 7885 réfugiés afghans depuis août 2021 ; son objectif était d'en accueillir cinq fois plus (40 000) sur une période de deux ans.
En revanche, le Canada a déjà accéléré et approuvé 6000 demandes d'immigration en provenance d'Ukraine depuis janvier, lorsque le bruit des bottes russes a commencé à se faire entendre. On s'attend à ce que beaucoup d'autres Ukrainiens arrivent au Canada, car le gouvernement n'a imposé aucune limite au nombre de personnes qui peuvent demander à venir temporairement.
Will Tao, avocat spécialisé en droit de l'immigration et des réfugiés à Burnaby, en Colombie-Britannique, qualifie «d'éléphant dans la pièce» cet écart de traitement entre les deux crises.
«C'est définitivement, du moins dans l'histoire et les connaissances récentes, sans précédent (pour Ottawa) d'aller dans cette direction»,. a déclaré M. Tao.
Une fois que la poussière sera retombée sur cette crise, le gouvernement devra déterminer si les réfugiés d'autres régions comme l'Afrique et le Moyen-Orient se verront offrir les mêmes chances, dit-il. La situation actuelle «pourrait finalement apporter des avantages au système dans son ensemble, et j'espère que ça deviendra la norme. Mais on se demande quand même quels sont leurs critères.»
Mme Dench soutient que son organisme a souvent demandé au gouvernement de rédiger des critères objectifs précis qui orienteraient la réponse du Canada aux urgences en matière d'immigration dans le monde, sans préjugés politiques ou raciaux.
«Il y a eu beaucoup de crises et d'urgences en Afrique et pourtant, nous n'avons pas vu les mêmes types de mesures d'immigration pour répondre aux urgences que nous avons connues avec d'autres crises récentes comme la Syrie ou l'Afghanistan, ou maintenant l'Ukraine», soutient-elle.
Lorsqu'on lui a demandé si de tels critères avaient été pris en compte, le ministre Fraser a indiqué dans une déclaration que «toutes les décisions politiques sont prises avec les garanties en place pour se protéger contre les préjugés et garantir l'accessibilité pour ceux qui en ont besoin».
Le premier ministre Justin Trudeau a expliqué que l'expérience du Canada avec les réfugiés syriens en 2015 avait guidé le gouvernement dans son approche. La situation des réfugiés afghans, l'été dernier, a présenté de nouveaux défis, a-t-il dit, car les gens étaient piégés à l'intérieur du pays sous le régime des talibans et incapables de se rendre dans des pays tiers sûrs, comme le font des milliers d'Ukrainiens.
Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), un million de personnes ont fui l'Ukraine depuis une semaine pour sauver leur vie, ne sachant pas quand elles pourront rentrer chez elles en toute sécurité -- ou si elles pourront un jour le faire. Le HCR prévient que des millions d'autres personnes pourraient être déplacées si le conflit se poursuit, ce qui «pourrait devenir la plus grande crise de réfugiés du siècle en Europe».
Dans sa déclaration, le ministre Fraser a indiqué qu'un système de réinstallation typique est conçu pour répondre à des situations prolongées, où il est clair qu'il n'y a pas de solutions durables ou à long terme pour un retour en toute sécurité.
«Ce nouveau programme est conçu spécifiquement pour les ressortissants qui ne sont pas prêts à prendre des décisions à long terme concernant leur avenir», a-t-il précisé.
Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), un million de personnes ont fui l'Ukraine depuis une semaine pour sauver leur vie, ne sachant pas quand elles pourront rentrer chez elles en toute sécurité -- ou si elles pourront un jour le faire. Le HCR prévient que des millions d'autres personnes pourraient être déplacées si le conflit se poursuit, ce qui «pourrait devenir la plus grande crise de réfugiés du siècle en Europe».
La réinstallation permanente de ces personnes qui veulent venir au Canada serait compliquée et prendrait beaucoup de temps et de travail de la part des réfugiés eux-mêmes et du gouvernement que de leur offrir un «visa rapide». Leur offrir le statut de réfugié pourrait également avoir des conséquences pour les personnes qui espèrent un jour rentrer en Ukraine, a rappelé Mme Dench.
Cette solution du «visa rapide» est plus simple et plus flexible, elle offre aux gens la possibilité de travailler et d'étudier, et elle contourne certaines des préoccupations liées à la gestion d'un afflux important de nouveaux résidents permanents inattendus, a expliqué la directrice du Conseil canadien pour les réfugiés.
Dans le cadre du système accéléré, le gouvernement espère traiter les visas temporaires en quelques semaines, plutôt que dans le délai habituel d'un an. Ottawa espère que ce volet pourra recevoir des demandes d'ici deux semaines.
«Peut-être que le gouvernement a finalement compris qu'il n'était pas nécessaire de s'en tenir à son vieux principe de ne pas accorder de visas temporaires», pense Mme Dench.