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«Certains ont eu des complications et ont été isolés. Il faudrait peut-être refaire un peu notre campagne de prévention et dire que ce n'est pas si banale».
Le discours autour de la variole simienne devrait prendre un ton différent pour encourager la vaccination et sensibiliser aux symptômes sévères que cause la maladie, estime le président et fondateur de la clinique L'Actuel, le Dr Réjean Thomas.
Sur les 331 cas déclarés au Québec en date du 19 juillet, la clinique montréalaise a reçu jusqu'à maintenant une centaine de patients infectés par la variole simienne, a indiqué le Dr Thomas.
Il se dit «très étonné» du nombre de ses patients actifs sexuellement qui ne sont toujours pas vaccinés contre ce virus.
«On a beaucoup dit au début que la maladie était bénigne. Effectivement, ce n'est pas une maladie mortelle (le taux de mortalité est de 1 %). Mais les cas qu'on voit sont assez graves; de gros ulcères dans la bouche, sur la langue, le menton, les organes génitaux. Les gens sont très souffrants. Certains ont eu des complications et ont été isolés. Il faudrait peut-être refaire un peu notre campagne de prévention et dire que ce n'est pas si banal» sans être alarmiste, poursuit le médecin.
Une étude publiée ce mois-ci dans The New England Journal of Medicine brossant un large portrait des caractéristiques de l'épidémie de la variole simienne dans le monde, note divers degrés de symptômes.
Certains ont très peu ou pas du tout de symptômes, mais peuvent être une source de transmission du virus, tandis que d'autres en souffrent beaucoup avec des lésions pouvant limiter leurs activités quotidiennes, explique l'une des co-auteures de l'article, la Dre Marina Klein de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.
«On ne comprend pas pourquoi certaines personnes vont avoir une situation plus grave que d'autres. Est-ce que c'est l'exposition, est-ce leur système immunitaire? Il y a beaucoup de questions de recherche qui se posent en ce moment», mentionne la scientifique.
Le Dr Thomas et la Dre Klein croient que le déclenchement par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de son plus haut niveau d'alerte pour la variole simienne, samedi, est un message pour les gouvernements de prendre la maladie au sérieux et d'investir pour soutenir la recherche, la prévention ainsi que la vaccination.
Un traitement pour la maladie n'est pas encore disponible et des questions demeurent entourant l'administration d'une deuxième dose du vaccin, évoquent les deux experts.
Plus de 13 000 personnes ont été vaccinées contre la variole simienne au Québec en date de la semaine dernière. Un nombre insuffisant aux yeux du Dr Thomas.
Le vaccin est présentement offert à Montréal à tous les hommes ayant eu des relations sexuelles avec d'autres hommes ainsi qu'à ceux qui ont été exposés à la maladie.
La Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP) estime avoir atteint environ la moitié de son objectif de vaccination. Elle souhaite mieux promouvoir le vaccin contre la variole simienne auprès des personnes admissibles.
L'organisme RÉZO, qui a récemment obtenu une enveloppe de 150 000 $ du gouvernement fédéral, entend d'ailleurs accentuer ses efforts de sensibilisation pour rejoindre des clientèles différentes.
«On est en réflexion pour avoir d'autres stratégies. On va sûrement faire des publicités sur les applications mobiles de rencontres, faire des tournées dans les différents établissements peut-être un peu plus en amont et pendant les festivités de Fierté Montréal», détaille Alexandre Dumont Blais, le directeur général de l'organisme communautaire qui procure de l'information sur la santé aux hommes homosexuels et bisexuels.
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Le ministère de la Santé et des Services sociaux a mentionné lundi que l'épidémie est toujours considérée comme étant «contenue» au Québec.
À Montréal, on a observé un plateau du nombre de cas rapportés au cours des dernières semaines, mais la tendance pourrait revenir à la hausse, prévient la responsable médicale, urgence sanitaire et maladies infectieuses à la DRSP.
«On est craintif que l'augmentation rapide de cas dans d'autres pays, dont aux États-Unis, fasse en sorte qu'on puisse possiblement voir une hausse dans les prochaines semaines, comme nos communautés sont interreliées», affirme la Dre Geneviève Bergeron.
La vigilance sera de mise au cours des rassemblements de Fierté Montréal et de la 24e Conférence internationale sur le sida, alors que de nombreux touristes arriveront dans la métropole québécoise.
«On demande aux gens d'être prudents, de se faire vacciner, peut-être de diminuer les contacts sexuels aussi», conseille le Dr Thomas.