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La ministre de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, et une partenaire d'affaires en immobilier ont tenu une rencontre le 5 décembre 2022 afin d'échanger notamment sur le rôle des entreprises privées en matière d'hébergement des aînés.
La ministre de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, et une partenaire d'affaires en immobilier ont tenu une rencontre le 5 décembre 2022 afin d'échanger notamment sur le rôle des entreprises privées en matière d'hébergement des aînés.
L'information, d'abord rapportée par le média Pivot, a pu être confirmée par Noovo Info.
Voyez le reportage de Véronique Dubé sur ce sujet dans la vidéo.
Annie Lemieux, une amie de la ministre Duranceau, possède l’entreprise GROUPE LS4 INC. qui se spécialise dans l’immobilier.
Le cabinet de la ministre a confirmé que Mme Lemieux et France-Élaine Duranceau ont collaboré sur des projets immobiliers avant l’élection de Mme Duranceau en 2022.
C’est sous l’entreprise à numéro 9381-9795 Québec Inc, qui a Mmes Duranceau et Lemieux comme administratrices, que les deux partenaires ont fait l’achat d’un duplex à Montréal en 2019.
Toujours selon Pivot, des rénovations majeures ont été effectuées sur ce bâtiment de la rue Chateaubriand afin de créer des condominiums qui ont été majoritairement vendus en 2021 pour des sommes allant de 400 000 $ à 800 000$.
Notons que Mme Duranceau a aussi des intérêts dans l'entreprise NOMI Immobilier Inc., qu'elle co-possède avec GROUPE LS4 INC appartenant à Mme Lemieux. «Lors de son élection et sa nomination comme ministre, madame Duranceau a déclaré tout cela à la commissaire à l’éthique qui a donné son aval», a expliqué le cabinet de Mme Duranceau dans un échange de courriel.
Cette entreprise est toujours active uniquement en raison d'un «litige devant les tribunaux», indique également le cabinet.
Mme Lemieux a trois mandats actifs inscrits au Registre des lobbyistes du Québec, dont un qui lui permet d'effectuer du lobbyisme auprès de la ministre elle-même.
Ce mandat lui permet - de manière tout à fait légale - de communiquer avec la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation, Mme Duranceau, et également auprès de la ministre des Aînés et des Proches aidants, Sonia Bélanger.
L'objectif de ce mandat est d'apporter des «modifications au Code civil du Québec suite à des échanges sur les orientations gouvernementales en matière d'habitation et d'hébergement des aînés au Québec et le rôle des entreprises privées en la matière».
Les deux autres mandats d'Annie Lemieux concernent le développement immobilier et un permis de démolition.
La ministre Bélanger et Michel Clair, ex-ministre et président de la commission Clair sur le système de santé, étaient présents lors de la rencontre entre Annie Lemieux et la ministre Duranceau en décembre dernier. «Mme Lemieux était inscrite au registre des lobbyistes comme prescrit par la loi», a-t-on précisé du côté du cabinet.
C'est M. Clair qui aurait demandé de rencontrer la ministre Duranceau pour discuster des enjeux d’habitation des aînés. Noovo Info a pu confirmer qu'il n'y a eu aucune suite à cette réunion.
La ministre de l’Habitation a fait réagir cette semaine avec des déclarations dans la foulée du dépôt du projet de loi 31 affectant les cessions de bail. Mme Duranceau avait mentionné que les locataires souhaitant influencer le prix des loyers avec la cession de bail devraient investir en immobilier.
Les propos de la ministre ont fait réagir le responsable en matière d’habitation pour Québec solidaire (QS), Andrés Fontecilla, qui a mentionné sur les ondes de Noovo Info que la ministre «devrait se rappeler qu’elle n’est plus une promotrice immobilière, mais la ministre de l’Habitation pour tous les Québécois. Il existe des principes fondamentaux au Québec.»
QS a également profité du début de son conseil national vendredi soir pour critiquer vertement la ministre de l’Habitation.
«Ce qui me dérange là-dedans, c'est de tout le temps se rendre compte que nos politiciens sont proches de l'élite. Ils ne sont pas proches des enjeux que vivent les Québécois», a lancé l’ancienne députée solidaire et candidate au poste de porte-parole, Émilise Lessard-Therrien, juste avant le début du conseil national de son parti.
«Elle-même fait partie des spéculateurs immobiliers qui font en autres – c’est l’une des causes – qu'on vit dans une crise du logement. La crise, elle est horrible. Mon téléphone dans mon bureau de comté ne dérougit pas de gens qui se font évincer, de gens qui n'ont pas de logement», raconte la députée solidaire Ruba Ghazal, qui tente, elle aussi, de succéder à Manon Massé.
L’élue solidaire Christine Labrie – la dernière à être entrée dans la course pour devenir la deuxième porte-parole du parti – a, elle aussi, vigoureusement critiqué la ministre Duranceau.
«Je trouve que c'est dégoulinant de mépris envers les citoyens qui font ce qu’ils peuvent face à la crise du logement», a-t-elle affirmé lors de son entrée au conseil national.
Voyez le reportage de Simon Bourassa sur les réactions de l'opposition dans ce dossier:
Les élus issus du monde des affaires sont «susceptibles» à ce type d’enjeu, ce qui requiert une attention particulière, soutient l’expert en administration publique, Rémy Trudel, en entrevue avec Noovo Info.
«Sa crédibilité, sa capacité d’agir en tant que ministre de l’Habitation, et aussi de poursuivre dans une véritable politique d’habitation dans cette crise du logement [...] tout ça est atteint», a expliqué M. Trudel.
Si le projet de loi 31 est adopté, les propriétaires de logements pourront plus facilement refuser une demande de cession de bail de leurs locataires.
Un propriétaire dont le locataire veut céder son bail pourra tout simplement le résilier. Actuellement, un motif sérieux est nécessaire. La cession de bail est utilisée par certains locataires pour limiter les hausses de loyer.
Avec des informations de la Presse canadienne.