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Art et culture

Un espace numérique dédié à l'écoute de musique francophone voit le jour au Québec

MUSIQC n'est pas un nouveau Spotify ou YouTube Music à la sauce québécoise.

La Société professionnelle des auteurs, compositeurs du Québec et des artistes entrepreneurs lance le 12 févrirer 2025 un nouvel espace en ligne gratuit où, en quelques clics, le public a accès à une vaste sélection de contenus francophones. Cette photo du dimanche 28 janvier 2018 montre des applications de musique en ligne dans le sens des aiguilles d'une montre, en partant du haut à gauche, Apple, Spotify, Amazon, Pandora et Google sur un iPhone à New York. (AP Photo/Jenny Kane)
La Société professionnelle des auteurs, compositeurs du Québec et des artistes entrepreneurs lance le 12 févrirer 2025 un nouvel espace en ligne gratuit où, en quelques clics, le public a accès à une vaste sélection de contenus francophones. Cette photo du dimanche 28 janvier 2018 montre des applications de musique en ligne dans le sens des aiguilles d'une montre, en partant du haut à gauche, Apple, Spotify, Amazon, Pandora et Google sur un iPhone à New York. (AP Photo/Jenny Kane)
Frédéric Lacroix-Couture
Frédéric Lacroix-Couture / La Presse canadienne

Sur les plateformes d'écoute en continu, la musique québécoise peine «à se faire entendre dans un océan de contenus majoritairement anglophones», expose la Société professionnelle des auteurs, compositeurs du Québec et des artistes entrepreneurs (SPACQ-AE). Pour tenter de renverser cette tendance, l'association lance un nouvel espace en ligne gratuit où, en quelques clics, le public a accès à une vaste sélection de contenus francophones.  

MUSIQC n'est pas un nouveau Spotify ou YouTube Music à la sauce québécoise. L'espace numérique, dont le lancement officiel a lieu mercredi, repose en fait sur les contenus de ces grandes plateformes. Il cherche à agir comme une «paserelle» entre celles-ci, la musique francophone et les amateurs de musique. 

 

«La mission première de MUSIQC est la mise en valeur et la recommandation de la musique francophone sur les plateformes de musique en ligne pour qu'elle puisse enfin rejoindre son public», explique la directrice générale de la SPACQ-AE, Ariane Charbonneau, dans un communiqué. 

L'association rappelle les plus récents chiffres de l’Observatoire de la culture et des communications. Elle indique que, sur les 10 000 chansons les plus écoutées du Québec de 2023, 5 % de l’écoute était destinée à la musique francophone québécoise et seulement 2 % d'écoute était consacrée à des nouveautés de langue française de la province. 

Les algorithmes de ces services «favorisent tout ce qui est anglo-saxon, surtout américain», expose l'auteur-compositeur-interprète Corneille, porte-parole de MUSIQC, en entrevue avec La Presse Canadienne. 

«Le francophone, et surtout le francophone québécois, est loin, loin, loin, loin en bas de la liste», décrit-il. 

Tant l'artiste comptant déjà une grande notoriété que le créateur débutant sa carrière se voient désavantagés par rapport à d'autres artistes d'envergure internationale, avance Corneille. 

«Je vois la difficulté qu'on a parfois à imposer des artistes de la relève, de nouveaux artistes qui sont en développement pour leur permettre une belle visibilité sur ces plateformes-là, qui sont quand même le point d'entrée pour se construire une "fanbase"», dit celui qui est aussi producteur et cofondateur d'une maison de disques. 

Loin de «David contre Goliath»

Sur la page de MUSIQC, l'utilisateur a accès à une panoplie de listes d'écoute différentes, sans avoir à créer un compte. Une fois la liste choisie, il peut démarrer l'écoute et sera transféré sur la plateforme préalablement sélectionnée. Les services présentés sont Apple Music, Deezer, Qobuz et Amazon Music, en plus de Spotify et YouTube Music. 

Les listes ne sont pas générées par l’intelligence artificielle ou par des algorithmes. Elles sont plutôt conçues par des humains, dont des «programmateurs spécialisés» qui sont des journalistes, des artistes et des festivals, entre autres. Corneille propose, par exemple, une liste de près de 40 titres d'ambiance R&B.

Les utilisateurs peuvent également sélectionner les pièces musicales par genre ou par artiste.

Créer une plateforme de musique en continu avec seulement du contenu québécois qui ferait directement compétition aux grands joueurs est «un petit peu peine perdue» et un «manque de réalisme», évoque le chanteur. 

«Ce n'est même pas David contre Goliath. On est très, très, très désavantagé dans ce rapport de force quand on est un petit marché, comme le Québec», dit-il, rappelant que certains acteurs québécois de la scène culturelle et médiatique avaient déjà tenté le coup sans succès. 

«La solution qu'on a trouvée donc, c'est de faire une plateforme qui prend la main du consommateur québécois pour lui dire: ‘‘si tu es intéressé à écouter de la musique francophone québécoise, il y a un quartier général pour ça, qui s'appelle MUSIQC’’», poursuit Corneille. 

Selon lui, le lancement de MUSIQC survient dans un contexte favorable où les Québécois sont nombreux à vouloir favoriser l'achat local, ce qui pourrait faciliter l'adhésion à la plateforme.

Un travail d'éducation et de communication sera tout de même nécessaire pour créer une habitude auprès du public, précise-t-il. 

«Je pense que la plupart des consommateurs de musique québécois sont sensibles à cet enjeu-là, parce que ce n'est pas juste une question de consommation de musique, c'est une question de culture et de langue aussi. Je pense que ça, tous les Québécois francophones peuvent le comprendre», soutient Corneille.

MUSIQC inclut aussi de la musique d'artistes autochtones ainsi que de pays où le français est une langue officielle, comme la France, la Belgique, la Suisse et plusieurs pays africains.

Frédéric Lacroix-Couture
Frédéric Lacroix-Couture / La Presse canadienne